Chapitre 34 - Le buveur de démons
*Kara
Les mots de Thiméas la déroutèrent un instant, ce qui lui fut presque fatal lorsqu'elle s'exclama :
— Hein ? AH !!!
Kara esquiva in extremis une lame rouge qui fendit l'air. Elle fit une roulade arrière, se réceptionna… pour constater Thiméas, une faux guerrière dans la main, la dévisager avec le regard le plus froid après celui de son père.
— Vous m'en voyez navré, vraiment. J'aurais cru que vous m'amèneriez à la bête sans faire d'histoires, et je vous aurais tué ensuite… Mais bon, ça revient au même.
— Qu'est-ce… Vous n'êtes pas colporteur ! s'écria-t-elle en tirant son épée, avant de se traiter d'idiote.
— Belle analyse. Sincèrement. Mais pour le côté chasseur de têtes, je n'ai pas vraiment menti : je coupe les têtes pour mes employeurs, et le dernier en date qui a perdu la sienne n'a pas résisté plus de quinze secondes. J'espère que vous m'offrirez un challenge plus acceptable.
Il fit tournoyer sa faux avec dextérité, montrant à son adversaire que ce n'était pas qu'une arme d'apparat. C'était inutile : rien que le coup qui avait faillit décapiter Kara lui avait suffi à comprendre que ce type, ce n'était pas du menu fretin. Et son regard… tout en ce petit démon respirait le meurtre et la faim du sang. Normal pour un vampire, mais toujours flippant.
Thiméas n'attendit aucune forme de politesse et passa à l'attaque à la vitesse de l'éclair. Il fut si rapide que son image se brouilla un instant. Kara dut dévier sa faux de sa lame en catastrophe, dans une gerbe d'étincelles et un schting bruyant. Ses bras tremblèrent. Le coup était puissant, démontrant que le vampire s'était nourri il y a peu.
— Pas mal, commenta ce dernier.
Cette fois, il lança une attaque circulaire. Kara se baissa. Quelques mèches de cheveux furent emportées sous ses yeux. Elle se déplia pour lancer un estoc. Raté ; le vampire avait déjà disparu. Elle tourna la tête ; Thiméas abattit sa faux. Elle para de plein choc. Klang, douleur dans les bras. Kara recula de trois pas.
Déséquilibrée, elle ne put que se concentrer sur la défense, ne trouvant aucune ouverture dans les mouvements du vampire. Ce dernier jouait de sa faux comme s'il s'agissait d'une extension de son corps : la lame courbe rougeoyait dans l'air, éclair pourpre mortel qui punissait les étourderies. Heureusement, Kara n'en faisait aucune, mais ses muscles la trahiraient tôt ou tard.
Soudain, le vampire changea de tactique : toujours au bord de la brume, il s'y réfugiait pour mieux en jaillir par surprise. Et comme ses congénères, il s'y mêlait dans le silence d'une ombre et s'y détachait avec la célérité d'un Nlaaïss.
Kara activa son Déphasage, ou plutôt la version la plus basique de celui-ci. Son corps vibra, et elle vit l'aura de Thiméas dans la brume. Mais c'était épuisant, et il ne la laissait pas le temps d'attaquer. Alors elle mima son ennemi et modifia son approche : si lui se servait de la brume, elle se servirait des arbres. Sans prévenir, Kara courut s'enfoncer dans la forêt.
Les souvenirs du Tournoi revinrent. Elle sourit. Se cachant dans l'ombre d'un arbre, elle attendit. Certains vampires se changeaient en fumée, d'autres en ombres et parfois en animaux de « nuit ». Mais il était rare, voire presque inexistant qu'ils puissent posséder plus d'un don. C'était un pari sur le fait que Thiméas ne pouvait que se changer en brume.
— Peste, que tu es habile d'esprit ! (la voix de Thiméas traversa les arbres) Découvrir mon point faible en quelques échanges, et te créer ton propre terrain gagnant… Je suis comblé !
J'en ai découvert deux, de tes points faibles, pensa la mournienne. Car les vampires étaient rarement humbles – un effet secondaire de l'hyper-longévité – et une faiblesse pareille était indispensable à exploiter. Kara n'étant pas très douée en Runes ou en Glyphes, elle usa donc d'un Chant simple. Sa voix, mue par la magie, résonna derrière chaque tronc.
