Chapitre 10
Ecrit en écoutant notamment : Stream - World Of Confusion [Dance] https://www.youtube.com/watch?v=4GTnBCdktLE
La première sensation qui me saisit lorsque je me réveille le lendemain est un violent mal de tête. Puis le fait que je suis sûr de ne pas avoir rêvé… Un sentiment de rage aigu monte en moi au fur et à mesure que je réalise que Renan a profité de mon état pour assouvir ses pulsions. Je ne veux plus le voir ! Plus jamais ! Et le fait que c’était plutôt agréable sur le coup ne lui donnait pas pour autant le droit de continuer sans rien me demander !
Comme d’habitude, je ne vois qu’une solution. Aller courir, et cette fois-ci aussi longtemps que mes jambes me le permettent. Puis ensuite une bonne douche, et on n’en parle plus. Je me fiche clairement de mon cours de statistiques de ce matin, il y a un problème plus important à régler. Je prends une direction au hasard dans la forêt avec pour but de m’éloigner pendant une bonne heure. Ça fait du bien ! Je finis par faire demi-tour après déjà un bon moment, et essaye ensuite de plus ou moins suivre le chemin aller. Alors que je dois être à plus ou moins deux ou trois kilomètres de l’école, je sens ma cheville tourner et ressens une douleur fulgurante avant de m’écraser dans un mélange de ronces et de pierres. J’essaie de me relever pour m’extraire de celles-ci, mais ma cheville droite n’arrive plus à supporter mon poids et déclenche une douleur vive lorsque j’essaie de m’appuyer dessus. Merde !
Je m’assois alors pour réfléchir à une solution. Évidemment, je n’ai pas emmené mon téléphone, alors il faudra que j’attende que quelqu’un passe… Malheureusement, vu le type de chemin dans lequel je me suis engagé, et l’heure encore très matinale, il faudrait un bon coup de chance…
Au bout d’un quart d’heure, je finis par me dire que j’ai plutôt intérêt à essayer de me rapprocher quand même de l’école, avant que ma cheville refroidisse trop. Je progresse donc à cloche-pied, m’arrêtant tous les cinquante mètres, et grimaçant de douleur à chaque appui sur le sol. Lorsque j’arrive enfin sur les routes à proximité du campus après une heure de souffrance, avec ma cheville valide au final presque aussi endolorie que l’autre, j’attends de voir une voiture passer, et suis finalement transporté par un étudiant jusqu’au bâtiment où se trouve l’infirmerie de l’école.
Après avoir dû attendre une heure et demie avant de pouvoir voir l’infirmier, ce dernier me fait enfin entrer dans le local. Au bout d'un quart d’heure d’examens et de questions, il en arrive au diagnostic suivant :
— Alors t’as de la chance, même si la douleur est importante, il n’y aura pas besoin de faire de radio. Par contre, tu vas devoir utiliser des béquilles pendant trois jours, et mettre régulièrement de la glace. Et il faudra que tu repasses me voir lundi, pour voir comment l’état de ta cheville a évolué. Mais a priori, tu devrais pouvoir recourir doucement dans moins de deux semaines.
— Ah, ça va alors… c’est pas trop grave…
Nous complétons quelques papiers nécessaires, puis il m’autorise à partir :
— Par contre, jusqu’à demain au moins, repos maximal, tu restes chez toi !
Je suis son conseil, et rentre donc chez moi aidé des béquilles. Avec toute cette histoire, il est déjà presque midi, et je me fais donc cuire quelques pâtes. Je saisis mon téléphone, en râlant contre moi de ne pas l’avoir emmené tout à l’heure, et constate que j’ai reçu un certain nombre de messages de Laszlo, qui commençait apparemment à sérieusement s’inquiéter. Je le rassure alors rapidement en l’informant néanmoins de mon état.
Cinq minutes après que les cours sont finis, j’entends toquer à la porte :
— Ouais, trente secondes, crié-je pendant que je récupère les béquilles, avant d’aller ouvrir à Laszlo :
— Eh ben alors le grand blessé, comment tu t’es fait ça ?
— J’ai la cheville qui a tourné sur une vieille pierre dans un chemin de forêt, en courant ce matin…
— Euh ouais, ok, mais pourquoi t’es pas venu en cours au lieu d’aller te faire mal ? En plus, il faisait pelant de froid !
— J’avais besoin de bouger après la soirée d’hier.
Mon argument est malheureusement trop peu convaincant, puisqu’il me fait une moue désapprobatrice, et reprend :
— Mouais… t’as des idées bizarres hein…
Bon, après ce week-end, je n’en suis plus à une révélation près… Et puis je ne vois pas comment Laszlo pourrait mal prendre ça ; depuis qu’on s’est fâchés et réconciliés, on a encore plus pris conscience que notre amitié était vitale pour notre bien-être.
— J’avoue, j’ai un peu pété un plomb… mais tu me promets de ne pas te moquer de moi si je te raconte ?
— Bah non, évidemment. Je me suis moqué quand tu m’as dit que t’avais jamais baisé une fille, l’année dernière ?
— Non c’est vrai, t’as raison. Mais là, cette-fois ci, c’est carrément tordu. En fait, je suis parti ce matin parce que je me sentais super mal après un truc qui s’est passé cette nuit…
— Oulà, tu commences à me faire peur, ne me dis pas que t’as tué quelqu’un où que tu t’es fait violer ! lance-t-il pour essayer de détendre l’ambiance.
— Euh…
Alors que les images me reviennent, je commence à me sentir aussi mal qu’en me réveillant ce matin, ce que Laszlo commence à remarquer.
— C’est… avec Renan… un gars du Nightfader… j’avais pas mal bu hier soir, et je crois qu’on peut dire qu’il a profité de mon état pour… aller on va dire... me toucher de manière très insistante.
Il s’exclame alors avec fureur :
— Mais quel salaud ! T’as réussi à te dégager avant que ça dégénère j’espère, je vais aller le buter sinon !
— Non, non ça va, heureusement ce n’est pas allé trop loin, mais il était vraiment pris d’une excitation... bestiale, je ne l’aurais jamais cru capable de ça.
— Mais donc il t’a sauté dessus sans raison. Moi je te le dis, ça fait un moment que je méfie des gays, tu devrais faire pareil !
— Ah mais moi aussi, mais lui, il avait vraiment l’air normal et sympathique, t'avais bien vu mercredi midi ! T’as raison, je me suis laissé endormir, et bim, il me nique par derrière. Enfin, façon de parler, il ne m’a pas non plus complètement violé…
— Ne dis pas ça, c’est grave quand même !
— Oui, mais ne t’inquiète pas, je ne lui adresserai plus jamais la parole. Et je le menacerai de tout dire s’il essaye de reprendre contact.
— Bien parlé, mec ! conclut-il. On va passer un petit week-end bien sympa, ça va te remonter le moral !
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