Chapitre 35, partie 2 :
Judas Bloom :
Mon regard coule sur le poignet de Loli et mon cœur se gonfle de fierté quand je remarque qu'elle n'a pas quitté la chaine en argent que j'étais supposé lui offrir pour son anniversaire. C'est finalement à notre retour de Milwaukee, après avoir gagné le championnat que je lui ai donné. Ses yeux bleus ont brillé si fort lorsque je l'ai glissée sur sa peau que j'ai faillit vaciller. Depuis, elle ne l'a pas enlevée et pourtant je pensais qu'elle le ferait à la sortie d'hôpital de son frère.
— Tu dors avec moi ce soir ? demande Will à Angelo, sans tenter d'être discret.
Ils n'ont absolument plus aucune barrière et c'est dans ce genre de moments que je comprends qu'ils sont enfin pleinement épanouis dans leur couple. DeNil sourit et effleure les lèvres de son mec du bout des doigts.
— Oui, mais je dois récupérer des fringues chez moi.
— Tu prendras les miennes.
— Je ne suis pas rentré depuis ma sortie du centre. Il faut que je vérifie les courriers et tout, conteste-t-il.
— Je peux rester aussi ? s'enquiert Loli d'une voix douce.
— Ça me paraissait évident, pouffe Will.
— Super ! se réjouit-elle. Tu prendras mes affaires, Lolo ?
— Ouais, mais je te préviens je ne cherche pas cent ans. Si je ne trouve pas, tant pis pour toi.
— Es-tu en train d'insinuer que je suis désordonnée ? râle-t-elle.
Un sourire apparaît sur mes lèvres quand je la vois pincer les siennes et froncer les sourcils.
Elle est si belle.
— Simple constatation, s'amuse-t-il.
Elle lui donne une petite tape sur la tête en levant les yeux au ciel, puis me sourit quand elle remarque que je la fixe.
— Prends la voiture de ton père, dit Kristen en posant une main sur l'épaule de son fils. J'ai quelques courses à faire pour le repas de ce soir.
Will acquiesce et se relève en emportant Angelo avec lui. Immédiatement, sa main trouve la sienne et il dépose un long baiser sur son front.
— En avant, trésor, dit-il en s'éloignant déjà.
— Vous mangez à la maison ? nous propose la maitresse de maison.
— Avec grand plaisir, m'dame Marx ! s'exclame Pietro en souriant comme un abruti.
J'éclate de rire devant tant d'idolâtrie, alors qu'il me jette un regard sombre avant d'arborer un nouvel air niais. Il est irrécupérable. Parfois je me demande comment Karl fait pour ne pas lui coller des baffes.
Will et Angelo partis, Simona et Kristen dans la cuisine, il ne reste que Pietro, Maël, Rose et Loli dans le salon. Maintenant que la voie est libre, je peux me permettre de la regarder sans trop de craintes. Ses yeux se posent sur moi et ses joues rougissent de façon adorable. Ses doigts jouent avec la chaînette sur son poignet tandis que je ne loupe aucun de ses mouvements. Sans réfléchir davantage, je pars m'asseoir près d'elle. Un frisson me parcourt quand ma peau effleure la sienne.
— Comment tu vas ? m'intéressé-je tout bas.
— Ça va, sourit-elle, et toi ?
— Ça ira quand je serai seul avec toi, murmuré-je pour qu'elle seule m'entende.
Je la vois déglutir et sa langue vient humidifier ses lèvres. Je détourne rapidement le regard pour ne pas m'enflammer. Elle n'a aucune foutue idée de ce que ce simple geste peut créer en moi. J'observe la baie vitrée, à l'extérieur le soleil brille de mille feux.
— On va prendre l'air ? soufflé-je sans la regarder.
Elle ne répond pas mais se lève afin de de diriger vers le jardin. Je la suis en silence, jusqu'à ce qu'on s'immobilise près du muret du potager, là où nous nous étions retrouvés le soir de son anniversaire. L'obscurité ne nous englobe pas cette fois. N'importe qui pourrait nous voir mais Angelo n'est pas là pour le moment alors il n'y a aucun réel danger. Je veux simplement être près d'elle, j'ai le droit d'en profiter.
— Tu es belle, fais-je remarquer en effleurant sa joue.
Sa peau est chaude sous mes doigts, c'est agréable. Les rayons du soleil éclairent davantage ses cheveux dorés, j'ai l'impression qu'elle resplendit. Je n'arrive clairement pas à me faire à l'idée qu'elle n'a que quinze ans.
— Merci, souffle-t-elle en baisant les yeux, visiblement légèrement embarrassée.
Elle est encore plus jolie lorsque ses joues prennent une petite teinte rose. Je fais un pas sans sa direction tandis qu'elle s'adosse au muret. J'attrape doucement ses hanches et dépose mon menton sur sa tête pour l'étreindre. Ses paumes se placent dans mon dos et un léger soupir passe ses lèvres. Je lutte pour ne pas accomplir toutes les pensées qui me traversent l'esprit quand sa poitrine s'écrase contre mon torse. Nous restons ainsi un moment, puis elle s'éloigne pour chercher mon regard, un sourire timide sur les lèvres.
— Tu ne m'embrasses pas ? s'enquiert-elle, une moue atrocement mignonne sur son minois.
Je ferme les yeux un instant et tente de respirer convenablement.
— Tu n'as pas peur ?
— Mon frère n'est pas là et je suis contre toi depuis cinq minutes alors, un baiser n'est pas la mort.
