Chapitre 17 : Des amies très proches
À l’heure actuelle, rien ne peut réjouir davantage Gwendoline que d’avoir enfin renoué avec Manuella. Sa meilleure amie vient de la rejoindre chez elle, dans sa maison en bordel. Le salon de Gwendoline est rempli de cartons, à l’aube de son déménagement dans l’appartement de son compagnon. Manuella est arrivée tard, après son travail harassant. Gwendoline l’attendait en somnolant sur le canapé.
Comme Emma est déjà couchée depuis deux bonnes heures, Manuella se fait le plus discrète possible en retirant sa tenue d’hôtesse d’accueil. Néanmoins, elle ne peut retenir un soupir d’aise lorsqu’elle se débarrasse de son soutien-gorge, dont les baleines lui ont meurtri les chairs toute la journée. Sous les yeux scrutateurs de Gwendoline, ses seins libérés se mettent à onduler lorsqu’elle se meut. Tandis qu’elle masse sa poitrine endolorie, Manuella murmure :
— Ah Seigneur ! Mais pourquoi s’inflige-t-on de tels engins de torture ?
Du canapé, Gwendoline observe le corps en partie dénudé de son amie. Ses seins, hauts placés et parfaitement ronds, lui apparaissent tels deux globes identiques aux proportions généreuses et symétriques. Envieuse, elle ne peut s’empêcher de comparer sa poitrine affaissée à celle de son invitée :
— Toi, au moins, tes seins sont toujours superbes et tiennent encore parfaitement, même sans artifices.
— T’as eu un enfant, Gwen. Et tu as allaité cette petite gloutonne d’Emma pendant trois ans. Tu peux être fière que tes seins se soient cassés la gueule, ça veut dire qu’ils ont servi à quelque chose. Toi, au moins, tu as porté la vie. Ces deux-là n’ont jamais servi à rien ! enchérit Manuella en les prenant à pleines mains.
Tendus vers elle, la pointe en avant, ils semblent dévisager Gwendoline de leur air prétentieux. Elle en admire le fier maintien, tout à fait représentatif de l’état d’esprit souvent arrogant de sa meilleure amie. Même la gravité naturelle n’a pas eu d’impact sur le corps de la quadragénaire.
— Je suis jalouse ! commente Gwendoline. Tu es si belle.
— Arrête de dire des conneries et passe-moi ce vieux tee-shirt que tu oses appeler chemise de nuit ! J’ai l’impression que tu vas me bouffer.
Gwendoline s’esclaffe en lui jetant le vêtement bouchonné. Manuella l’attrape et le lui renvoi aussitôt au visage, en ricanant de plus belle, toujours en sourdine, pour ne pas réveiller l'enfant à l'étage. Seins nus et en culotte, elle se fraie un chemin jusqu’au canapé de sa démarche chaloupée. Puis, le buste dénudé, elle se glisse sous le plaid, dont elle soulève un pan. Gwendoline se décale pour lui faire de la place. Toutes les deux se calfeutrent sous la couverture, serrées l’une contre l’autre, bien qu’il y ait assez de place pour prendre ses aises sur le large sofa.
Manuella entoure son amie de ses bras et colle sa plantureuse poitrine contre celle, tout aussi ronde, de son amie d’enfance. Constatant avec surprise ce nouveau volume, l’invitée réagit :
— Putain, mais c’est quoi ces eins* ? Montre !
Un sourire en coin, Gwendoline descend un côté de la large encolure de son pull et découvre la partie supérieure de son buste, révélant deux belles pommes gonflées.
— La vache ! T’es enceinte ou t’as grossi ?
Manuella saisit délicatement l’un de ses seins et en caresse l’arrondi.
— Je suis enceinte, avoue Gwendoline en souriant.
