Chapitre 52 : Réveil en douceur à la villa

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En ce deuxième jour de festivités, la maison s’éveille peu à peu. Toujours prévoyant, Richard avait commandé des viennoiseries pour le petit-déjeuner des invités. Le personnel du service de traiteur de la veille est déjà sur le pied de guerre, en train de tout préparer pour le premier repas des convives encore présents sur les lieux.

Anthony a quitté son amant, discrètement, au petit matin. Bien qu’exténué par la charge de l’organisation de cette fête à rallonge, Richard l’a honoré comme il se doit, lui faisant passer, une fois de plus, une de ces nuits de plaisir dont il a le secret.

De son côté, après la discussion qu’il a eue avec Gwendoline, Quentin n’a pas osé faire d’avances à sa meilleure amie, encore trop peu sûr de lui. Cependant, l'ayant croisée au cours de la nuit passée, il partage désormais avec elle un secret lui donnant le sentiment d'une certaine complicité. Il sait que Manuella dort encore à Crozon ce soir. Il compte donc entamer sa parade nuptiale dès qu’il aura pris une douche, un café et qu’il aura raccroché ses couilles à son service trois pièces. Mais avant cela, il doit se décrasser en faisant un bon footing, son nouveau remède contre l'anxiété.

Emma a fini sa nuit dans le lit de Manuella, après avoir toqué à sa porte peu après son coucher. Sa tante l’a accueillie les bras ouverts, ravie d’avoir cette petite bouillotte humaine entre ses bras. À défaut de l’homme sur lequel elle a jeté son dévolu hier, elle a apprécié partager son lit avec la petite qui, pourtant, n’a pas arrêté d’essayer de l’assommer en lançant ses bras sur sa tête. Cette nuit mouvementée n’a pas entaché sa bonne humeur au réveil, bien au contraire. Sa rencontre fortuite avec Quentin, au milieu de la nuit et au détour d'un couloir, n'est peut-être pas étrangère à ce nouvel état d'esprit. Elle se dit qu’aujourd’hui est une nouvelle journée, pleine de possibilités, comme ne cesse de lui rabâcher sa meilleure amie. Il faut dire qu’à force de l’entendre toujours aussi positive et confiante, que Manuella le veuille ou non, Gwendoline commence à déteindre sur elle. Ce qui n’est pas un mal en soi, si cela lui permet de recouvrer l’espoir et d'envisager de vivre une jolie histoire avec le beau brun tatoué.

Erwann s’étire et vient se coller à sa compagne. Malheureusement pour lui, elle n’est plus dans leur lit. Il relève la tête et constate que la porte de la salle de bain est entrouverte. Il se lève, chancelant, et découvre Gwendoline sur le sol, la tête entre les genoux. Aussitôt, il se met à sa hauteur, inquiet :

— Un problème ? chuchote-t-il en lui posant la main sur le bras.

— Juste des nausées.

— Tu en as tous les matins ?

En posant cette question banale, Erwann réalise qu’il a manqué beaucoup de choses durant sa détention provisoire et s’en veut encore de ne pas avoir été là pour la soutenir.

— Les matins, les midis ou les soirs, ça ne prévient jamais, mais c’est assez fréquent, oui.

— Que puis-je faire pour t’aider ?

Elle relève la tête et lui sourit :

— Rien malheureusement, mais c’est gentil de demander.

— Je t’apporte le petit-déjeuner au lit ?

— Avec plaisir, mais seulement si tu le prends avec moi. Et demande à Emma de nous rejoindre, si elle le souhaite. J’ai peur qu’elle soit perdue dans cette maison, même avec Manuella à ses côtés.

— Bien sûr. Je prends une douche rapide et je fais ça. Tu veux que je t’aide à te rallonger ?

