Chapitre 4, partie 2 :

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Will Marx :

— Suce-moi...

Je clos les paupières, surpris par sa façon franche de me dire ce qu'il désire. Je sens ses doigts caresser ma joue, puis mes lèvres. Il appuie dessus, m'invite à ouvrir la bouche pour y glisser son index et son majeur. Lorsque je le regarde à nouveau, je remarque que son visage a pris une teinte légèrement rosée. Sa langue lèche sa lèvre inférieure alors qu'il appuie son majeur contre la mienne. J'attrape délicatement sa main alors qu'il fait aller et venir ses doigts qui ont le goût de désinfectant. Il me regarde entre ses cils, la bouche ouverte et la respiration presque inexistante. C'est sacrément érotique comme vision, il est plus excitant que jamais lorsqu'il se montre entreprenant et sûr de lui. Il gémit doucement, réveille en moi tout le désir et la frustration de ces dernières semaines sans lui.

— Marx, soupire-t-il, je sais que tu en as envie toi aussi.

Je retire sa main, ses doigts dégoulinent de bave alors qu'il les frotte sur ses lèvres.

Bon sang, je crois qu'il souhaite ma mort.

— J'ai envie de toi, c'est certain. Mais je ne ferais rien si tu me quittes après qu'on se soit donner le plaisir qu'on attend.

Il me sourit tristement. Je pensais que mes paroles allaient l'énerver, ce n'est visiblement pas le cas. Il se penche, pose sa main sur ma nuque pour approcher mon visage vers le sien.

— C'est inévitable, Soleil, toi et moi on n'est pas fait pour être ensemble.

Je n'aime pas quand il me dit de tels propos, ça me donne envie d'hurler, de lui crier qu'il se taise et que jamais il ne répète des idioties pareilles.

— Tu te trompes, l'ombre et la lumière sont faites pour s'assembler.

— Will, arrête ça..., murmure-t-il douloureusement. Pourquoi tu ne nous laisses pas profiter de l'instant présent ?

— Je ne veux pas prendre du plaisir avec toi si c'est la seule chose que tu puisses m'offrir. J'ai réellement envie de toi, terriblement, mais je ne veux pas être un exutoire. C'est ton cœur que je désire.

Il dépose un baiser sur mes lèvres, puis un autre, et encore un, jusqu'à ce que je comprenne qu'il agit ainsi uniquement pour cacher ses larmes. Je le laisse silencieusement faire. C'est douloureux de se sentir impuissant, j'ai l'impression d'avoir un poids qui pèse sur mes épaules, si lourd qu'il pourrait m'écraser à n'importe quel moment.

— Oh, Will, bien sûr qu'il est à toi, murmure-t-il contre ma bouche. Il était déjà à toi quand nous étions perdus au milieu de nulle part, nos corps l'étaient mais mon cœur savait déjà parfaitement où se trouvait sa place, où elle le sera toujours.

Je respire enfin, comme gorgé d'un espoir nouveau même si je ne suis pas certain de pouvoir me reposer dessus bien longtemps.

— Je veux être avec toi, continue-t-il, je veux pouvoir profiter de ce soulagement quand tu es là, de ce bien-être qui m'inonde juste en te regardant, de ce bonheur quand tu me touches. Mais tu dois me promettre de ne pas m'approcher quand je suis en crise, tu dois garder tes distances et te mettre en sécurité.

Il ne peut pas me demander ça... Je ne peux pas le laisser se débrouiller seul quand il ne sait même plus qui il est. Je ne veux pas le laisser s'engouffrer et attendre patiemment qu'il refait surface sans même savoir s'il se met en danger.

— Ne fais pas ça, soufflé-je, je peux prendre soin de toi, j'en suis capable.

— Tu le fais déjà, tu fais en sorte que je ne me perdes pas quand tu es là, c'est tout ce qui compte.

— Angelo...

— Promets-le-moi, Will, je ne te demande que ça. Fais passer ta sécurité avant la mienne, c'est la seule condition que je pose pour qu'on puisse être ensemble. Fais-le pour nous deux.

Ses pouces récoltent les larmes qui perlent sous mes yeux. J'aurais aimé qu'on m'informe que l'amour peut être si douloureux. Je ne m'attendais pas à tant de peine et d'impuissance face à la personne qui fait battre mon cœur.

J'aimerais être capable de le soigner, lui enlever tous ses maux, apaiser son esprit en peine pour qu'il puisse aller bien ; lorsqu'il va mal, sa souffrance devient la mienne. C'est ainsi quand deux cœurs sont liés, que deux âmes sont connectées. Si l'un de nous souffre alors l'autre le ressent. Nous sommes cassés, mais ensemble on parvient à se réparer. Angelo est ma pièce manquante.

