Chapitre 3 - les cerises
Tom marchait à travers les herbes hautes depuis plusieurs heures maintenant, sous l’ombre fraiche du monticule qui trônait toujours fièrement à sa gauche. Le soleil commençait déjà à décliner au fur-et-à-mesure que l’après-midi avançait.
« Brrr, j’espère que cette dune noire ne s’étend pas jusqu’à l’autre bout du champ », s’exclama Tom tout haut, « sinon je vais devoir passer la nuit à ses pieds ! ». La perspective n’était pas réjouissante et il craignait qu’un prédateur ne le dévore durant son sommeil.
Enfin, la masse de terre à sa gauche commença à s’incliner en pente douce, pour finalement se fondre dans la verdure printanière.
Devant lui s’étalait une vaste prairie de fleurs sauvages colorées rosies par les rayons horizontaux du soleil couchant. Une douce brise se leva, caressant les cheveux de Tom. L’air se rafraichissait vite.
« Il faut que je me trouve un abri avant la nuit ». Ce détour lui avait fait perdre beaucoup de temps. Il songea avec envie à sa hutte bien chaude et son lit douillet. Ce soir, une tanière de renard ou de blaireau devrait le satisfaire.
C’est avec cette triste pensée qu’il leva les yeux. Au fond de la prairie se dressait un bel arbre qu’il n’avait tout d’abord pas remarqué. C’était pourtant un imposant cerisier lourd de ses fruits rouges. Il s’approcha et essaya maladroitement de se hisser sur une branche pour attraper quelques cerises, mais il était trop petit, et le tronc glissait entre ses jambes. Quel dommage qu’il soit si piètre grimpeur !
Un peu découragé, il s’assit au pied du tronc et grignota piteusement une noisette au miel en songeant au bon goût qu’avaient surement ces cerises. Si seulement il pouvait les atteindre. Il pourrait en manger quelques-unes et en rapporter pour Lisbeth. Elle pourrait s’en faire des boucles d’oreille !
Il se lamentait tout haut de sa malchance quand passa près de lui un écureuil curieux. Il sembla prendre pitié de Tom et lui demanda :
« Petit homme, tu m’as l’air bien dépité. Et tu es bien loin de chez toi ! »
« A cause de cette satané dune, je me suis égaré de mon chemin. Je ne sais pas où passer la nuit. » Puis il ajouta : « Et j’avais tellement envie de ces belles cerises, pour en faire des boucles d’oreille pour ma bien-aimée ».
L’écureuil lorgna sur son baluchon rempli de noisettes. Son petit nez remua avec envie.
« Contre quelques-unes de celles-ci, je pourrais t’aider à grimer dans ce grand chêne, où se trouve ma maisonnette. Tu pourras y passer la nuit et je te cueillerai quelques belles cerises ».
Le marché fut conclu et avec beaucoup d’encouragement et d’assistance, Tom finit par grimper péniblement le long du large tronc avant de se laisser tomber avec soulagement chez l’écureuil. C’était un petit nid douillet et il faisait bon. Sans même attendre le retour de son hôte partit cueillir les fruits promis, le petit homme se roula en boule sur la mousse qui tapissait le sol et s’endormi.
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