Défi lancé par Lectrice1805
Comme tous les matins
Comme tous les matins, j'ouvre ma fenêtre après avoir tiré les fins rideaux avec précaution. Ensuite, je m'asseois. Je souris parce que ce fidèle canapé, drapé avec soin pour cacher son âge, me supporte encore. L'air frais entre dans la petite pièce, à peine dans mes poumons essoufflés. Le temps m'a laissé la vue. Voilà pourquoi je ne fais rien d'autre que regarder jusqu'à m'évader.
Devant moi, la ville, dans tout ce qu'elle a d'organisé. Je l'imagine d'en haut. Des briques rugueuses collées les unes aux autres formant des quartiers gris divisés par des artères noircies. C'est beau une ville d'en haut. Quelques habitants semblent se suivre comme de minuscules fourmis vers des destinations certaines et réfléchies. Ce dédale de rectangles plats que de rares et fragiles diagonales viennent traverser reste désespéremment terne. Des brèches brisent l'harmonie et tentent d'installer le chaos. Quelques arbres comme de la mousse se risquent à colorer de leur insignifiant éclat cet ensemble livide. Même le soleil ne semble pas pouvoir atteindre l'endroit. Il le quadrille péniblement dans un jeu subtil d'ombres aplaties. J'aimerai l'aider à casser ces lueurs maussades.
J'entends une voix derrière moi.
— Bonjour Madame, C'est l'infirmière. Mais ? Pourquoi regardez-vous toute la journée ce mur ?
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