— Je te le promets, dis-je à contrecœur.

Ses yeux s'illuminent enfin, perdent la triste empreinte qui y régnait. Il paraît satisfait alors que moi je suis déchiré. J'ai le cœur en lambeaux mais s'il n'y a qu'ainsi que je peux l'atteindre, j'accepte ses souhaits. Je peux tout accepter juste pour pouvoir être avec lui.

— Merci, murmure-t-il en glissant sur le sol pour me rejoindre.

Il enroule ses bras abîmés autour de mon cou et se colle contre moi en souriant. Je l'enserre, plaque davantage son corps au mien et l'embrasse enfin. Ses gestes sont empressés, il fait passer ses mains partout sur moi, dans mon dos, sur mon torse, laisse glisser ses doigts le long de mon cou et tire sur le col de mon tee-shirt. Je recule un peu en m'apercevant que cela fait déjà un long moment que nous sommes enfermés ici.

— Tu n'as pas cours ? demandé-je alors qu'il embrasse ma gorge.

— Noël ne voulait pas de moi, il m'a dégagé avant même que j'entre en classe.

Ses dents se referment sur mon cou, me font grogner alors qu'il continue de s'amuser avec moi en se déhanchant sans retenue contre mon bassin.

— Dis-moi qu'on a du temps, implore-t-il presque.

Je jette un œil à l'horloge accroché plus loin, emporté par son élan de désir.

— L'entraînement termine dans quarante minutes, dis-je le souffle court.

— J'ai envie de toi.

Je frissonne alors qu'il presse son torse contre le mien.

— T'es devenu insatiable, dis-moi ?

Il couine tandis que ma main glisse vers l'objet de son plaisir.

— Je suis un type de dix-sept ans qui découvre seulement sa vie sexuelle, à quoi tu t'attendais ? C'est toi qui a provoqué ça.

— Ce constat me plaît, murmuré-je près de son oreille.

— Alors tais-toi et fais quelque chose.

Je passe mes bras sous ses cuisses et le soulève afin de le déposer sur le banc qu'il a délaissé plus tôt. J'écarte ses jambes, m'y faufile alors qu'il se mord la lèvre, le regard fiévreux. D'un geste tremblant de désir, je déboutonne son pantalon, effleure quelques secondes la proéminence qui déforme son caleçon pour finalement libérer sa virilité. Il frissonne quand ma main froide l'empoigne. Je gémirais presque de l'avoir dans ma paume, de retrouver la chaleur et la douceur de son membre. Il soupire de plaisir pendant que je le caresse doucement, jusqu'à ce que finalement je me penche suffisamment pour déposer mes lèvres sur son extrémité.

— Oui, souffle-t-il, ne t'arrête pas, Willy.

Enhardi, je me laisse emporter par cet élan de désir qui s'étale dans le bas de mes reins. J'enroule ma langue autour de sa longueur et la fais glisser au plus loin que je sois capable de l'accepter. Sa main empoigne mes cheveux et accompagne mes mouvements, tandis que la seconde se fraie un chemin entre nous. Il s'incline pour attraper mon membre qu'il libère de mon short de sport. Mon gémissement s'échoue contre son plaisir alors qu'il commence à me caresser d'un mouvement du poignet parfaitement rythmé.

Il donne l'impression d'avoir fait ça des centaines de fois auparavant, je le penserais si je n'avais pas la certitude que ce n'est pas le cas. Sa main chaude me recouvre parfaitement, me procure un bien-être incroyable, incomparable aux plaisirs solitaires auxquels je me vouais parfois en étant encore avec Marianna. Incomparable également à ce que je ressentais lors des préliminaires avec elle. L'amour que j'éprouve pour Angelo doit probablement décupler les sensations, rendre tout beaucoup plus plaisant et addictif.

Son pouce fait pression contre mon extrémité, un grognement guttural s'échappe d'entre mes lèvres serrées autour de son membre. Il n'y a plus que gémissements et plaisir qui résonnent dans les vestiaires. C'est affolant, presque trop puissant. Ça m'enivre complètement, m'emporte au bord de la jouissance alors que j'admire chaque traits tirés du visage d'Angelo. Ses yeux aux paupières mi-closes qui me guettent à travers ses cils claires. Ses lèvres pincées qui laissent tout de même entendre des râles de plaisir.

Tout en lui est trop intense, trop époustouflant, surtout dans ces moments où plus rien ne compte, plus rien n'a de sens et qu'il se laisse aller aux désirs qui le consument. Je suis déjà accro à l'extase que dépeignent les traits de son visage habituellement beaucoup trop morose.

