Le pays que j'emporte

Une minute de lecture

Etonnant : je porte en moi une partie de gènes hispaniques. Et je n'ai jamais mis les pieds en Espagne. Et c'est vers l'est et le nord de l'Europe que mes pas me portent.

Mon grand-père a fui deux pays, avant d'arriver en France.

Je n'en suis qu'à une seule échappée, plus à l'est. Qui sait si ma route s’arrêtera ici ?

J'y retrouve la sécurité, la nature à deux pas. Je croise parfois des renards ou des fouines en pleine ville, le soir. Le métro est propre, mais la langue est un vrai défi.

J'aimerais être danois, polonais, finlandais, écossais.

Mais je ne suis que français.

Et j'en suis fier.

Car c'est un héritage acquis, un privilège.

Il n'y a pas de pays idéal. Seulement celui qui vous manque.

Je suis européen, mais pas interchangeable.

La langue, la culture, l'histoire de chaque pays sont des fondations, protégées par leurs frontières. Ce ne sont pas des murs. Il faut simplement demander poliment à les franchir.

Je suis un invité, je respecte les règles. Je m'acculture.

Mais je porte en moi les textes de Victor Hugo, les découvertes de Lamarck, l'audace de Surcouf. Pourtant aujourd'hui je célèbre St-Etienne.

Mon pays est celui que je n'oublie pas. Celui que je garde au creux de moi, comme une petite ambassade. Celui que j'emporterai lors du dernier voyage.

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