Chapitre 32 : Belle-fille

5 minutes de lecture

Manuella arrive en début de soirée avec Emma et, contre attente, prend Erwann dans ses bras lors de leurs salutations. Celui-ci se laisse faire, décontenancé par l’attitude chaleureuse de cette femme qu’il a connue aussi froide qu’un congélateur.

Puis, la dévisageant vraiment pour la première fois, il ne peut s’empêcher de repenser aux confessions de Gwendoline au sujet de leurs relations intimes. C’est sûr qu’il comprend sa compagne, Manuella est très séduisante. Brune aux yeux bleus, elle possède un corps fin mais féminin et des atouts indéniables, au regard de sa plantureuse poitrine et de ses fesses bombées. Habillée d’un jean moulant et d’un crop top au-dessus du nombril, il peut l’apprécier sous toutes les coutures. La jaugeant discrètement de son œil expert de photographe, il sait qu’elle n’aurait pas de mal à trouver chaussure à son pied ce soir. Une seule question le taraude : pourquoi est-elle encore célibataire avec ce physique attractif ? Le problème ne peut venir que de sa personnalité qui, selon les dires de sa compagne, est particulière. Une femme de tête avec un corps pareil, il sait à qui cela conviendrait mais, bien sûr, il y a peu de chances de voir cette possibilité se réaliser...

Pourtant, au vu de ce qu’il vient d’apprendre, il ne compte pas laisser Manuella lutiner sa femme dès qu’il a le dos tourné et le meilleur moyen d’empêcher cela est encore de la caser. Et vite. Soudain, il les imagine ensemble et sent un frisson d’excitation le parcourir. Super ! se morigène-t-il intérieurement, tout à fait approprié...

Malgré tout, l’idée fait son chemin et il n’arrive pas à se retirer l’image des deux femmes en train de frotter leur sexe l’une à l’autre. Deux mois d’abstinence et un rien le met sous tension. Le voilà transformé en Richard, le queutard invétéré. Si seulement elles pouvaient arrêter de rester l’une à côté de l’autre sous ses yeux affamés. C’est lui ou elles se regardent bizarrement ? Nan, c’est juste trente ans d’amitié ça, rien à voir avec ses pensées lubriques... Cela dit, avec leurs généreuses paires de seins, elles commencent à le faire monter en pression. Ce serait malvenu d’aller se soulager dans la salle de bain ? Ou mieux, de s’éloigner quelques minutes avec sa compagne pour un nouveau coup d’essai... ? Elle était si sexy dans la voiture lorsqu’il l’a faite jouir trois fois... Hummm, son sexe palpitant sous ses doigts...

Non, arrête-ça tout de suite, espèce de taré ! Reprend-toi bordel, y’a des gosses en face de toi !

Erwann se ressaisit in extremis, heureusement, car on a besoin de lui. En effet, l’arrivée tant attendue de Manuella et Emma engendre une nouvelle salve de présentations avec, cette fois, les invitées de Gwendoline au centre de l’attention.

Erwann attrape la main de sa grande et l’entraîne avec lui pour saluer Emma. Cette dernière, connaissant déjà le compagnon de sa mère, se concentre davantage sur l’adolescente aux cheveux blonds comme les blés. Les deux filles se montrent aussi aimables que possible l’une avec l’autre, malgré leur différence d’âge. Sous le regard attendri d’Erwann, elles papotent ensemble quelques minutes avant que la star de la soirée, très sollicitée, ne se voit arrachée à cette entrevue.

Emma ne s’en offusque pas mais se cramponne à sa mère qui, comme Manuella, l’encadre telle une vigie. Avant de s’enfuir avec Clara, sa petite amie, Manon-Tiphaine promet à Emma qu’elles prendront le temps d’apprendre à se connaître dès que le calme sera revenu. La gamine acquiesce, et l’observe s’échapper à l’étage, talonnée de près par la superbe métisse à qui elle tient la main.

