Perdons-nous
T'es une sorcière qui drogue. Déjà à la plage, ton habitat naturel à toi, belle sirène qui refusait de se baigner parce que c’était trop froid. Déjà je te voulais en boucle. Tout de suite j’ai plongé dans l’Océan glacé pour que tu regardes ce prétendant qui aurait nagé, nagé jusqu’aux abysses où voir ton pays natal. Oh que je le voulais, ton regard. Hélas, je suis juste revenu presque tout gelé, échoué devant toi j’ai posé l’ancre d’une épave déçue, déchue, et ça ne t’a rien fait. J’en voulais encore, toujours de cette éternité dans tes yeux.
La recherche de ces doses de toi ne s'arrête pas sur tes plages. Je plongeais ailleurs, partout je te voulais toute entière et dans chaque chevelure il y avait ton reflet. Elles n’étaient que des spectres, une pauvre copie c'était pas assez, et les dealers ne fournissent pas ce genre de rêve, ils ne connaissent que la poudre et l'herbe de la plèbe. Avec toi je noie dans cet univers qu’aucun explorateur ne connaît. Je veux te découvrir. Quitter l’insipide quotidien. Boire ta peau pour échapper à la vulgarité du reste.
Ce réel que je fuis revient en une grosse claque dans la gueule tandis que tu t’éloignes. Je retourne à la surface et réalise que tu n'es ni sirène ni sorcière, pire : tu es tout à fait banale, une fille ordinaire.
Non, c'est faux. On se fiche de ce que pense le réel, ce diktat de l’ennui, fadeur prévisible. Le réel est un sale charlatan, un cafard qui ne nous intéresse pas. Non, t'es cette fantastique créature qui se pavane au soleil, avec sa dégoûtante arrogance de déesse que j'adore, sur les sables, sur les rochers où bronze ton corps qui chante.
Non. Tu es cette sirène quoi qu'il arrive, sinon la vie n'aurait pas de sens.
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