Son amie la dévisage, les yeux ronds comme des billes. Elle n’avait rien remarqué lors de la visite de Gwendoline cette après-midi. Trop accaparée par leur discussion à bâtons rompus au sujet de l’incarcération d’Erwann, elle n'y avait pas prêté attention. Mais maintenant qu’elle louche dessus, l’évidence lui saute aux yeux.
Tandis que son visage affichait jusque-là une profonde fatigue, Manuella a désormais l’air plus réveillé que si trois cafés l'avaient shootée.
— Putain, souffle-t-elle tout bas, Rambo t’a déjà mise en cloque ? Mais quel surhomme ! Il est au courant ?
Gwendoline opine du chef, s’abstenant de tout commentaire. Lasse de repenser à cette histoire de paternité incertaine, elle décide de se taire au sujet de son ancien client. Elle s’en ouvrira à son amie plus tard, à tête reposée.
— En tout cas, ça te va à ravir. Tu es très, très sexy comme ça. Je te trouve hyper désirable avec cette énorme paire.
Gwendoline passe une main dans les cheveux bruns et défaits de son amie. Ceux-ci, rarement détachés, tombent en cascade sur ses épaules menues.
— Humm... tu te souviens la dernière fois où on l’a fait ? demande Manuella en fermant les yeux.
— Bien sûr. Je suis enceinte pas amnésique. Mais c’était il y a un sacré bout de temps...
— T’en as déjà parlé à Rambo de nos petites incartades ?
— Non, pas encore eu l'occasion. Je préfère lui dire de vive voix.
— Tu penses que ça le gênerait ?
— Je ne crois pas. J’en sais rien, à vrai dire. On est encore en train de se découvrir et j’ai sûrement des tas de choses à apprendre sur lui. Cela dit, même si je fais peut-être erreur, en général, les mecs sont plutôt ouverts à l’idée que deux femmes fassent l’amour ensemble, non ? C’est un de leur fantasme, paraît-il. Franchement, je serai vraiment étonnée qu’il s’en offusque et se sente trompé. Mais je lui en parlerai dès que possible.
Un voile de concupiscence traverse les yeux de Manuella qui attrape un des mamelons de son amie entre ses doigts. Celle-ci réagit aussitôt en fermant ses yeux, un grand sourire aux lèvres. Encouragée, Manuella emprisonne le téton à l’aide de sa bouche pulpeuse. Sa langue tourne autour de l’aréole rose, élargie par les hormones de grossesse. La pointe du sein durcit au contact de ses lèvres chaudes. Elle suçote le bout tendu. Gwendoline se détend et s’abandonne à la douceur de ce contact sensuel, qui assouvit ses envies délurées.
— Et ce soir ? T’en as envie ? demande Manuella en la regardant dans les yeux.
— Tu te souviens de ma précédente grossesse ?
— Oh que oui. Une vraie chaudière...
Elles rient sous cape, avant de s’embrasser. Bien qu’épuisées l’une et l’autre par leurs journées de wonder woman accomplie, c’est pleines d’une énergie renouvelée qu’elles commencent à se caresser sur le canapé.
Lorsqu’elles en ont terminé avec leurs retrouvailles sensuelles, elles restent allongées l’une sur l’autre et se mettent à deviser devant le premier volet de la trilogie Bridget Jones. Un énorme saladier de pop-corn au caramel est à portée de main, ainsi qu’une boîte de chocolat Léonidas, qu’une Manuella toute fourbue mais toujours polie a rapporté. À la lueur de la lumière tamisée, elles refont le monde, intarissables, comme dans leurs jeunes années.
Gwendoline exige qu’elles n’évoquent pas l’affaire de son compagnon, arguant qu’elle a un besoin vital de faire une pause avec l’univers carcéral. Manuella acquiesce et suggère tout autre chose. Vue l’heure avancée, les deux femmes peuvent s’adonner à une conversation réservée aux plus de 18 ans, concernant les hommes, le sexe et comment concilier le tout.
* il n'y a pas de faute, Manuella parle souvent verlan, influencée par ses trois grands frères.
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