Après avoir rencontré Manon-Tiphaine, qu’elle considère déjà comme sa demi-sœur, Emma est présentée à Anthony, qui commence à se sentir comme une bête de foire primée. Il a beau essayer de jouer le jeu et faire des sourires forcés, toutes ces mondanités lui pèsent et il rêve de s’en échapper. Voilà pourquoi il prétexte une envie pressante pour couper court à cette entrevue qu’il considère comme une échauffourée. Erwann ne lui en tient pas rigueur, compréhensif. La situation est compliquée pour tout le monde et les circonstances, vraiment particulières. Entre lui qui vient de sortir de prison, son fils qu’ils viennent à peine de découvrir et sa nouvelle belle-fille qui fait irruption avec sa compagne dans leur vie, ça commence à faire beaucoup de nouveautés.

Et un nouveau bébé va bientôt pointer le bout de son nez par-dessus le marché...

Si son fils a pris la poudre d’escampette face à la gamine de onze ans, Erwann, lui, est ravi de rester à ses côtés. Il la prend en charge chaleureusement et lui propose de lui faire une visite guidée de la maison, notamment de la chambre qu’elle va occuper durant son séjour à la villa. Suivant les conseils de sa compagne, il a installé sa fille dans l’aile est, dans une mignonne petite pièce aux couleurs tendres, juste à côté de celle où logera Manuella. La « tante » et la « nièce » seront ainsi tranquilles dans cette partie plus éloignée de la maison et pourront se reposer quand elles le souhaiteront durant ces trois jours de festivités. Devancée par Erwann, Emma parcourt les dédales de la grande propriété les yeux ronds comme des soucoupes avant de manquer de se décrocher la mâchoire en découvrant la piscine couverte et chauffée.

— Voilà pourquoi ta maman t’a demandée de prévoir tes maillots de bain, explique Erwann en lui souriant façon grand écran.

En tant que beau-père nouvellement attitré, il est aux anges. Lui qui a perdu une de ses deux filles, bébé, il est enchanté à l’idée d’avoir une nouvelle petite à choyer. Manon-Tiphaine est grande et de plus en plus autonome et il sait qu’elle quittera bientôt le nid. Son fils est déjà un homme et n’a certainement plus besoin de leçons d’éducation. Alors avoir l’opportunité de s’occuper d’une nouvelle enfant est pour lui un immense bonheur. Après deux mois de calvaire, depuis qu’il est de retour chez lui, Erwann plane littéralement. C’est ému qu’il s’en ouvre à l’enfant :

— Je suis content que tu sois là, Emma, avec ta maman.

— Moi aussi, répond-elle, touchée par cette déclaration.

— Je sais qu’on n’a pas commencé sur de bonnes bases à cause de mon séjour en prison, mais ne t’inquiète pas, je me rattraperai. Ce que j’avais prévu à Disney ne sera pas possible pour le moment, car je suis assigné à résidence, mais je suis sûr qu’on trouvera d’autres façons de bien s’amuser. Il y a des parcs d’attraction plus proches qu’on pourra faire cet été, sur une journée. Et la piscine t’est ouverte à tout moment. Ta maman m’a dit que tu étais une vraie sirène.

Emma sourit, dévoilant ses canines en train de repousser.

— J’adore nager et chanter. Et je chante très bien, contrairement à maman, qui dit d’elle-même qu’elle chante comme une casserole. Et c’est vrai, crois-moi.

Erwann s’esclaffe, amusé par son franc-parler et son regard éloquent.

— On lui pardonne, elle ne peut pas avoir toutes les qualités non plus, dit-il avec un clin d’œil. Il y a un karaoké dans le salon. Quand l’anniversaire de Manon sera passé, et à chaque fois que tu séjourneras là, on pourra en faire, si ça te dit.

La gamine opine du chef, ses grands yeux verts, les mêmes que ceux de sa mère, pétillant de joie.

Non, décidément, Erwann ne peut pas être plus comblé qu’en cet instant.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Caroline Rousseau (Argent Massif) ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0