— Te voilà ! (Thiméas coupa net un chêne mou, avant de lâcher une exclamation d'étonnement) Maudite magicienne… Sors de ta cachette !
Il n'y avait aucun monde où elle comptait le faire, car le temps qu'elle avait gagné par ce Chant était précieux. Kara espérait néanmoins que le vampire ne puisse pas la sentir ni la voir, puisqu'elle ne connaissait aucun enchantement capable de dissimuler son odeur ou sa signature thermique. Et surtout, le gamin se régénérerait à la moindre blessure ; un combat en face à face serait fatal à la mournienne.
Peu désireuse de se faire écharper le dos lors d'une fuite soudaine, elle regarda son téléphone, ses mouvements couverts par les rires de Thiméas découpant à tout-va. Du réseau ! Il y en avait assez, mais un appel risquait d'attirer l'attention. Elle tapota avec difficulté sur le clavier ce message : « vampir. A laid. » et l'envoya, en priant le Grand Serpent de recevoir une réponse sans plus tarder. Soudain, Thiméas cessa sa frénésie pour ricaner
— Tu sais, ma petite Kara Ybris, tu n'étais pas ma cible de base. Je cherchais en fait l'un de nos associés… (Kara se décala un peu de sa cachette pour voir Thiméas de dos ; il tourna la tête presque au moment où elle se dissimulait de nouveau) Je te dis tout ça parce que je me sais être le meilleur chasseur de primes que la Terre ait porté. Beaucoup de rois et de reines, de seigneurs et de dames, de présidents m'ont engagé… Bon, je n'étais pas celui qui a tué Kennedy, mais pas loin. Sans me vanter, j'ai décapité plus de personnes qu'il y a d'habitants à Londres ! Mais ce contrat est différent : c'est une question de vie ou de mort… (il bougonna) Si je ne retrouves pas le maudit caillou que ce satané mournien a dérobé à mon commanditaire… couic !
La pierre d'origine ! Alors c'était pour ça qu'il était dans les marais ; il traquait Mikshot pour éviter qu'il ne divulgue l'information stockée. Il savait probablement où il se cachait, et Kara n'avait fait que retarder l'inévitable. Elle se sentait comme ces anciens Gardes Impériaux en mission « diplomatique », des assassinats déguisés dans les royaumes voisins de l'ancien Empire mournien. Et le pire dans tout ça, c'est qu'ils finissent toujours à la potence…
— Faisons un deal, Kara. Tu es une formidable guerrière et je n'aime pas tuer les guerriers ; ils ne font qu'obéir aux ordres. Alors faisons comme cela : tu te rends, et tu m'aides à tuer l'autre mournien. Vous aimez ça, non ? Vous mettre des couteaux dans le dos, c'est votre culture ? Navré si c'est stéréotypé ou offensant, mais la fréquentation récente de tes semblables m'a fait comprendre cette triste réalité.
Il n'a pas tort, pensa Kara. Mais vaut mieux le laisser blablater : il me fait gagner du temps !
— Une fois que tu m'auras aidé, car je sais que tu es une stratège et les stratèges aiment bien sauver leur peau – Kara se tendit sous l'insulte – je plaiderais en ta faveur auprès de mon patron. À quoi bon tuer ceux qui sont dans le secret alors qu'on peut les recruter d'abord ? Et les tuer ensuite s'ils refusent…, finit par marmonner le vampire.
Thiméas pensait que la pierre avait déjà été utilisée par Mikshot pour révéler l'identité du commanditaire ! Ce qui n'était pas étonnant, car la plupart des gens pensaient que l'information pouvait être partagée après cassure ; sauf que la pierre d'origine ne permettait pas à « l'informé » de divulguer le reste de l'information. Pour Thiméas, Mikshot avait brisé la pierre pour lui et révélé à tous l'identité secrète.
