Un chasseur sachant chasser
Mardi 20 mai, New York
Le voyage lui avait semblé interminable. Pékin – New-York via Paris représentait plus de quinze heures de vol. Lorsque l’avion était passé au-dessus de l’Italie, le pilote avait fait une annonce dans le micro. Par le hublot, elle avait aperçu les premières lumières de Rome au loin sur la gauche. Le souvenir de ce qui s’était passé dans cette ville était toujours vivace, comme une vieille douleur ravivée par temps humide et gris. Au moins, lui restait-il la satisfaction d’avoir rendu justice à sa manière… radicale !
Après s’être enfuie in extremis de l’hôtel Plazza, elle s’était terrée un moment dans la campagne milanaise, avant de quitter l’Italie pour la Slovénie, la Croatie, la Hongrie. Elle avait sillonné l’Europe jusqu’aux pays Baltes, laissant derrière elle un discret sillage qui plongeait les polices nationales dans une perplexité indifférente. Des vieux qui meurent, quoi de plus normal ? Des jeunes qui disparaissent ? Dans le monde actuel, le stress en fait fuir plus d’un.
Elle avait traversé la Russie jusqu’à Kurta en Ossétie du Sud, un territoire très montagneux situé dans le Caucase. Elle y était restée juste assez longtemps pour voir Anatoli Bibilov mettre en place son gouvernement. Afin de bénéficier du chaos créé par les zones de guerre syriennes et irakiennes, elle était passée par l’Ouzbékistan, le Turkménistan, l’Iran et le golfe Persique avant de s’arrêter quelque temps dans une hacienda en Arabie Saoudite où elle avait séduit un jeune serviteur. L’effet de la sève durait de moins en moins longtemps. La course incessante pour sa vie s’accélérait.
Après avoir franchi la Mer Rouge, elle était arrivée dans la banlieue d’Asmara, capitale de l’Érythrée. Le pays, transformé en prison à ciel ouvert par Issayas Afeworki, était fui par trois à quatre mille jeunes par an. Autant d’essences susceptibles de la nourrir sans que leur disparition n’inquiète les autorités, trop occupées à surveiller les frontières pour enrayer l’exode. Surnommé la Corée du Nord de l’Afrique, l’endroit était loin d’être sûr, aussi avait-elle préféré s’orienter rapidement vers le Golfe d’Aden et la mer d’Arabie. Chaque voyage en bateau lui rappelait le seul échec masculin qu’elle eût jamais essuyé : Richard Neal. Heureusement pour elle, le monde était dirigé par des hommes qu’il lui était facile de manipuler, rendant ses déplacements plus fluides. Franchir un poste de contrôle s'effectuait en un regard pour elle.
Elle parcourut l’Inde d’est en ouest, puis engloutit le Népal qui la séparait de la Chine. Elle s’installa quelque temps dans cet immense réservoir d’âmes. Durant son parcours, elle était tombée sur divers articles people décrivant le déroulement de l’enquête à Rome. La presse mondiale évoquait souvent Fidacci, le célèbre homme d’affaires disparu. La police italienne piétinait. Au début, la piste de l’enlèvement avait été privilégiée puis, en l’absence de demande de rançon, ça avait été celle du crime crapuleux. Le cadavre aurait été enterré quelque part dans la campagne romaine. Certains témoignages hasardeux prétendaient que Fidacci était bien vivant, qu’il coulait des jours heureux, retiré sur une île polynésienne loin du tumulte des affaires en compagnie de la belle inconnue, jamais retrouvée non plus. On avait brièvement cru tenir une piste, un matin, en découvrant un cadavre dans une décharge où les camions-benne venaient chaque jour vomir leur butin… Mais il s’agissait d’un vieillard inconnu, un sans-abri probablement. Elle seule savait qu’il s’agissait d’un individu ignoble, son violeur, qu’au prix d’un terrible effort, elle avait basculé dans un container à ordure puis recouvert de sacs poubelles.
Se débarrasser de Fidacci avait été plus compliqué. Elle avait dû descendre son corps sur un chariot de service et le faire disparaître dans les Roma sotterranea. Les catacombes de la ville sont une ancienne carrière, véritable labyrinthe chaotique oublié de tous, ou presque. Elle avait parcouru quelques dizaines de mètres en traînant la dépouille, puis l’y avait abandonnée.
C’était la première fois qu’elle revenait à New York depuis qu’elle l’avait quittée deux ans auparavant. Dans le taxi qui l’emmenait vers Harlem, elle fit mentalement le point sur ce qu’elle savait. La presse new-yorkaise avait évoqué la disparition de quelques jeunes femmes. Toujours le même profil. Peu à peu, elle avait acquis la conviction d’avoir découvert l’identité de celui que les journaux avaient surnommé The Dark Souls Thief. Il était dangereux et elle devait en débarrasser la ville. Sa ville.
Tout concordait. Le fameux soir où Neal l’avait invitée sur son bateau avant de lui préférer la serveuse disparue. Sa certitude que sa « collaboratrice » ne les dérangerait pas. Pourtant, elle ne pouvait se résoudre à ne voir en cet homme qu’un monstre froid. Le souvenir de son regard enveloppant lui procurait des frissons. Loin d’être glaçants, ils la réchauffaient toute entière.
« Stop ! » ordonna-t-elle.
Le chauffeur s’arrêta devant la boutique. La façade n’avait pas changé. Elle descendit, poussa la porte. Derrière le comptoir se tenait Fisher. Il leva un œil interrogatif.
