Du CP à la terminale
Pour illustrer tout ce que je vous ai dit dans le chapitre un, ça vous dit des faits? Je ne peux pas parler à la place des autres victimes, mais il reste mon histoire.
Je suis arrivée au CP avec 15 jours de retard. Non mes parents d'avaient pas pris leur temps, j'étais en maternelle à la base. En dernière section. Le fait que je sache lire, écrire et compter a alerté la directrice qui, après des tests, m'a faite passer au CP. Dans la pire classe possible. La maîtresse aimait frapper les élèves. J'en ai souvent fait les frais, en sport. Un autre élève s'est même un jour retrouvé avec la trace de sa bague incrustée dans sa joue.
Très vite, les moqueries ont commencé, puis les coups. La maîtresse fermait les yeux, les enfants en profitaient. Ma seule chance a été d'avoir 3 amis prêts à tout pour me défendre tant qu'ils ont pu. Mais ils n'ont pas pu me protéger tout le temps.
Tout au long de ma primaire, je rentrais avec des bleus, décoiffée, sale... Mais cela n'a jamais alerté personne. Une fois, mes parents ont vu un énorme bleu sur ma cuisse. Mon père a voulu porter plainte... ma mère a refusé. Elle ne voulait pas gâcher la vie de la jeune fille qui m'avait fait ça. Elle a ruiné la mienne. Je ne pouvais même plus lui parler de ce qu'il se passait.
Au collège, ça s'est intensifié. Un élève a même essayé de me faire passer pour une raciste, ça a fini dans le bureau du proviseur. Heureusement, ma bonne réputation m'a sauvée... Le plus gros souci était qu'une partie de mes bourreaux habitait dans le même lotissement que moi. Ils pouvaient donc me suivre sans paraître suspects... et s'en prendre à moi dans les endroits isolés.
Un jour, une d'entre elles s'est faite prendre. Elle a fini chez la CPE qui a pris la décision de l'exclure. La mère est venue réclamer que je le sois également. Elle cautionnait totalement le comportement de sa fille... qui est devenue prof. Je ne sais pas si elle a changé, je le lui souhaite et je le souhaite à ses élèves, en tous les cas je lui ai pardonné ainsi qu'aux autres. Bref, j'étais couverte de bleus, d'égratignures, j'avais une croûte sur l'oreille parce qu'elle avait tiré fort sur une boucle au point de me faire saigner, mais je devais être exclue parce que, vous comprenez, ce n'était pas juste pour sa gentille et innocente fille. Heureusement, la CPE lui a montré le ridicule de la situation, puis la porte.
Sans transition, un de mes pires traumatismes psychologiques date du lycée. J'essaye de vous raconter une anecdote par période scolaire, sinon ça peut durer des heures.
J'allais prendre le bus et j'ai vu un groupe de jeunes me regarder et rire. J'avais l'habitude. Comme tous les jours, je suis montée, comme tous les jours, je me suis installée, comme tous les jours... non pas comme tous les jours cette fois, une des jeunes a demandé à passer une piste d'un CD gravé au chauffeur. Ce n'était pas inhabituel et il a accepté. C'était une chanson qui parlait de moi. Pas en bien... Le chauffeur n'a même pas réagi et a laissé l'élève faire passer ce morceau en boucle pendant les 20 minutes que duraient le trajet. En sortant du bus, en larmes, je pensais être tranquille. Je me suis dirigée vers la cafèt boire un café pour me requinquer avant les cours. Physique/chimie, autant vous dire que je n'étais pas motivée...
Devinez quoi?? Le même morceau passait à la cafète. Je suis montée devant la salle de classe, ait attendu la sonnerie puis le prof. Je me suis assise à ma place et là, quelqu'un m'a demandé si la chanson qui passait à la cafétéria parlait bien de moi. Je me suis écroulée, en pleurs. Le prof m'a laissé aller à l'infirmerie avec une élève qui me soutenait. On a croisé le principal, l'élève lui a tout expliqué. Les coupables ont été trouvés, exclus quelques jours. C'est tout. Si, le CD a été confisqué.
Une des élèves était la fille d'une connaissance à ma maman. Pour ne pas la mettre dans les ennuis, ma mère a encore refusé de porter plainte. Aller en cours me filait des crises d'angoisse, mes TCA se sont aggravés... Encore aujourd'hui, j'entends cette chanson dans mes cauchemars.
L'aspect physique du harcèlement est grave, mais l'aspect psychologique aussi. Ne laissez personne infliger ça à quiconque ! Même si vous pensez que c'est mérité. Personne ne mérite ça, personne. Si vous voyez un enfant souffrir de harcèlement, allez le voir. Que ce soit un ami ou pas, cela peut tout changer pour lui !! Et pensez aux numéros présents dans le chapitre 1 et la description de ce texte !
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