II - Lundi 11 Septembre, 22h10.
Elle était réglée comme une horloge ivre.
Il la surveillait encore depuis le hublot de la porte. Elle tournait, erratique, dans sa cellule. Un pas… Un pas… Un pas… Chacun d’eux était un défi à la gravité, un acte de résistance face à la médecine incapable de la comprendre à défaut de la soigner.
Bientôt six mois qu’elle était là, transférée depuis le service de l’hôpital psychiatrique de Rennes, restrictions budgétaires classiques maquillées en travaux. Robert avait apris que ce service perdrait huit lits après les rénovations. Ben tiens... Son pavillon B où était devenu officiellement mixte, deux autres patientes femmes y ayant été admises... A cause d'elle ? Non. Grâce à elle.
Six mois qu’elle tournait tous les soirs. Et tous les soirs un peu plus longtemps. Oui, il l'admirait.
Il saisit son bras gauche, se sentit pris d’un vertige. Il frappa la porte du plat de main pour se retenir de s'affaisser.
En vain.
Elle s’arrêta.
Elle l’avait entendu.
Elle tourna ses yeux embrumés en tous sens, essayant de trouver l’origine du bruit. Il se tassa doucement alors qu’elle regardait, par hasard, vers la porte et son hublot.
La sensation dans sa poitrine était terrible.
Son bras gauche pendait, inerte de douleur.
Il tomba à genoux, front contre la porte, haletant et pleurant tout ensemble, et glissa au sol, comprenant très bien ce qui lui arrivait.
Quinze secondes plus tard, l’homme-mort à sa ceinture gémit en continu un son suraigu.
Il l'entendit à peine.
Quelque part dans les sous-sols de l'hôpital, une alarme se déclencha. Un des pompier de permanence sortit en courant du PC sécurité, choppant une trousse d'intervention au passage. Son collègue appelait déjà le mobile du pavillon tandis qu'il transmettait l'alerte aux urgences. La machine se mettait en branle.
Tout le monde conaissait l'ours Robert, l'ermite de la "grotte aux fous"...
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