Bienvenue...
Oui Bienvenue à vous ! Vous qui voulez vous allonger, vous qui voulez vous délasser, de mes délicieux mets, sans avoir demandé la permission. Mais bienvenue à vous, installez-vous, je vous prie, je vocifère, il est vrai, c'est là le mystère de ma naissance. Ma bouche torsadée et ma gorge enrouée m'empêchent de parler bas, j'en suis las, et ne parle pas.
Mais bienvenue à vous, voyageurs sous la voûte nocturne, bienvenue. Votre venue inattendue allumera en vos âmes un délice ineffable. Une fois le repas consommé, les boissons avalées, les fatigues délassées, les histoires racontées, les lits préparés, vous serez ici chez vous, comme il vous plaira.
Bienvenue chers visiteurs, vous trompez à cette heure, ma solitude infinie, ma misère sans appui. Vous êtes la lumière dans la nuit, vous êtes la voie vers une soirée réussie. Enfin vous êtes là, c'est comme si je n'avais attendu que vous. Profitons ensemble de ces verres, de ce vin, et avalons sans défaillir ce délicieux festin.
Bienvenue à vous, valeureux guerriers, j'ai vu vos forces à l'oeuvre, votre valeur pour sauver vos vies. Vous devez avoir, je devine, bien des chroniques à conter au long cours de votre voyage. Et si mon être s'attriste d'avoir vu ainsi vidés de leur vie mes vilains et volatiles amis, vous avez su raviver en moi, la flamme de la victoire, de sorte que non... Je ne vous en veux pas trop.
Bienvenue en ma demeure, c'est là que je meurs seul, malheureux, attendant l'heure où mon créateur mettra fin mes peurs. J'ose vous demander, combien de temps comptez vous rester ?
Pensez-vous déjà à vous eclipser ? Ou profiterez-vous sans vous presser de mes services de qualité ? Un bain chaud vous attend, pendant que vous réfléchissez. Vous pouvez sans avoir peur de me vexer, vous en aller dans la journée. Mais je vous invite de toute ma volonté, à vous reposer. Vous êtes fatigués, exténués, et vous avez tout mangé. Il est temps de dormir, de recouvrer vos forces. Cette bâtisse est vaste et vous aurez de quoi vivifier votre curiosité, affûter vos talents, et cultiver vos avantages. Vous n'aurez plus à fuir, vous n'aurez qu'à vivre. Laissez-vous tenter par ce que veulent vos pieds usés. Restez des jours, des semaines, une année. Vous n'auriez pas fait le tour, fussiez-vous déterminés. Je vous invite à enlever vos grèves, à venir vous enivrer des attraits de ma compagnie.
Qu'entend-je ? Vous ne pouvez rester ? Me voilà attristé, touché, meurtri. N'avez-vous pas de coeur, ni d'honneur ? N'avez-vous rien avalé ? N'avez-vous rien écouté ? N'avez-vous pas trouvé délectables mon buffet, mes invitations, mes suplications ? Vous pensez partir ? N'ai-je point su me montrer convaincant ? Est-ce ma face détruite qui vous déplait tant ?? Est-ce le charnier que vous avez créé sur le pas de ma porte ?? Est-ce ma décoration d'un autre âge, mes manières affables, ou mon horrible visage ???
N'aimez-vous pas les bains, le pain, le vin, la bière, et les mystères ? N'aimez-vous pas la magie et les sortilèges ?? Est-ce mon corps décrépi ?! Est-ce la viande avariée couvée dans votre ventre ??? La chair putréfiée habilement maquillée, que vous avez goulûment gloutonnée ??? Est-ce le goût amer de la mort que vous avez mordu qui vous retient ??? EST-CE DE MA FAUTE À MOI SI TOUT SE DECOMPOSE SI VITE ICI ?? Regardez vous !! Vous êtes devenus grisonnants en m'écoutant !! EST-CE MA FAUTE SI VOUS NE VOULEZ PAS RESTER ???? JE VOUS SOMME DE RESTER ASSIS !
Restez ici, je vous prie, sans un bruit, pendant que s'enfuit la vie dans vos veines... Passé ce moment peu amène, trois trépassés seront une compagnie éternelle sans nulle autre pareille...
Bienvenue...
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