Chapitre 20

5 minutes de lecture

Écrit en écoutant notamment : Beam x Cyrus - All Over The World [HardTrance]

Point de vue Émilien


Je me lève déterminé pour ma semaine de partiels. Enfin, semaine, c’est un grand mot, puisque j’ai seulement un examen par jour jusqu’à jeudi. Aujourd’hui, c’est mécanique des fluides de neuf heures à midi.

Après m’être arraché les cheveux pendant presque trois heures sur des problèmes insolubles concernant les différents régimes d’écoulement d’une rivière, je sors résigné quelques minutes avant la fin de l’épreuve. Ce n’est pas brillant, mais je devrais normalement pouvoir éviter le rattrapage.

Désormais, comme à notre habitude, nous nous retrouvons au restaurant universitaire avec nos amis du Nightfader. Nous ne pouvons bien sûr pas nous empêcher de débriefer nos épreuves respectives : Renan semble pour sa part largement satisfait de son travail pour son épreuve de thermodynamique, tandis que je me plains avec Lucas, le responsable communication du Nightfader, et qui passait la même matière que moi, de la difficulté de notre sujet.

Après une sieste bien méritée en début d’après-midi, Renan et moi nous rejoignons dans un coin tranquille de nos bâtiments de cours pour réviser l’examen de maths qui aura le lieu le lendemain. S’il y a une matière qui m’énerve, c’est bien celle-là ! Moi qui pensais qu’après deux ans de prépa on allait enfin être libérés de cette torture… on se retrouve à nouveau face à des considérations ultra théoriques, qui n’auront absolument aucune utilité dans notre métier. Je fais défiler les documents de cours en interrogeant mon amoureux sur les formules importantes, puis nous inversons les rôles pour les chapitres suivants.

Il interrompt soudain notre travail et me dit :

— Merde, j’avais complètement oublié de te dire que je ne pourrai pas être là jeudi soir…

— Ah bon, tu dois faire quoi ?

— Rien de particulier, j’ai juste de la famille qui vient à Paris.

— Sympa ! Mais du coup, notre soirée un peu… spéciale… on fait comment ?

— Je sais pas trop… en fait par principe j’aimerais attendre que les partiels soient finis, je serai plus détendu…

— Ah oui, moi pareil de toute façon… Par contre, j’ai pris un train pour rentrer chez moi tôt vendredi matin, et je suis pas sûr de pouvoir en trouver un autre un peu plus tard, terminé-je avec une pointe de déception dans la voix.

Il l’a sûrement perçue, semble réfléchir quelques secondes en levant les yeux, puis annonce :

— Mais peut-être qu’on peut se voir pendant la semaine de vacances. Pourquoi pas chez toi, il doit encore faire beau en Ardèche fin octobre, non ?

— Pourquoi pas, il y a pas mal de trucs sympas à faire dans la région ! réponds-je, instantanément revigoré. Essaie de trouver un train, moi j’en parle à mes parents dès ce soir.

Nous nous remettons au travail pour une dernière heure, et une idée supplémentaire me traverse alors l’esprit. Si déjà Renan vient me voir moi et ma famille pendant les vacances de la semaine prochaine, je pourrais rencontrer la sienne jeudi, histoire de faire connaissance !

— Tant qu’on y est, je pourrais venir avec toi jeudi soir, non ?

Il me regarde avec un air étonnamment crispé, mais se reprend vite :

— Euh ouais, enfin…

— Il y a un problème ?

— Bah… c’est vraiment pas contre toi, dit-il en m’embrassant furtivement, mais je n’ai pas trop envie que tu les voies…

— Ah mais on n’est pas du tout obligés d’y aller en mode couple, tu ne dois pas t'inquiéter pour ça !

— Mmmh, je te redirai…

Assez surprenant sur ce coup-là, mon Renan… Mais s’il n’a vraiment pas envie, mieux vaut ne pas insister. D'autant plus qu’il semble vraiment désolé de la situation…

Tant pis, j’essayerai de profiter de la soirée pour discuter un peu avec Laszlo, je crois que ça nous fera le plus grand bien... Et ça sera bien évidemment beaucoup plus facile si Renan ne traîne pas dans les parages ! Ce dernier semble d’ailleurs tout à fait rassuré que je lui annonce qu’il n’a finalement pas besoin de se prendre la tête pour ce fameux soir.

Je me rappelle pourtant soudain qu’il m’avait assuré il y a un moment que ses parents n’avaient aucun problème avec son homosexualité, ce qui rend son explication précédente plutôt étrange, mais je n’insiste pas de peur de paraître trop lourd.


Point de vue Renan


Jeudi, dix-sept heures, c’est enfin terminé ! Avant de partir vers le centre de Paris avec Calixte, je vais quand même voir mon cher Émilien avant. Ses parents sont naturellement d’accord pour que je vienne chez lui un moment pendant les vacances ; ce sont donc quelques jours très sympathiques qui se profilent ! Mis à part le fait qu’il faudra peut-être éviter de faire l’amour comme des bêtes chez lui, avec sa sœur et ses parents qui ne seront pas loin. On pourra toujours essayer de se trouver un coin tranquille, quelque part dans sa garrigue ardéchoise, mais ça sera certainement beaucoup moins agréable que dans un pieu en bonne et due forme.

J’ai prévenu Calixte qu’il était plus opportun que nous nous retrouvions directement à l’arrêt de RER, voulant éviter de recroiser Émilien par hasard en compagnie de mon ami en sortant du campus.

Nous arrivons à Paris à neuf heures et demie, ce qui nous laisse encore largement le temps de nous balader un peu avant que la soirée démarre. Je me surprends à penser que finalement, ce Calixte est vraiment de très bonne compagnie, sans essayer pour autant de me draguer de quelque manière que ce soit. Ou bien ça fait partie d’un plan de drague plus subtil que ce que j’imagine.

Nous nous dirigeons enfin vers le club à onze heures moins le quart. Calixte semble connaître les lieux aussi bien que sa poche, et remplit donc efficacement son rôle de guide. J’en ai bien besoin, car seul, j’aurais certainement été largement intimidé. La salle principale est encore très parsemée, et la musique à un niveau relativement acceptable, ce qui me permet de trouver mes repères plus facilement.


Par contre, force est de constater que mon ami avait totalement raison. Il n’y a pas à chercher bien longtemps pour trouver un jeune mec de vingt ou vingt-cinq ans à son goût. Je m’arrête cependant de trop fantasmer en me rappelant que ce n’est pas parce que le lieu s’affiche comme étant ouvertement gay-friendly que tous les mecs qui y viennent sont homos ! Ce qui n’empêche heureusement pas de se faire plaisir en observant...

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