Ecrit en écoutant notamment : Noisecontrollers - Pyramid [Hardstyle] https://www.youtube.com/watch?v=pFSGpYR4kRI

30 juillet 2018

Enfin ! Désormais c’est certain, je ne remettrai plus les pieds dans ma prépa ! Les résultats d’admission aux écoles d’ingénieurs sont tombés cet après-midi, et j’ai poussé un énorme « ouf » de soulagement, puis exécuté une petite danse de la victoire - personne n’avait intérêt à me surprendre à ce moment précis tant ça devait paraître ridicule vu de l’extérieur. Je suis admis dans l’école que je visais, laquelle se situe en banlieue parisienne. Ça va me changer de l’Ardèche, mais je suis convaincu que je vais largement m’y plaire.

En effet, après deux ans à trimer jour et nuit sans pouvoir aller en soirée autrement qu’une ou deux fois, grand maximum, pendant les vacances - et donc à culpabiliser, parce que pendant ce temps-là, les devoirs maisons n’avancent pas des masses -, je vais enfin pouvoir me lâcher ! Alors oui, la prépa est largement formatrice, mais il faut néanmoins être prêt à sacrifier deux ans de vie sociale et affective. Et pour moi, qui n’étais déjà de loin pas une star de la drague au lycée, ça ne s’est absolument pas arrangé…

J’ai passé les deux semaines qui séparaient la fin des examens d’admission et la publication des résultats à décortiquer page par page les livrets de présentation des différentes écoles, en espérant fiévreusement y être admis. Il faut dire que partout, au niveau de la vie associative, les rédacteurs des fiches de présentation excellent dans l’art de nous donner envie de les rejoindre ! Et donc, je ne veux pas officiellement le présenter sous cet angle, mais j’ai possiblement trouvé une excellente idée pour m’aider à me trouver quelqu’un, ne serait-ce que pour une relation à court terme : j’ai absolument envie d’intégrer l’association de sono de l’école pour apprendre à mixer, et donc, fatalement, attirer les regards sur moi en soirée. Vous allez sûrement me trouver assez prétentieux et sûr de moi, mais c’est franchement un des moyens les plus efficaces que j’ai pu imaginer jusque-là. Mon principal souci est d’avoir un mal fou à faire le premier pas, donc là, j’espère qu’on viendra me voir spontanément…

Vraiment, pour la première fois depuis très longtemps, ou peut-être même bien la première fois tout court, je suis presque impatient de retourner en cours ! Mais ça ne va pas m’empêcher de profiter de mon petit mois de vacances : je vais d’abord découvrir la Croatie avec ma famille au début du mois, puis deux semaines plus tard, je pars dans les Alpes avec des bons amis de Terminale, que je n’avais pas beaucoup eu l’occasion de revoir pendant la prépa. C’est sûr qu’on aura des choses à se raconter !

7 août

Cela fait trois jours que nous profitons de nos vacances sur l’île de Krk, à quelques kilomètres au large du nord de la côte croate. Aujourd’hui, alors que mes parents et ma sœur Élise ont prévu de se prélasser sur les plages de galets qui bordent l’île et de visiter le port principal, j’enfile mes baskets pour aller courir dans les montagnes de l’arrière-pays.

Il est seulement neuf heures et demie, mais la température dépasse déjà sûrement les vingt-cinq degrés et le soleil qui se réfléchit sur la pierre blanche omniprésente est fortement éblouissant. Ma progression devient rapidement pénible, mais ça ne me dérange pas plus que ça. J’ai toujours aimé courir, jamais en compétition, mais simplement pour le plaisir de l’effort, et me vider la tête. Lors de mes – rares – déceptions amoureuses du lycée, ça m’était arrivé d’aller courir dix kilomètres par jour du lundi au dimanche… et d’expérience, c’est plutôt efficace.

Je finis par rentrer après quinze kilomètres à monter et descendre sans arrêt sous un soleil de plomb, et profite d’un excellent repas dans une pizzeria au bord de la mer avec le reste de ma famille, avant une sieste bien méritée, puis de sortir le soir jusqu’à trois heures du matin dans un petit festival de plein air – qui m’a fait découvrir quelques artistes locaux pas si mauvais que ça. Enfin, en résumé, des vacances de rêve après tellement de mois à alterner entre maths, physique, chimie et langues toute la semaine.

21 août

Pff… ça aura été long, mais nous sommes enfin arrivés au sommet de cette fameuse crête ! Mes amis Théo, Aymen et Eléa et moi-même contemplons la vue splendide sur la vallée de Barcelonnette et la station de ski de Pra-Loup. Nous immortalisons cet instant en posant devant le panneau qui indique fièrement deux-mille-cinq-cents mètres d'altitude, puis décidons de redescendre rapidement, notamment à cause du vent cinglant qui nous gèle littéralement sur place.

Ce soir, étant largement éprouvés par notre randonnée de la journée, nous ne sortons pas, et passons ainsi la soirée à discuter de nos études, et à nous remémorer certaines anecdotes de notre année commune en Terminale.

Et bien sûr, Théo ne se lasse jamais de chambrer Aymen, qui devait être tellement éméché lors d’une soirée organisée chez Eléa, qu’il avait commencé à draguer un des nains de jardin qui trônait à côté du paillasson. Et l’intéressé d’enchaîner :

— Ah, et Émilien, tu te souviens, quand on avait surpris un couple de tapettes le soir, au détour d’un vieux couloir du quatrième étage du lycée ? C'étaient des petits secondes, non ?

— Haha, oui, c’était excellent ! réponds-je, en ayant du mal à contenir le rire qui s’empare de moi. Théo, Eléa, vous auriez dû voir à quel point ils étaient paniqués lorsqu’on leur a montré la photo d’eux en train de s’embrasser ! Ils ont commencé à nous supplier de garder le secret, et on a continué à les faire marcher pendant un quart d’heure. Puis on s’est barrés, on avait quand même autre chose à faire !

— Mouais, rétorque Eléa, ça, clairement, vous auriez pu vous en passer…

— Rhoo, quelle rabat-joie, réplique-je d’une voix forte, allez, pour ta peine, bois un coup supplémentaire !

Vous ne le savez pas encore, mais je vous le dis, moi, j’aime les filles, et officiellement, je suis hétéro, totalement hétéro.