Elle acquiesce et se laisse portée jusqu’au lit, où Erwann surélève les oreillers pour soulager son estomac. Puis, il file sous la douche et descend au rez-de-chaussée, à la recherche de ses deux invitées. Il découvre Manuella et Emma dans la chambre de cette dernière, en plein fou rire, ce qu’il apprécie grandement. Leur bonne humeur est communicative et c’est en souriant qu’il les invite toutes les deux à prendre le petit-déjeuner là-haut. Ravies, elles opinent du chef de concert et le suivent. Manuella est déjà prête et douchée, ce qui n’est pas le cas d’Emma qui n’en a que faire de se balader en pyjama, ses cheveux longs librement en bataille autour de son visage encore chiffonné.

Tous les trois passent à la cuisine pour remplir autant de plateaux que leurs mains disponibles leur permettent de porter, et grimpent à l'étage, sous la houlette d’Erwann, pieds nus, en jean et sweat. Emma se jette la première sur sa mère, qui l’accueille aussitôt, les bras grand ouverts. Sa fille s’inquiète de la voir encore allongée, mais Gwendoline la rassure et prétexte une légère fatigue. Elle s’oblige à afficher une attitude plus avenante en s’asseyant bien droite, pour ne pas perturber Emma, qui n’est toujours pas au courant de sa grossesse.

Manuella la dévisage d’un air compréhensif, connaissant, quant à elle, les raisons de son apparence maladive. Erwann les couvre toutes les trois du regard et leur sert un petit déjeuner royal, digne des meilleurs breakfast des hôtels huppés. Emma se jette sur la nourriture comme si elle n’avait pas manger depuis trois semaines, ce qui fait sourire son beau-père, qui se souvient avoir vécu ces fringales avec son adolescente en pleine croissance.

Manuella, allongée sur le lit, positionnée comme en pleine orgie romaine, déguste son croissant en le trempant dans un chocolat chaud. Gwendoline picore quelques grains de raisin, priant pour que son envie de vomir la quitte rapidement. Tandis qu’elle mange, Manuella s’extasie de la merveilleuse suite des deux amoureux, avec son lit super king size et sa salle de bain attenante. Sans parler de la terrasse qui jouxte la pièce et sur laquelle elle peut voir un salon de jardin, idéal pour prendre son café dehors, au petit matin, à la belle saison.

Elle se lève et s’approche de la baie vitrée, et observe la mer au loin, se délectant de son repas autant que de la vue sur l’océan. Regardant en bas, dans le jardin, elle voit quelques personnes s’affairer à nettoyer les lieux, afin de les remettre en état pour la nouvelle journée de festivités qui s’annonce. Soudain, près de la piscine, son regard est attiré par la silhouette d’un homme en train de courir. Elle reconnaît d’emblée celle de Quentin, visiblement en plein footing.

— Erwann ?

— Hum ?

— Tu crois que j’ai une chance avec lui ?

Erwann se lève du lit, où il dévorait un pain au chocolat en tenant la main de sa chérie, et regarde par la fenêtre, dans la direction qu’elle vient de lui indiquer d’un signe de tête.

— Oui, tu as une chance. Mais il est en plein sevrage alcoolique et a beaucoup changé par rapport à ce que j’ai connu de lui. Il a pas mal perdu confiance en lui, voilà ce qu’il m’a dit.

— Donc, il ne fera pas le premier pas ?

— Possible que cela soit difficile pour le moment, effectivement.

— Mais je pourrais lui plaire ?

— Tu es son genre de femmes, oui.

— Vas-y doucement Manuella, intervient Gwendoline. Il est fragile et vulnérable, actuellement. Je l’ai vu lors de notre discussion d’hier.

— De quoi a besoin un homme qui est en plein sevrage alcoolique ? demande Manuella, très sérieuse.

— De patience, tente Erwann.

— De douceur, ajoute sa compagne.

— De rire, intervient enfin Emma.

— Exactement, renchérit sa mère. De légèreté et de joie de vivre, voilà de quoi il a besoin. Pour supporter le manque, l’envie de replonger, pour dépasser la peur de se noyer à nouveau. Rends-le heureux, fais-le sourire, mais pour le reste, laisse-le venir tranquillement.

— En gros, je dois lui faire un stand up, quoi ?

— Ben ça tombe bien ! C’est typiquement dans tes cordes, éclate de rire sa meilleure amie.

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