Chapitre 26
Ecrit en écoutant notamment : Bruce Springsteen - Radio Nowhere [Rock]
Pour cette après-midi, nous terminons le travail par une masturbation mutuelle des plus classiques. Même si nos ébats n’ont pas duré très longtemps, cela suffit bien sûr à justifier de repasser par la case douche, de manière un peu plus sage que tout à l'heure.
D’ailleurs, mon père ne devrait pas rentrer dans très longtemps ; il est spécialement parti travailler plus tôt ce matin pour se garder de la marge en fin d’après-midi, afin d’arriver jusqu’à Lyon sans stress, au moins une bonne heure et demie avant le match.
Une fois propres, nous descendons au salon manger un morceau, ayant sauté le repas de midi à cause de notre randonnée. Mon père est finalement de retour un peu avant cinq heures, et pendant qu’il troque son costume pour une tenue plus adéquate en vue du match, je glisse doucement à Renan :
— Je suis vraiment désolé si j’ai eu l’air un peu craintif et pas très entreprenant tout à l’heure. Je crois que ça me stresse un peu de savoir que t’es largement plus expérimenté que moi, en fait…
— Non, mais il faut du temps pour se sentir à l’aise… Pour moi, ça a quand même été plus rapide ! Mais aujourd’hui, c’est moi qui ai merdé, je ne suis pas infaillible non plus, tu sais.
— Ah ouais, t’as raison… je devrais moins me prendre la tête…
— C’est sûr ! Mais ce n’est pas ça qui te rend moins mignon, ne t’en fais pas ! Et même si ça a été assez compliqué, t’es un vrai mec maintenant ! termine-t-il en passant sa main dans mes cheveux.
Je souris plus franchement, car c’est toujours agréable de recevoir ce genre de compliment. Et ce même si je ne doute pas un seul instant qu’il m’aime très sincèrement.
Nous quittons la maison vers cinq heures et demie, après avoir déniché deux vieilles écharpes à l’effigie de l’Olympique Lyonnais à la cave, qui nous permettront de bien nous fondre dans l’ambiance, même si à la base nous ne soutenons pas spécialement Lyon. Mon père nous demande comment s’est passée notre journée, et je prends grand soin d’insister longuement sur la randonnée, donnant nombre de détails d’ailleurs assez inintéressants pour le décourager de continuer à poser trop de questions. Mon plan échoue, puisqu’il finit par me couper :
— Bon ça, c’est quand même un peu une activité de vieux, vous n'avez rien fait qui soit plus… de votre âge ?
— Euh… t’es un peu gênant là !
Renan, qui pour une fois aurait pu la fermer, se sent obligé de préciser :
— Un minimum, je vous rassure, mais il est peut-être un peu trop stressé, votre fils ; pourtant vous m’avez l’air d’être tout le contraire, c’est étonnant.
— Ah, mais il a toujours été comme ça, pas vrai mon petit Milou ?
— Oh non, mais tout sauf ça ! Pas ce diminutif complètement stupide, merde… On n’est pas dans un album de Tintin…
Renan se gausse et m’assène une claque sur la cuisse avant de faire un check en deux temps à mon père. Personnellement, je ne trouve pas ça très drôle, et devant ma mine soudainement renfrognée, il me rassure gentiment :
— Oh non, mais faut pas te vexer, je t’aime bien ! Je te promets que je ne t’appellerai pas comme ça !
Niveau trafic, le trajet se passe mieux que prévu, car nous arrivons miraculeusement à éviter le gros des ralentissements aux abords de la ville. Nous avons ainsi le temps de passer dans un bar avant le match, et n’hésitons pas à échanger nos impressions concernant la rencontre à venir avec les locaux.
Nous rejoignons ensuite nos places une bonne heure avant le coup d’envoi pour profiter de l’ambiance qui monte progressivement, et observer l’échauffement des joueurs, qui alternent entre courtes accélérations et quelques exercices balle au pied.
Le coup de sifflet est donné à vingt et une heures précise, et seulement quatre minutes plus tard, à la suite d’un corner, Léo Dubois distille un centre rentrant au niveau des six mètres, qui est magnifiquement repris par Andersen. Le gardien de Benfica ne peut rien faire contre cette tête smashée avec puissance sous la barre. Lyon: 1, Benfica Lisbonne: 0, c’est déjà le feu dans le stade !
Les lyonnais continuent à mettre la pression dans les minutes qui suivent, et vers la trente-cinquième minute, après une courte période de relâchement, Aouar déborde sur le côté gauche sur plusieurs dizaines de mètres, avant de centrer dans la course de Depay, qui n’a plus qu’à terminer plat du pied, 2-0. La folie dans le stade est contagieuse, et nous ne regrettons certainement pas le déplacement pour ce match crucial en vue de la qualification pour les huitièmes de finale de la compétition. Bien que nous ne les connaissions pas, nous tentons de comprendre puis de scander les chants lyonnais avec plus ou moins de succès.
Après deux occasions franches pour le Benfica dans le temps additionnel de la première mi-temps, le public semble soulagé lorsque l’arbitre siffle la mi-temps. Pendant le quart d'heure de pause, nous échangeons tous les trois notre analyse tactique des quarante-cinq premières minutes, mais sommes assez d’accord pour conclure que l’OL réalise pour l’instant un match de grande qualité.
La deuxième mi-temps commence par une franche domination du Benfica, et la tension monte d’un cran lorsqu’Anthony Lopes doit réaliser un arrêt pas très évident sur une frappe puissante d’un attaquant lisboète. La sanction finit tout de même par tomber à un quart d’heure du terme du temps réglementaire. Alors que l’attaquant du Benfica avait été d’abord désigné en position de hors-jeu sur une longue passe dans le dos de la défense lyonnaise, l’assistance vidéo valide finalement le but, 2-1. L’appréhension d’une égalisation est désormais bien palpable dans les tribunes, tandis que sur le terrain, les joueurs lyonnais tentent de casser le rythme et de gagner de précieuses secondes. Finalement, à la quatre-vingt-neuvième minute, Traoré semble récupérer un ballon plutôt inoffensif dans l’angle de la surface de réparation du Benfica, mais il parvient à bien se décaler sur son pied gauche avant de décocher une frappe à ras de terre dans le petit filet opposé. 3-1, la victoire est quasiment acquise !
Celle-ci est confirmée quelques minutes plus tard dans une clameur retentissante, et nous restons quelques minutes supplémentaires pour observer la célébration des joueurs lyonnais devant leur kop.
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