Ce genre de paroles, qui s'échappaient des bouches malavisées, c'était une arme que le vrai guerrier pouvait user à son avantage. Et la victoire sonna son triomphe par une simple et unique vibration : « je viens. attends moi »
Kara connaissait déjà la durée requise pour ouvrir un vortex : quelque soit son habileté, on ne pouvait pas dépasser les 4,75962664234 secondes. Elle attendit… ce temps précis, somme du nombre qui représentait la perfection et de celui qui symbolisait l'élégance de la vie. Enfin, il y eut une étincelle devant elle. L'air vibra, commença à se tordre… avant qu'une faux rouge sang fauche la torsion spatiale. Thiméas apparut dans le champ de vision de Kara, une moue désapprobatrice au visage :
— Ah là là… Je vous propose de vous garder en vie, et vous tentez de me moufler avec des renforts ? Bien. Je vais donc vous tuer.
* * *
*Eikorna
Malgré son lien momentanément coupé avec la Métamorphose, elle sentit le cri de douleur des arbres près des bancs de brume, de là d'où venait Lucans. Elle jeta un œil à ce dernier : il ne bougeait toujours pas, le regard vide. La malédiction retenait son âme dans un endroit de son subconscient, à la manière des orbasos.
Eikorna intima donc la Métamorphose d'agir sur le corps transformé, afin que Lucans retrouve sa véritable apparence. Dès qu'elle eut cette pensée, les lianes multicolores de la Vérité sortirent de la terre pour se planter dans la chair de Lucans, qui tressauta… avant de trembler de part en part. La douleur qu'il ressentait se changeait en vibrations au travers des lianes, et Eikorna bénissait la Vérité du Tranchecoeur de ne pas l'avoir choisi, car déjà elle sentait la pitié la déchirer de l'intérieur.
Puisant dans sa volonté d'aider tout le monde, elle détourna le regard et partit en direction des blessures des arbres, près de la brume, laissant Lucans aux mains expertes de la Métamorphose. Ovide saura lui donner le corps que son esprit désire retrouver, se consola-t-elle en bondissant par dessus les racines et les herbes hautes.
Même quand elle fut assez loin, elle entendit les hurlement de Lucans. Elle chercha quelques instants et trouva deux petits bourgeons malchanceux qui étaient tombés d'un arbre. Elle les fourra dans ses oreilles ; le silence l'accueillit par les battements de son propre cœur, qui étaient frénétiques. Elle se calma à l'aide de respirations, puis reprit son chemin.
Déterminée à retrouver le boisé sauvage et ravagé, elle suivit les effluves et phéromones des nombreux cousin(e)s ligneux jusqu'à la destination attendue : un skaldnjol, un des nombreux Marchenuits, réputé pour leur voracité abusive. Celui-ci semblait sur le point de… tuer une jeune fille ! L'âcre parfum de mort qu'il exhalait ne la laissait douter de son prochain acte.
Faisant fi des vœux de non-violence, Eikorna invoqua la Métamorphose pour devenir taureau. Mais pas le taureau petit et domestiqué ; une montagne de muscles qui chargea avec fureur le vampire, l'encornant si brutalement qu'elle sentit les os du meurtrier se broyer. Quand elle freina, il valdingua contre un arbre ou deux, avant de s'écraser plus loin.
Tout en retirant sa peau, Eikorna se précipita à la rescousse de la jeune fille – plutôt presque la jeune femme – qui la regardait avec cet air complètement déboussolé, que chaque personne prenait quand il voyait un animal massif se muer en frêle humaine.
— Tout va bien ? Tu n'as pas l'air blessée…, et elle l'aida à se relever.
Sa sauvée était mournienne, de part son visage parfaitement symétrique et ses traits plus anguleux que la moyenne humaine. La mournienne reprit contenance et Eikorna devina qu'elle avait affaire à une magicienne, ou une guerrière vu son épée. Sa posture droite laissait penser à une noble.
— Qui es-tu ? demanda la mournienne avec un air soupçonneux.
— Je suis la Métamorphe, mais mon nom est Eikorna.
À l'entente de son nom d'humaine, elle vit l'étonnement se peindre sur le visage parfait.
— Eikorna ? L'amie de Maty et de Yannis ?
— Tu connais Maty ? répondit la brunette métamorphe.
