Message d'espoir
Favre regarda les deux voitures s’éloigner, emportant avec elles les deux seules personnes qui auraient pu relancer l’enquête. Il dégaina son téléphone et appela Soubray.
— Commissaire, je viens de faire le point avec Bekri et Bromard.
— Oh merde, Favre, ça n’a pas l’air d’aller très fort. Tu me sers du « commissaire » maintenant ?
— Tu as lu leurs rapports ?
— Oui, j’ai lu leurs rapports. Ça m'a l'air limpide. Qu’est-ce que tu veux ?
Il décela de l’exaspération dans cette dernière phrase. L’inspecteur hésita. Cette affaire méritait-elle qu’il se grille définitivement auprès de la seule personne qui avait encore un peu de considération pour son travail ?
— Ils dégagent toujours l’autoroute jeudi ?
— Oui, à la première heure, répondit Soubray avec un ton qui laissait entendre qu'il était inutile d'en discuter.
Il avait donc encore une journée et demie. Un délai misérable à l'issue duquel son champ d'investigation se cantonnerait aux lignes et aux colonnes d'un tableur.
— Je peux avoir combien d’hommes cette semaine pour compléter les conclusions de l'enquête ?
À l’autre bout du fil, le silence s’éternisa. La réponse fut d’un calme surprenant, typique des vraies colères du commissaire.
— Aucun. Pour moi, elle est close. Tu as jusqu’à vendredi pour le procès-verbal.
Favre n’insista pas et mit un terme à la conversation. De toute évidence, l’enquête touchait à sa fin et il n’aurait pas le temps de fourrer son nez dans les données de Bromard : c’était une botte de foin monumentale, et il ne savait même pas s’il y avait une aiguille dedans. Il commença à se demander pourquoi il s’acharnait autant à répondre à des questions que personne ne semblait se poser.
En raccrochant, il remarqua la petite icône sur l'écran de son téléphone signalant la réception d’un message, en provenance d'un numéro qu’il ne connaissait pas.
« SVP. Alexia Cantrell. »
La jeune idiote de tout à l’heure. Il l'avait presque oubliée. Il n’eut pas le temps de bougonner, un blip joyeux indiqua l’arrivée d’un nouveau message. Du même numéro.
« Désolée pour ce matin. :-/ Nous voulions juste nous rendre utiles.»
Même à distance, elle parvenait à l'agacer. Favre se fendit d’une réponse, sans originalité. Et pour cause, elle n’avait pas varié depuis son dernier café.
« Vous aurez votre procès-verbal vendredi. »
Il fit quelques pas énergiques le long de la glissière, se surprenant à jeter des coups d’œil sur son téléphone, espérant qu’elle insiste encore pour se défouler de nouveau. Il attendit donc une réponse, mais il ne s’attendait sûrement pas à celle-là.
« Je sais ce qui cloche dans cet accident. »
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