Chapitre 5
Ecrit en écoutant notamment : Kova & Impact Groove Remix - Demons of Pain [PsyTrance]
Alors que j’en reste littéralement cloué sur mon lit, j’entends quelqu’un arriver en courant. Mia, la petite sœur d'Alexis, déboule dans la chambre:
— Mais qu’est-ce qui se passe avec mon frère? Je l’ai croisé en montant, on aurait dit qu’il a vu une sex-tape de Gérard Larcher ! Et toi aussi, t’es tout blanc, qu’est-ce qui vous est arrivé à tous les deux ?
J’ai toute les peines du monde à produire un discours cohérent :
— Dis-lui que… si il est comme ça, … je ne veux plus le revoir… chez moi ! Sinon… qu’il vienne s’excuser, et… il… aura peut-être une chance ! Et... depuis quand tu sais ce qu'est une sex-tape ? Et encore plus qui est Gérard Larcher ?
Ignorant ma dernière remarque, elle poursuit :
— Mais enfin, qu’est-ce qui peut bien être aussi grave au point de pouvoir briser aussi soudainement votre complicité ?
— Tais-toi et va le voir !
Elle m’observe longuement, apparemment choquée par la violence de mon propos.
— Oh, je suis désolé de t’avoir parlé comme ça, c’est l’énervement !
— Ne t’inquiètes pas, j’y vais, mais si je n’ai aucune information sur la nature du problème, je vais galérer...
Devant ma frustration totalement improductive, elle quitte la chambre, désemparée.
Point de vue Alexis
Non mais je n’y crois pas ! Mon cousin qui est gay ! C’est… bizarre… et c’était difficilement prévisible ! Cependant, mes réflexions m’entraînent progressivement vers un sentiment de malaise, ce n’est quand même pas la fin du monde...
Que doit-il penser de moi, maintenant ? Et puis merde ! Je ne peux pas laisser la situation comme ça ! Je retourne vers la chambre, l’air bien penaud, histoire de lui montrer que, même si je n’ai pas encore assez réfléchi, et encore moins discuté de tout ça avec lui, je m’excuse inconditionnellement pour mon attitude, au nom de notre amitié. Je lui expliquerai bien que ça me fait bizarre, car dans la famille, nous ne sommes pas très tolérant sur le sujet. Mais finalement, je ne vois pas pourquoi je devrai avoir les mêmes opinions que mes parents ! Et il faudra qu’il me parle un peu de lui !
En sortant, je tombe sur ma sœur, qui me fixe quelques secondes, mais comme j’ai bien plus important à faire que de rester planté devant elle, je me dirige à nouveau vers la chambre de mon cousin.
Retour point de vue Michaël
Tiens, des pas dans le couloir ! Ceux d’Alexis, je pourrais les reconnaître entre mille ! Je suis partagé entre un sentiment de soulagement d’une part, de la crispation et de l’appréhension d'autre part, face à cette situation qui sera délicate à gérer. Quelle attitude adopter face à celui qui m’a horriblement déçu il y a quelques minutes ?
Heureusement, c’est lui qui se charge de prendre les choses en main. Et semblant vouloir réparer son erreur, il se jette dans mes bras et se met à frotter mon dos énergiquement. Lui qui est si peu tactile d’habitude, faire ça ? Cela doit vraiment vouloir signifier qu’il souhaite se faire pardonner.
— C’est bon, pas besoin de t’excuser, je ne t’en veux pas…
Il se redresse furtivement et plonge son regard dans le mien :
— Heureux que tu me dises ça. Tu ne peux pas imaginer comme je me sens encore con. Mais comprends-moi, si tu savais ce que pensent mes parents des personnes adorables comme toi! Mais je tiens quand même à me faire pardonner, qu’est-ce que je peux faire pour toi ?
— J’aimerais bien que tu m’embrasses, tu sais que je te trouve très mignon !
Il se met à rougir, et je vois que ses méninges tournent à plein régime. Son regard vague oscille de gauche à droite, indécis. Le voyant complètement perdu, mais prêt à me faire plaisir, j’interromps son malaise:
— Mais non, qu’est-ce que tu es bête à me croire, je te rappelle qu’on est cousins !
— Putain, toi aussi, t’es trop con !
— Par contre je n’oublie pas ce petit service que tu m’as promis. Bon allez, on redescend, le dessert devrait bientôt être servi ! On a de la chance, ma mère a fait un tiramisu aux framboises, tu verras, c’est une tuerie !
Nous dévalons alors les escaliers en nous chamaillant comme des gamins. Heureusement, mon frère était resté en bas sur son téléphone ; j’espère qu’il ne saura rien du petit incident de tout à l’heure. Ce n’est clairement pas le cas de Mia, qui va sûrement trouver nos changements d’humeur suspects. J’espère surtout qu’elle n’embêtera pas trop son frère avec ça…
Point de vue Mia
Tiens, mais qu’est-ce que je vois, Alexis et Michaël… Ils n’étaient pas censés se faire la gueule ? Je n’y comprends vraiment plus rien… Décidément, les mecs peuvent vraiment être particuliers quand ils s’y mettent. Il n’empêche que ça reste suspect ! Il s’est réellement passé quelque chose entre eux, et je compte bien découvrir quoi ! Mon pauvre frère, s’il savait ce que j’ai déjà appris de lui rien qu’avec son carnet ridiculement intitulé ‘Tableau de chasse de meufs’, qu’il pense bien caché dans sa chambre ! Et même en général, savoir ce que les mecs pensent de nous quand ils veulent nous draguer me sera sûrement bien utile !
Retour point de vue Michaël
Le week-end avec Alexis s’est bien terminé, mis à part le fait que désormais, j’ai un peu plus de mal avec ses parents.
Eux restent bien sûr adorables avec moi ; ils nous ont d’ailleurs offert nos places de cinéma avec Alexis pour dimanche après-midi. En fait, je suspecte très fortement qu’ils soient admiratifs devant mes résultats scolaires, et qu’ils aimeraient bien que leur fils soit au même niveau.
Cependant, je n'ai aucune idée de leur réaction dans le cas où ils découvriraient mon orientation affective. Peut-être seraient-ils déçus, peut-être reconsidèreraient-ils le cas des gays ?
Le lundi, pendant mon toujours aussi terrible cours d’allemand, je consulte mon portable et ouvre un message d’Alexis :
Tu sais que je t’adore, mon petit gay préféré, le week-end était génial ! On oublie définitivement ce petit moment ?
Je lui réponds que je ne comprends même pas pourquoi il y pense encore… En sortant de cours, Lilian ne peut pas s’empêcher de me taquiner:
— Bah alors, si le premier de la classe commence à être sur son téléphone pendant les cours, où va-t-on ?
Ma journée de cours achevée, je râle intérieurement contre mon bus qui reste bloqué par la circulation inhabituellement dense, et qui fait des boucles pour desservir des arrêts où il n'y pas un chat à l'horizon. Tout cela ne me laisse que dix minutes pour me préparer avant d’enfin partir à l’entraînement retrouver Morgan, lequel ne semble pas encore être là lorsque j’arrive au stade avec mon frère.
Annotations
Versions