Elle était dans la salle commune.

Depuis un mois et l’arrivée d’un nouveau médecin, Jérôme, à peine démoulé de ses diplômes, elle est autorisée à quitter sa cellule.

Elle avait un créneau réservé tous les matins, de 08h30 à 09h30, avec les deux autres filles – c’était mieux que rien - pour ne pas croiser les résidents hommes.

Pas parce qu’elle est dangereuse, ça tout le monde le sait, mais pour ne pas les perturber eux, plus qu’ils ne le sont déjà.

Chaque patiente était suivie au près par un infirmier. Robert l’accompagne elle. Le reste de l’équipe avait remarqué qu’elle est plus calme quand il est là. Ca ne prêtait pas à rire, mais c'était pratique pour essayer de déclencher un progrès. Il avait cherché à savoir pourquoi elle avait été internée, à l'origine de tout, mais son dossier ne contenait que des pièces d'hospitalisation.

Il l'aidait, simplement. Elle ne pourrait pas faire du ping-pong toute seule, par exemple. Ce serait juste du ping et il faudrait beaucoup de balles. De toute façon, ses reflexes ralentis ne lui laissaient pas marquer beaucoup de points.

Ce vendredi, elle s’arrêta de marcher devant une fenêtre, toujours la même, la troisième à gauche.

Elle regarda dehors.

Le parc.

Les arbres.

Le ciel.

Deux nuages qui se poursuivaient.

"Quelle année ?"

La voix faible, rauque, le surprit.

Il répondit par automatisme : "2018."

Il recula de quelques pas et dut s’asseoir.

Un collègue, resté en retrait – protocole de jour oblige il ne faut jamais être seul - s’approcha aussitôt et l’interrogea du regard : un malaise ?

Il fit non de la tête.