Chapitre 12
Ecrit en écoutant notamment : Sefa - Walking In The Air [Frenchcore] https://www.youtube.com/watch?v=DmD5lTRYNQ4
Alors là… je suis fait comme un rat. Impossible de refuser si je veux prétendre à un poste important dans l’association. Outre le fait que ça ne m’enchante carrément pas de revoir l’autre, c’est surtout vis-à-vis de Laszlo qu’il va falloir la jouer vraiment très finement. S’il apprend que je traîne de nouveau avec… Renan, j’aurais beau lui expliquer que c’est absolument nécessaire dans mon intérêt, il risque de très mal le prendre.
Je réponds quand même à la question de Mila :
— Euh je ne sais pas, il ne m’a pas prévenu.
— Oh, j’espère qu’il ne lui est rien arrivé, parce qu’il avait quand même dit qu’il viendrait, le week-end passé…
— Ouais, je lui demanderai…
J’ai du mal à ne pas trop penser au fait que je serai bien forcé de collaborer avec Renan, et quitte donc la soirée sans prolongations autour de dix heures et demie, prétextant avoir un devoir à rendre sur internet avant minuit. Mila m’explique quand même rapidement qu’elle m’enverra un mail avec des informations détaillées sur la soirée en question, qui doit se tenir dans quelques semaines.
Je me lève d'excellente humeur le vendredi matin, car nous avions décidé il y a quelques jours avec Laszlo de rejoindre le centre-ville parisien pour nous faire une petite soirée cinéma/bar tous les deux, histoire de nous rattraper par rapport au week-end passé, lorsque je ne devais pas trop bouger à cause de ma blessure.
Nous nous retrouvons comme d’habitude à midi, n’ayant pas toujours exactement les mêmes cours ensemble. Cette fois-ci, par contre, il arrive tout guilleret, ce que je remarque immédiatement.
— Alors, qu’est-ce qui te fait sourire ?
— Rien… rien !
— Mouais… je sens qu’il y a quelque chose qui te met de bonne humeur ! On prend le RER à quelle heure ce soir pour aller à Paris ?
— On avait dit qu’on visait la séance de dix-neuf heures trente, donc je dirais…six heures et demie au plus tard !
— Ok ça marche !
Je vois bien qu’il trépigne d’impatience de me révéler quelque chose, et lui facilite donc la tâche :
— Bon, allez, vas-y maintenant !
Un large sourire se dessine sur son visage :
— Non, non, c’est rien de fou, c’est juste que je crois que j’ai un ticket avec une fille que j’ai déjà remarquée il y a plus de deux semaines sans avoir eu l’occasion de lui parler. Si tu la voyais, c’est la Royal Air Force à elle toute seule. Ça mitraille les yeux de plaisir !
— Ah ! Et comment s’appelle l’heureuse élue qui n’a pu résister au charme légendaire de mon meilleur ami ?
— Oh, tu me flattes, très cher ! C’est Mathilde… ouais, Mathilde… termine-t-il avec les yeux qui se perdent au loin.
— Eh ben, elle a l’air de te plaire. Tu me montreras son profil Facebook, hein ?
— Ouais, et du coup, j’ai juste un petit rencard après les cours de cet après-midi, mais je serai à l’heure pour aller à Paris, ne t’inquiète pas pour ça.
— Ok, bah je suis content pour toi, hein ! Tu m’expliqueras comment t’as fait cette fois-ci, ça m’intéresse toujours.
Nous nous reposons tranquillement sur quelques fauteuils installés près du restaurant universitaire, et nous souhaitons une bonne après-midi lorsqu’il faut retourner en cours. Je repense malgré tout pendant l’après-midi à l’évènement que je vais devoir organiser avec Renan, et me dis que j’essayerai de le contacter lundi pour se voir : vu comme je l'ai rembarré l’autre fois, ce n’est pas lui qui en prendra l’initiative…
En sortant de cours à cinq heures, j’ai une petite pensée pour mon ami, et je dois avouer que sa bonne humeur actuelle me remonte également le moral. Je range tranquillement mes affaires chez moi, mange un morceau et lance une playlist avant d’aller sous la douche. Je me décide enfin à en sortir une demi-heure plus tard, après avoir entre autre observé mes jambes et abdos bien affûtés, dont je suis assez fier. Il ne manque plus qu’un peu de travail pour parfaire les pectoraux, mais ça demande de l’investissement à la salle ! Je souris en me rappelant que mon souci est plutôt à chercher du côté de mon caractère que de mon physique, ce qui me rassure à moitié.
J’attends ensuite Laszlo comme prévu dans le petit salon commun de notre étage de la résidence, vautré en travers de NOTRE canapé, que j’ai dû redescendre avec difficulté depuis le 5ème étage, car ses occupants n’avaient pas trouvé meilleure occupation que de nous le piquer.
Six heures, bon, il n’a pas intérêt à trop traîner, parce qu’il faut quand même un moment pour aller jusqu’à notre station du RER B. Au pire, il y a toujours un autre film plus tard, mais ça nous laissera moins de temps par la suite, puisque le dernier train pour rentrer circule aux alentours de minuit. Dix minutes plus tard, je décide de l’appeler, sans succès. Déprimé, j’attends en vain jusqu’à six heures et demie, avant de recevoir un message :
« Mec je suis vraiment désolé, ça risque de ne pas le faire finalement pour ce soir… j’espère que tu ne m’en veux pas. »
Raah, il est quand même énervant parfois… il aurait peut-être pu se douter que son rencard allait durer un peu plus d’une heure, et donc la voir un autre jour… Je lui réponds immédiatement :
« On remet ça à demain soir alors ? »
Je dois de nouveau attendre une heure sa réponse :
« Euh, non, désolé, je prends le train à huit heures demain matin, je rentre chez moi pour l’anniversaire de ma mère, je te l’avais dit, non ? »
Ah oui, il a raison, j’avais oublié ce détail… J’essaie de me trouver un plan B pour la soirée en urgence ; ce serait déprimant de passer le vendredi soir tout seul. Ainsi, je recontacte des amis que je n’avais plus trop revus depuis la première semaine après la rentrée et rejoins donc deux potes dans un bar pas trop loin de l’école. J’aurais préféré être avec Laszlo, mais je passe finalement une soirée moins mauvaise qu’elle s’annonçait il y a quelques heures.
En rentrant peu après minuit, je m’arrête quelques secondes devant la porte de la chambre de mon ami, et distingue clairement quelques rires qui ne peuvent qu’être féminins… il n’était clairement pas près de me rejoindre. Même si je me répète qu’il a bien le droit de s’amuser, je ne peux m’empêcher de me coucher avec un sentiment de frustration, agrémenté d’une pointe de jalousie à son égard.
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