Hier soir à jour failli, notre humeur était à la nostalgie, lorsque soudain, toi, notre cher ami, tu as ressurgi dans notre esprit.

Encore aujourd’hui, nul ne sait pourquoi tu as disparu, ni pour qui.
Il ne s’était pas agi d’une disparition du jour au lendemain comme il s’en trouve parfois.
Tu n’as pas fui. Non. Peu à peu, tu t’es évanoui. D’heure en heure, des bouts de toi s’effaçaient.

Nous ne savions l’expliquer, toutefois les suppositions ne manquaient pas.

Beaucoup croyaient que la résignation avait fini par te consumer, peut-être à cause d’espoirs piétinés, d’attentes insupportables, ou d’un rêve au-dessus de tes moyens.

La peur, pensaient quelques-uns, avait dû jouer un rôle. La peur de la bêtise ambiante, sans cesse grandissante, dans ce monde peuplé de couards de plus en plus inertes et soumis.

Certains disaient qu’un chagrin t'avait foncé dessus, puis s’était engouffré dans ta tête pour y demeurer à jamais comme une migraine impossible à apaiser.

Il y en avait même pour imaginer que quelque chose avait planté l’hiver en plein cœur de ton été. Quelque chose, ou plus sûrement quelqu’un.

Toi, l’ami de nos jeunes années, tu as disparu. Petit à petit, en silence. Inutile désormais d’en chercher la raison. Personne, jamais, ne la connaîtra.