La fin
Hélène et Nathan se marièrent l'été en cette année 1946, la fête ayant eu lieu au sein du château qui vit grandir leur amour. Ils s'installèrent ensuite dans une grande propriété non loin de Chenonceau y accueillant plusieurs enfants. L'ancien résistant poursuivit son ambition dans la politique devenant sénateur. Astrid attendit sa majorité avant de quitter le logis paternel pour suivre François, son époux, au sein de sa garnison installée dans la zone d'occupation française en Allemagne. Elle revint régulièrement revoir sa sœur et son père. Restée vieille-fille, Sonia s'occupa de Thomas rongé par l'absinthe, l'opium et la syphilis.
Quand à votre arrière-grand-père, il retrouva un sens à sa vie en s'occupant de sa famille. Surtout, il s'investit auprès de la Croix rouge française afin de faire adopter par des familles recommandables les enfants abandonnés ou pris à leur mère. Il milita pour la fermeture du centre de Cadillac et l'ouverture d'un institut d'éducation pour les filles-mères. De plus, il se battit pour faire fermer définitivement les maisons closes. Il avançait enfin serein et confiant dans l'avenir. Il vécut sa vieillesse dans la joie et sous les rires de ses petits-enfants. Il exista bien sûr des hauts et des bas mais dans l'ensemble, il fut aussi heureux qu'au temps de son mariage. Le jour de son trépas, toute sa famille était réunie autour de lui, ayant pratiquement oubliée les années noires. Il accueillit la mort avec le sourire, pouvant retrouver son épouse et son frère sans honte :
« Dis, grand-mère, c'est vrai cette histoire ?
— Qu'est-ce que vous en pensez, mes chéris ?
— Elle est vraie car elle raconte l'histoire de notre famille, s'enthousiasment ses petits-enfants.
— Vous avez parfaitement raison, renforce la vieille dame. N'oubliez jamais qu'il n'est jamais trop tard pour se racheter.
— Oui, grand-mère.
— Maintenant, il faut dormir. Bonne nuit. »
Sous leur souhait, elle sort. La vieille dame rejoint ses convives qui l'attendaient dans le salon. Le père des enfants s'avance vers elle :
« Je suis sûr que tu as encore raconté l'histoire de grand-père à mes petits monstres.
— Ils l'adorent, accorde-t-elle. C'est aussi en partie ton histoire.
— Mmm, sourit son fils avant de l'embrasser. Joyeux Noël, maman.
— Joyeux Noël, Benjamin, » lui rend-t-elle.
La grand-mère le regarde ensuite rejoindre le reste de la famille. Deux bras l'enlacent par derrière. Des lèvres lui baisent la joue. Reconnaissant le responsable, elle sourit tendrement.
« Joyeux Noël, ma douce, lui fête une voix masculine enraillée par l'âge. Je vous aime madame Hélène Tourbillon.
— Je vous aime, monsieur Nathan Tourbillon, lui offre-t-elle, se retournant. Joyeux Noël. »
Les deux amoureux s'embrassent alors sous le gui pendant que de la fenêtre les ombres fantomatiques des parents d'Hélène les regardent ainsi que les suzerains de Chenonceau.
Annotations
Versions