Le souvenir douloureux de sa mort était encore vif dans son cœur, et l'impuissance d'Eikorna face à cette tragédie l'avait poussé à chercher la Métamorphose. La mournienne opina du chef et ajouta :
— Yannis m'avait parlé de toi et d'elle. Ils vous considéraient comme les filles les plus intelligentes de sa classe.
— Alors il parlait de nous ? murmura Eikorna, sentant une pointe de colère.
— Dans tous les cas, continua Kara sans l'entendre, merci de m'avoir sauvé la vie. Avec ton… tour de magie ? (elle croisa ses bras, mal à l'aise) Désolé, j'ai encore du mal avec le fait que les humains soient doués en magie.
— Oh ! Ce n'était pas de la « magie » à proprement parler…
Il n'était pas convenable de parler de la Vérité à des êtres qui ne la possédaient guère. Kara dévisagea Eikorna avant de hausser des épaules, quand elle se tourna vivement, sortant son épée pour parer la faux mortellement silencieuse du vampire.
Lequel était bien amoché. Ces créatures s'abreuvaient de sang et de nuit pour garder leur corps à leur plein potentiel. Mais la régénération forcée et le soleil affaiblissait grandement ces derniers, muselant leurs pouvoirs. Eikorna crût que Kara aurait le dessus, mais elle fut repoussée en arrière. Le vampire jeta un regard à Eikorna, et sourit : ses dents étaient humaines. Un buveur de démons.
— J'ai crû que ma dernière heure était arrivée…
Le buveur sortit une petite fiole de sa besace, contenant du liquide bleu – du sang de monstre originaire du monde d'Edward – et la but. Il ferma les yeux et frémit, et Eikorna sentit le frisson putride qui parcourait son corps, effrayant jusqu'aux lombrics sous ses pieds. Quand ses yeux se rouvrirent, ils n'étaient plus rouge sang, mais entièrement noirs. Ses dents prenaient la forme d'aiguilles.
— Sais-tu combien, s'adressa-t-il à elle, de temps et d'argent j'ai dépensé pour me procurer une dose de vampire ? HEIN ?!
Eikorna se changea en pivert pour éviter la faux qui aurait pu lui trancher la tête. Le buveur de démons hurla de rage et balança sa faux pour tenter de sectionner le petit oiseau, mais en vain. Kara apparut sur le côté du buveur et le frappa à la taille. Son épée rebondit dans un clang et elle recula de trois pas, ébahie. Eikorna transforma sa gorge d'oiseau pour qu'une petite voix fluette en sorte :
— C'est un buveur de démons ! Le sang d'un Jàrsýr [1] !
Kara se tourna vers le pivert affolé, puis vers le buveur qui souriait ; la peau de ce dernier était grise comme l'acier, et brillante. Il sauta sur la mournienne et la frappa au visage. Kara fut projetée au sol, le souffle coupé.
— Je suis Thiméas, le chasseur de démons ! Craignez-moi !
— Oh, la ferme ! et Eikorna creva son œil noir de son bec pointu.
Le seul point faible des Jàrsèr. Le buveur hurla de douleur alors que le sang coulait à travers sa main, plaquée contre son visage. Le pivert en profita pour aller voir si Kara allait bien, reprenant sa forme humaine.
La mournienne suffoquait. Eikorna toucha sa poitrine et laissa la Métamorphose libérer l'air de ses poumons. Kara expira bruyamment, se redressant en tenant fermement son épée… qu'Eikorna rabaissa doucement. Elle secoua sa tête :
— Il faut partir.
— Mais il va massacrer ma sœur et ses amis si on le laisse ici !
— Pas dans l'état où il se trouve – Eikorna serra le poignet de Kara pour croiser son regard – Nous reviendrons le trouver. Mais maintenant, on ne peut pas l'achever.
Elle vit la mournienne lancer un regard vers le buveur de démons qui se trémoussait de douleur. Eikorna se fit plus insistante, et Kara finit par céder, laissant le buveur à son sort.