Je tente de me dresser sur les genoux pour qu'il ne soit pas obligé de se plier en deux pour atteindre mon sexe, tout ça sans le délaisser de ma bouche remplie de bave. Je prends appuie sur le banc, mes avant-bras contre le métal froid. Dans le mouvement mon coude s'abat contre l'énorme plaie que j'ai tenté d'apaiser. Ses doigts se crispent autour de moi et son visage grimace. Je m'éloigne, paniqué à l'idée de lui avoir fait mal. J'embrasse ses joues, ses lèvres, son nez plusieurs fois, complètement bouleversé de l'avoir blessé alors que j'espérais lui faciliter la tâche.

— Pardon, pardon, pardon, murmuré-je contre ses lèvres, je suis désolé, pardon.

Ses paumes encerclent mon visage qu'il éloigne du sien, ses iris bruns s'ancrent aux miens et il secoue la tête très légèrement.

— Ce n'est rien. Continue Will, m'implore-t-il, ça calme tout le reste.

J'acquiesce brièvement puis me replace au-dessus de son intimité alors qu'il reprend ses mouvements du poignet. Il ne suffit que de quelques minutes avant d'atteindre la délivrance. Angelo se contracte, ses jambes se tendent de chaque côté de mon corps alors que je le laisse se répandre sur ma langue. Je n'apprécie pas vraiment cela, je n'arrive pas à tout avaler et m'étouffe alors que le surplus coule sur mes lèvres. Il continue sans relâche de me caresser jusqu'à ce que je me déverse à mon tour, souille sa main et laisse échapper un long râle de jouissance mêlé à ma quinte de toux. Ça ne doit pas être très gracieux, peut-être même horrible à voir et à entendre mais Angelo ne semble pas perturbé. Il m'offre un sourire, de ceux qui laissent apparaître ses fossettes monstrueusement belles. J'ai envie d'y enfoncer mon doigt, et peut-être même le bout de ma langue. Il éloigne sa main sale le plus possible de nos vêtements, alors que la deuxième balaie mon front pour retirer les mèches qui tombent devant mes yeux.

— Je t'ai fait jouir, fait-il remarquer en souriant davantage.

Ce qu'il est monstrueusement beau lorsqu'il est si calme et presque heureux. Je lèche mes lèvres en grimaçant pour effacer les gouttes de son plaisir que j'ai laissé déborder.

— Je n'avais vraiment aucun doute quant à ta capacité à y parvenir, assuré-je en hochant la tête.

Il pouffe de rire, se rhabille convenablement puis se dirige vers les vasques pour nettoyer la preuve de notre plaisir exhibitionniste. Je me laisse glisser vers la rangée de casiers derrière moi pour m'y adosser alors que j'observe Angelo se diriger vers la sortie.

— Tu fais quoi ? demandé-je un peu trop brusquement.

Il hausse les épaules sans se retourner. Le plaisir désormais évaporé, c'est l'angoisse qui prend sa place.

— Je me tire.

Mon sang se glace, c'est comme se prendre un seau d'eau glacée en plein visage. Un nœud se forme dans mon estomac, j'ai envie de hurler.

— Quoi ? m'exclamé-je avec empressement. Tu te fous de moi ?

Je me retiens de chialer. Il ne peut pas me faire ça. Non, il ne peut définitivement pas me laisser seul après ce qu'il vient de se passer, après les paroles que nous avons échangées. Je suis tétanisé, je ne parviens plus à réagir alors qu'il se penche pour ramasser une pochette qui traine par terre. Il ricane et je ne peux empêcher la douleur d'irradier dans mon corps et engloutir mon cœur. Il se tourne vers moi avec une expression amusée qui se durcit instantanément lorsqu'il croise mon regard. Il s'empresse de me rejoindre, s'installe sur mes genoux puis me pince les joues.

— Respire, Soleil, c'était une blague. Jamais je ne ferai ça.

Je le fixe, les yeux exorbités jusqu'à ce que je comprenne le sens de ses mots. J'ai cru faire un arrêt cardiaque à cause de ses conneries. Mon cœur se calme enfin, je soupire trop bruyamment.

— T'es un abruti, bougonné-je en dissimulant mon visage dans le creux de son cou.

— Je ne pensais pas que tu allais me prendre au sérieux.

— Tu n'arrêtes pas de me jeter, comment voudrais-tu que je le prenne ?

— Je ne te jette pas, soupire-t-il en tirant sur mes cheveux pour que je le regarde à nouveau.

