Chapitre 38
Ecrit en écoutant notamment : Lamat x FFT - Genetic Evolution [Trance Psychédélique]
Après plusieurs jours de débauche, je redécouvre enfin ce vendredi après-midi l’ambiance pesante et interminable des cours magistraux. Le choc est rude, et malgré le fait que je sois avec deux collègues tout à fait sympathiques de mon cours de finance, je me montre relativement taciturne à leur égard, jusqu’à ce que nous soyons libérés à dix-sept heures. La seule bonne chose que j’ai réalisée a été d’envoyer un long message à Mila afin de lui expliquer de manière détaillée mon souci.
Alors que je marche vers ma résidence sous une fraîche averse de novembre, la capuche de mon pull me couvrant le front, je suis interpelé par une voix familière qui me fait relever la tête instantanément. Mila et moi allons nous abriter sous un arrêt de bus qui longe la route, et une fois au sec, elle me dit :
— Désolé je n’ai pas eu trop le temps de te répondre cet après-midi, mais là ça tombe bien, ça sera plus facile de discuter !
— Ouais c’est sûr, ce n’est pas évident comme truc…
— Je pense plutôt avoir bien compris la situation, et j’adorerais pouvoir t’aider, mais ça ne va pas être facile, tu sais bien que c’est assez houleux entre nous depuis une semaine…
— Tu peux peut-être en profiter pour que vous vous rapprochiez de nouveau ?
— Mouais, enfin, vu ce qu’il t’a fait, bizarrement, ça me donne tout de suite moins envie de traîner avec lui. C’est dommage, parce qu’à part ça, il est plutôt beau gosse et bien baraqué. Et puis les origines slaves, ça donne un air plutôt charismatique…
— Ouais évidemment, je comprends bien… Après, tu n’es pas obligée de te remettre avec lui; avec Renan, on se disait simplement que tu étais peut-être la personne qui pourrait le raisonner au mieux.
— Bon… je vais faire mon possible, mais je ne te garantis aucun résultat…
Nous reprenons notre chemin une fois que les gouttes tantôt épaisses qui nous tombaient dessus se sont bien affinées, laissant entrevoir quelques rayons de soleil sporadiques qui illuminent le bitume sombre.
Alors que je m’arrête au coin de ma résidence avant que nous nous séparions, je lui demande :
— En fait, t’habites dans quel bloc, toi ?
— Ah, moi, je suis un peu plus loin. En fait, je me suis faite blacklister des résidences sociales à cause des soirées qu’on organisait un peu trop souvent, et qui ont assez mal fini certaines fois. Là où je suis, maintenant, c’est un peu plus cher, mais finalement, c’est beaucoup mieux, il y a plein d’aménagements sympas.
Son regard se met subitement à briller, avant qu’elle ne se retienne de rire.
— Il y a au moins une chose que je peux faire pour toi, et je pense que ça ne te déplaira pas !
— Ah bon ? répliqué-je en tentant de comprendre d’où lui est venue sa mystérieuse inspiration.
Elle sort de son portefeuille une petite carte magnétique, et ouvre un navigateur sur son portable.
— Tiens, c’est la clé pour le sauna de ma résidence. Si ça vous tente, toi et Renan, je peux vous prendre un créneau vingt heures - vingt-deux heures. Il y aura juste à présenter la carte et taper le code de confirmation que j’aurai sur mon téléphone dans un instant.
— Ah… ouais, ça peut être plutôt cool !
— Surtout que le vendredi soir à cette heure-là, vous serez très probablement seuls.
Un sourire passe rapidement sur son visage, avant qu’il ne se transmette à moi.
— Vous me rendrez juste la carte lundi, hein ! dit-elle alors que je saisis celle-ci avec un entrain qui me fait rougir après-coup. Là, je vais bientôt partir pour voir de la famille en Belgique.
— Eh bah, franchement, merci beaucoup, meuf ! Je ne sais pas comment je te revaudrai ça, mais sois sûre que je vais chercher ! Et profite bien de ton week-end alors !
Elle continue alors son chemin après m’avoir tendrement embrassé sur la joue, avec une douceur et une intimité qui me prouvent bien qu’elle tient beaucoup à moi, très sûrement parce que, comme je le sais depuis un moment, je lui plais tout de même pas mal.
Je m’empresse de prévenir mon amoureux, en profitant encore quelques minutes de la fraîcheur exérieure, alors que le soleil désormais éblouissant confère un aspect particulièrement menaçant aux nouveaux nuages noirs épais qui s’amoncellent à l’horizon.
Je reçois rapidement une réponse de mon petit ami, qui me propose de d’abord passer à la salle de musculation, afin de profiter ensuite pleinement des effets récupérateurs d’un sauna. Mis à part le fait que cela ne semble pas physiquement très évident qu’il pratique ce sport, je trouve que c’est une excellente idée.
Nous nous rejoignons alors en tenue de sport à la salle peu avant dix-neuf heures. Et… si le sauna pouvait être aussi vide que la salle de sport, ça ne serait pas de refus... Seuls un mec et une fille, en plus du coach de la salle, sont occupés à travailler leur corps. C’est sûr que le vendredi soir est plus généralement synonyme de soirées ou de retour chez soi, ce qui peut expliquer qu’il y ait si peu d’affluence. Mais bon, nous deux, nous avons eu notre dose de soirées pour un moment ! Un moment plus intime et romantique ne nous fera aucun mal, bien au contraire !
Nous débutons notre séance avec des enchaînements pompes/abdos pour nous mettre en condition avant de passer sur les machines. À la fin de cet échauffement, les deux autres sportifs présents quittent la salle, et le coach nous propose alors quelques exercices personnalisés en fonction des sports qu’on pratique, en veillant bien à ce qu’on effectue des mouvements parfaits. Étant plutôt coureur à pied de fond, il me fait insister sur les mollets, les abdos et les muscles lombaires, tandis que Renan, qui fait du badminton, travaille plutôt sur des exercices d’explosivité et de proprioception. Le responsable de la salle nous propose également de travailler en passant nos morceaux préférés, et Renan ne se prive donc pas de lui passer la playlist ‘hard’ sur son smartphone. Il faut bien dire qu’il n’y a rien de plus motivant pour enchaîner les séries sans faiblir !
Nous ressortons une bonne heure plus tard bien plus rincés que si nous avions nous-même organisé notre séance, mais remercions néanmoins chaleureusement le coach, qui nous a bien guidés et encouragés.
— Bon, on prendra directement notre douche au sauna, hein ? demandé-je.
— Ouais, évidemment !
Après quelques minutes de marche, nous arrivons devant la résidence de Mila, et je tape le digicode qu’elle a aussi pensé à me fournir tout à l'heure. Renan, qui semble-t-il, en a déjà assez d’attendre, plaque déjà ses lèvres au goût salé de transpiration sur les miennes. C’est bizarrement… très agréable, et les sensations de son baiser prennent une dimension presque extatique en se combinant à la dopamine relâchée après l’effort physique. Se sentir défaillir autant physiquement qu’affectivement est un sentiment tellement intense ! Je me serre alors d’autant plus contre son t-shirt trempé, tandis que lui passe ses doigts dans mes cheveux encore ruisselants… J’ai tellement bien fait de me dépasser afin de l’avoir pour moi…
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