Mes yeux s'écarquillent face à sa soudaine assurance, mais je ne perds pas une seconde de plus avant de fléchir les genoux pour déposer un baiser presque volatile sur sa bouche. Le regard qu'elle me lance me fait perdre l'esprit et je scelle une seconde fois nos lèvres en un contact plus appuyé. Ses doigts glissent dans mon dos, tandis que je l'embrasse avec légèrement plus d'ardeur. Jusqu'à présent, chacun de nos échanges sont restés d'une chasteté puritaine alors, mon cœur s'emballe violemment lorsqu'elle pointe timidement sa langue. Un râle guttural m'échappe sans que je puisse me contrôler. La surprise me fige, je reste stoïque pour être certain de ne pas l'avoir effrayée. Je comprends rapidement que ce n'est pas le cas quand elle sourit dans notre baiser. Enhardi, je réclame ce qu'elle est prête à m'offrir, léchant ses lèvres avec douceur. Elle me laisse faire et ne semble pas perturbée contrairement à moi. Avec elle, je suis contraint d'oublier tout ce que je connais pour recommencer depuis le début et ça me secoue. C'est à la fois satisfaisant de lui faire découvrir de nouvelles sensations mais frustrant à crever parce que mon désir pour elle est difficile à dissimuler. Je recule et pose mon front contre le sien lorsque je constate que mes limites sont sur le points de voler en éclats.
— Loli, Loli, Loli..., chuchoté-je, les paupières toujours closes.
Son souffle chaud chatouille ma peau et me rend fou. Mon désir est brûlant et j'éloigne mon bassin pour ne pas qu'elle sente mon érection qui pulse douloureusement.
— Judas, pourquoi tu gardes les yeux fermés ?
J'inspire profondément et l'admire enfin. Ses lèvres déjà outrageusement pulpeuses sont davantage gonflées par nos baisers. Sa peau est toujours aussi rose et ses yeux sont doux. Hypnotisé, j'imagine ce que sa bouche généreuse me ferait ressentir si elle se refermait autour de mon sexe et me flagelle intérieurement lorsque je prends conscience de mes dérives. Je devrais finir à genoux, la tronche contre le sol à écouter un bâton fouetter l'air lorsqu'on me punirait pour mes pensées insensées.
— À quoi penses-tu ? Tu sembles mener un combat intérieur très difficile.
Mon souffle se coupe et je me maudis davantage. Si son joli minois me fait chavirer, sa clairvoyance me fait vaciller.
— Rien. Je pense à rien du tout, débité-je, enfin... si, mais ça n'a pas d'importance.
Les sourcils froncés, elle éloigne son visage du mien et me regarde avec intérêt.
— Pourquoi ça n'en aurait pas ?
— Parce que c'est stupide.
— Tu es... gêné ? hésite-t-elle à voix basse.
Je secoue vivement la tête puis tente de me calmer en expirant lentement. Elle baisse la tête, l'incline puis la relève lentement. Lorsque son regard cherche à nouveau le mien, il trahit une crainte qui m'horrifie.
— Est-ce que...
Elle se tait, déglutit et pose une main sur mon torse pour m'éloigner.
— ... tu pensais à des choses... déplacées ?
— Oui, avoué-je à mi-voix.
Il me faut une poignée de secondes pour remarquer ses yeux fixés, terrifiés, sur la proéminence qui étire mon pantalon. J'avale ma salive, presque de travers, et pousse son menton de l'index pour qu'elle ne regarde que moi. L'angoisse est lisible sur chacun de ses traits, elle est gênée également. J'ai envie de me buter de lui faire ressentir ce genre d'émotions.
— Je suis désolé, je ne veux pas que tu aies peur de moi.
— Tu... je, je ne suis pas prête pour... ça, bredouille-t-elle.
J'acquiesce, j'en ai pleinement conscience.
— Je suis désolé, répété-je en caressant sa lèvre inférieure de mon pouce. Je le sais et jamais je ne te forcerai la main. C'est juste que... enfin, tu es très belle, et quand tu es dans mes bras, je...
Je m'interromps en passant une main sur mon visage pour me reprendre et remettre mes idées en place.
— Je ne peux pas contrôler les réactions de mon corps, soupiré-je, mais jamais je ne ferai un geste que tu n'es pas prête à accepter. Pas avant que tu me le demandes, que tu le désires aussi.
— Je sais, chuchote-t-elle, embarrassée. Excuse-moi de ne pas pouvoir te donner ce que tu veux.
— Ne t'excuse pas ! grondé-je. Tu me donnes déjà ce que je veux.
Elle hoche la tête alors que sa main attrape la mienne pour entrelacer nos doigts. La peur s'est effacée dans son regard, il n'y nage désormais qu'une confiance qui m'émeut. Elle se dresse sur la pointe des pieds, tente d'atteindre mon visage mais hésite alors, je dépose un baiser sur la commissure de ses lèvres.
— Judas... murmure-t-elle en ancrant ses yeux bleus aux miens.
— Oui ?
— Je crois que... je suis amoureuse de toi.
Mes yeux s'arrondissent face à la surprise. Ma gorge s'assèche et mon sang chauffe brusquement dans mes veines. J'ai déjà entendu ces mots un nombre incalculable de fois, venants de filles avec lesquelles j'ai pris du bon temps mais jamais ça ne m'a touché. Aujourd'hui, avec Lolita, j'ai la fâcheuse impression que mon cerveau se barre en courant et que mon cœur éclate en mille morceaux. J'attrape sa nuque et fonds sur ses lèvres avec une telle force qu'un léger cri de stupeur lui échappe.
— Fils de pute !
Mon cœur cesse de battre alors que des hurlements s'élèvent dans mon dos. Loli se fige, puis se met à trembler la seconde d'après.
Fait chier !
— Je vais te buter, Bloom ! Putain de merde, éloigne-toi d'elle, je vais te fracasser !
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