Réveil
Mes yeux étaient ouverts et je ne voyais toujours rien. De longues minutes furent nécessaires pour reprendre mes esprits. J'étais étendu sur le ventre, les bras en croix, le nez dans une terre humide et froide. Après ce qui me parut une éternité, je réunis assez de force et de volonté pour me mettre sur le dos.
Le ciel était noir, privé de lune, mais piqueté d’innombrables étoiles dont la lointaine lumière peinait à percer l’obscurité. Alors que je tentai de me relever, je fus contraint de poser un genou à terre, pris d’étourdissement ; lorsque le monde cessa de tourner autour de moi, je pus enfin me tenir debout.
Mes yeux s'accommodèrent à la pénombre. Devant moi s’étendait une mosaïque de rectangles grisâtres parsemée de quelques bosquets rabougris et de fermes endormies. Dans mon dos, rien, les ténèbres, terrifiantes, comme si le monde commençait ici, ou plutôt comme s’il disparaissait derrière moi. Un frisson me parcourut alors que je contemplais ce néant.
Soudain, une lueur apparut au-dessus de ma tête. Puis une vague d’étoiles scintilla le temps d’un clignement d’œil. Cette brève illumination me permit de distinguer une pente abrupte, presque un mur, couverte d’herbe rase. Chaque perle de rosée reflétait ce halo de lumière. Je me trouvais en contrebas d’un imposant talus, visiblement artificiel, et dont le sommet se perdait dans le brouillard nocturne qui roulait le long de la pente.
J'entrepris de la gravir pour rejoindre la lumière. La pente était si raide et si glissante que je finis par ramper, rendant ma progression lente et laborieuse. J'atteignis une portion presque horizontale, dépourvue de végétation ; en tâtonnant, ma main rencontra une surface rugueuse qui me fit immédiatement penser à du bitume. Une route.
Je me hissai jusqu’au sommet et m’assis pour reprendre mon souffle, adossé à une interminable rambarde en métal qui se perdait dans la nuit. Une autoroute.
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