À l'endroit où se trouvait Lucans ne restait plus qu'une masse de fourrure et de sang. Eikorna frissonna à l'idée que la Métamorphose lui ai joué des tours. Elle pensa un instant à la convoquer pour lui demander ce qu'il était advenu de son ami maudit, mais le son d'une voix plaintive parvint à ses oreilles. Kara l'avait aussi entendu, car elle s'écria :
— Lucans !
Pour se précipiter ensuite vers la source de la voix. Eikorna la suivit, et elles tombèrent toutes deux sur une caricature d'humain, du moins en actes : nu, Lucans grattait le sol près d'un arbre avec un air dément. Il lâchait des petits cris semblables à des jappements. Ses doigts saignaient.
— Arrête-ça ! et Kara tenta de l'arrêter ; Lucans la repoussa et se réfugia derrière un rocher, apeuré. Elle s'enquit envers Eikorna : Qu'est-ce qui lui arrive ?
— La Métamorphose a changé son corps, mais son âme… Elle est toujours sous l'emprise du maléfice – Eikorna balbutia, frustrée – Je croyais… Je croyais que…
— Tu as utilisé ton pouvoir sur lui, et tu croyais ? (le visage de la mournienne fut figé par la rage) On ne joue pas avec la magie ! On ne « croit » pas quand on fait de la magie ! Tu aurais pu le tuer, ou pire !!!
— Je pensais l'aider !
— Tu es comme Laura, en fait, cracha Kara. Tu manies un pouvoir trop grand, en pensant qu'il n'y aura aucune conséquence.
Eikorna ignorait de qui elle parlait, mais la brune sentait que Kara ne portait pas cette Laura dans son cœur ; sa voix était si froide qu'elle aurait pu geler un désert. Eikorna pouvait à peine supporter le regard de la mournienne et ce visage parfait qui aurait pu être masque ; il ressemblait à une lance prête à l'abattre sur le champ.
* * *
*Kara
Elle se désintéressa de la métamorphe pour regarder Lucans ; il était maigre comme un clou, d'une vingtaine de kilos au moins. Son teint était cireux, ses yeux chassieux et la plupart de ses cheveux étaient tombés de sa tête. Son regard était presque éteint… Pourquoi l'avoir maudite, Ophilian ? se dit-elle en s'approchant doucement de son ami, qui se tendit avec un grongnement.
— Ne t'inquiète pas, tout va bien, lui assura-t-elle avec le sourire le plus franc dont elle pouvait faire preuve.
Soudain, elle eut une idée. Un peu dégradante, certes… elle rassembla des feuilles éparpillés sur le sol et se mit à Chanter. Sa voix mélodique fit frémir le tissu de l'air, qui toucha les feuilles. À mesure qu'elle chantait, les feuilles mortes se liquéfiaient pour former une boue noire, essentiellement du carbone. Kara modula son chant, appliquant un modèle kirrharmonique de transmutation de matière. Les feuilles mêlées au sang du loup devinrent une pièce de viande.
La taxation d'énergie la fit se plier en deux, les mains sur les cuisses. Elle respirait difficilement, de grosses gouttes de sueur dévalant de son front pour tomber à ses pieds. Kara eut un réflexe immédiat : elle regarda sa main. Pas d'écailles, constata-t-elle avec soulagement. Soudain, son téléphone vibra : il s'agissait de la SEA qui avait enfin répondu.
— Quelque chose de nouveau ? demanda Eikorna d'une petite voix.
— Les secours débarquent dans trois minutes. Je vais me reposer, rétorqua-t-elle en s'asseyant par terre.
Kara avait employé un ton très rêche au point de faire reculer Eikorna. La mournienne ressentait toujours de la colère envers cette humaine, même si cette dernière l'avait sauvé et tenté de faire de même avec Lucans. Car la magie n'était pas un outil d'émotion ni un jeu : c'était une science que l'on devait maîtriser, ou alors elle pouvait vous dévorer jusqu'à votre âme.
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[1 ]Créature atrabilaire et rhombibodécaèdre, se déplace via les champs magnétiques. Sa peau est solide, et son "sang" n'est qu'un liquide spinal qui permet à son cerveau de flotter ; plus le sang est proche de la peau, plus il est épais. Il communique à l'aide des modifications de charge sur sa peau, provoqués par l'inclinaison qu'il prend par rapport au sol.
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