— C'est ce que tu fais.

— Pas exactement, mais tu as promis alors je ne le ferai plus désormais.

— J'espère parce que mon cœur va finir par lâcher.

— Ne dis pas ça, s'il lâche le mien fera pareil parce que c'est toi qui le maintient en vie.

Je souris, attendri par sa répartie et enfin remis de sa blague douteuse.

— Si c'est le cas, alors comment tu faisais avant moi ? demandé-je en frottant mon nez contre le sien.

— Je me contentais de survivre.

— Et maintenant ?

— Je vis.

— Je t'aime...

Les mots sont sortis sans que je puisse réfléchir mais je ne les regrette pas. Cela faisait bien longtemps que l'envie de lui dire me brûlait les lèvres.

Il se fige, fronce les sourcils et m'observe sans réagir.

— Je sais que tu n'es pas prêt à l'entendre, mais il fallait que ça sorte, soufflé-je en baissant les yeux.

Il reste immobile, comme si lui avouer mes sentiments l'avait mis sur pause. Je commence à me demander si c'était une bonne idée de le faire, finalement. Je le regarde à nouveau lorsque je possède suffisamment de courage pour affronter son mutisme. Une larme solitaire roule sur sa joue. Il ferme les paupières, inspire profondément en fronçant le nez puis ses doigts atteignent mes lèvres. Il les laisse là et ne bouge plus.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Dis-le, souffle-t-il, répète-le mais sans parler, s'il te plaît.

Je n'ai absolument aucune idée de ce que sa demande signifie, ni de comment il le prend mais je m'exécute tout de même. J'articule les quelques mots que j'ai déjà prononcés. Ses doigts longent mes lèvres alors qu'elles miment un " Je t'aime " silencieux. Il expire tout l'air de ses poumons et pose sa bouche contre la mienne alors que l'humidité de ses joues se répand sur mon visage. Il fait bouger ses lèvres qui miment un " mon Soleil ". Mon cœur fait une embardée. J'ai parfaitement compris qu'en agissant ainsi, il me fait comprendre qu'il accepte l'immensité de ce que je ressens pour lui. C'est incroyable comme sensation, aimer et être aimer. Il s'éloigne, ses deux mains encerclent mon visage.

— Je ne suis peut-être pas prêt à l'entendre mais je veux le sentir à chaque instant, murmure-t-il en passant ses pouces sur mes joues.

J'acquiesce pour approuver son choix. Je suis capable de dessiner ces mots de mes lèvres sur sa peau à n'importe quel moment, jusqu'à ce qu'il me laisse les prononcer ouvertement et de vive voix.

— On doit choisir les photos, dit-il après un moment de silence paisible.

Je hoche la tête, pas vraiment enthousiaste à l'idée qu'il s'éloigne. Il quitte mes genoux, s'installe à côté de moi et ouvre la pochette qu'il a ramassé en me faisant sa blague nulle. Je l'interroge du regard alors qu'il en passe plusieurs en râlant.

— Je m'en fous de ton équipe, ce sont les tiennes qui m'intéressent.

Je pouffe de rire alors qu'il étale les cinq photos de moi entre ses jambes écartées. Il en attrape une que je n'ai pas le temps de voir et la retourne face contre le sol.

— Tu ne l'aimes pas celle-là ?

— Tu déconnes ? T'es beaucoup trop beau dessus pour qu'elle figure dans le journal. Celle-ci est pour moi, on dira que je l'ai égarée.

J'éclate de rire, c'est assez mignon comme comportement.

— Ce ne serait pas de la jalousie ?

— Appelle ça comme tu veux mais tu n'es carrément pas habillé de façon respectable là-dessus et il n'y a que moi qui peut voir autant de peau dévêtue.

— Elles ont été prises pendant l'entraînement, ça m'arrive de retirer mon haut quand il fait trop chaud, un peu comme tout le monde d'ailleurs.

— Les autres peuvent bien se promener à poils que je m'en foutrais complètement. Mais toi, tu ne seras pas comme ça dans le journal. Si c'est pour que tout le lycée bave sur ce qui est à moi, ce n'est pas la peine.

— Comme tu veux, mais je peux la voir quand même ?

Il la retourne quelques secondes seulement, j'ai juste le temps d'apercevoir mon torse nu et mes muscles bandés par l'effort. Sur cette photo, je suis sur le point de tirer le ballon, dans une position tout à fait respectable mais qui visiblement ne plaît pas à Angelo, ou alors qui lui plaît trop pour que les autres voient cette image.

— À moi, murmure-t-il avant de poser ses lèvres sur les miennes.

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