« Je cherche Richard Neal. Vous savez où je peux le trouver ? »
Le commerçant l’observa bizarrement.
« Je n’ai pas revu monsieur Neal depuis deux mois. Il a soldé son compte et disparu. »
Elle resta un instant interdite. Sa dernière piste s’évanouissait. Le commerçant se racla la gorge :
« Hum… Il a réglé ses affaires courantes, il est parti en Europe. En Grèce, je crois. Oui, c’est ça, les îles grecques. »
Retour au point de départ. À quand remontait la dernière disparition relatée dans la presse ? Ça devait bien faire trois mois. Ça collait avec le départ de Neal.
Elle ressortit de la boutique, dépitée. Sur le chemin du retour, à la recherche d’un nouveau taxi, elle aperçut l’enseigne du Cotton Club. Lui revinrent en mémoire les derniers instants qu’elle avait passés avec Neal, ses regards, le contact de leurs doigts se frôlant… Son cœur s’accéléra, sa respiration se fit profonde. Malgré le nombre d’hommes qu’elle avait étreints depuis, elle se souvenait encore de son parfum, de son odeur animale, enivrante. Elle vérifia son apparence dans le reflet de la devanture. Elle avait déjà changé, mais pas au point de perdre son charme.
Elle prit rapidement sa décision. Un bon repas, discret, puis elle prendrait le prochain vol pour la Grèce. Elle avait tenté pendant deux ans de passer outre son attirance sans y parvenir, mais c’était fini. Elle devait aller au bout de son intuition. Quelque chose la poussait vers cet homme. Il lui fallait découvrir son secret.
Samedi 8 juin
Adesmevtos Typos
DISPARITION D’ALEXANE PETRAKOS
Alexane Petrakos, fille de Peter Petrakos, richissime dirigeant du groupe hôtelier Taxos, est portée disparue depuis 48 heures. Aucune rançon n’a été réclamée. Son père offre une récompense à quiconque apportera des éléments de réponse quant aux circonstances de sa disparition.
Alexane était attendue jeudi matin au Taxos Beach Hôtel de Gáïos dont elle assure la gérance. Elle ne s’est jamais présentée. Plus d’éléments en page 6.
Dix jours qu’elle était en Grèce. Elle avait épluché la presse nationale à la recherche d’un indice. Elle avait également écumé tous les ports de la côte en espérant croiser Neal. À court d’idées, elle pensait repartir rapidement. Elle avait déjà laissé quatre corps derrière elle, sans compter celui abandonné dans la soute de l’avion qui l’avait déposée à Athènes. Cet article à la une du quotidien lui redonnait espoir. La photo qui l’accompagnait la confortait dans son idée. Blonde aux yeux clairs, la femme disparue avait tout au plus vingt-cinq ans. Elle était d’une grande beauté et d’une classe évidente. Son cœur se mit à battre un peu plus fort, son souffle s’accéléra. Elle décida immédiatement de se rendre à Gáïos. Elle n’avait défini aucun plan. L’improvisation serait sa meilleure arme.
En descendant de l’hydroptère, elle découvrit un petit port de pêche dont la baie était fermée par un îlot. Le trajet depuis Igoumenitsa avait duré une heure. Elle erra une dizaine de minutes avant de s’asseoir à la Taverna del Pirata. Deux familles de vacanciers étaient occupées à siroter leur consommation. Le serveur vint prendre sa commande. Elle répondit dans un grec quasi-parfait.
« Vous n’êtes pas une touriste, s’étonna-t-il.
— Non. Je travaille dans les assurances. Je suis ici pour régler une affaire concernant Alexane Petrakos.
— La femme qui a disparu ? C’était la gérante du Taxos Beach Hotel.
— Vous pouvez m’indiquer le chemin le plus rapide pour me rendre chez elle ?
— C’est facile. Il suffit de longer la côte vers le sud. Si vous êtes véhiculée, c’est à cinq minutes à peine. »
Elle considéra le serveur de la tête aux pieds. Mhhh ! Mais non. Elle devait s’ôter cette idée de la tête. L’île était minuscule, Gáïos encore plus. Elle ne pouvait pas se permettre de laisser des traces trop visibles derrière elle.
« Vous connaissez madame Petrakos ? s’enquit-elle.
— Je l’ai croisée parfois. Elle venait régulièrement au marché. C’était une très belle femme.
— C’était ? Vous pensez qu’il lui est arrivé quelque chose ? »
Le serveur parut embarrassé :
« Elle avait une belle situation. Elle était en train de faire construire un peu plus loin sur les hauteurs et venait d’acheter un bateau. Elle n’avait aucune raison de disparaître du jour au lendemain.
— Un bateau ? »
L’information avait fait tilt. Mais le visage du serveur se referma pour de bon.
« Je vous rapporte votre commande, madame. »
Quand il revint, elle avait disparu…
Elle observait le port. Les bateaux de toutes tailles se balançaient mollement sur une mer Ionienne paisible. Ceux des pêcheurs étaient parfaitement reconnaissables à leur état général, aux casiers poisseux qui encombraient leur pont, aux peintures défraîchies. Les autres dressaient fièrement leurs mâts vers le ciel et étaient équipés de moteurs hors-bords flambants neufs. Impossible de repérer celui qui aurait pu appartenir à Alexane Petrakos. D’ailleurs, peut-être était-il amarré devant le Taxos Beach Hôtel ? Avait-il seulement été livré ?
Elle avisa un homme d’une cinquantaine d’années qui transportait des caisses sur un diable ; probablement un pêcheur qui se rendait à sa coque de noix.
« Vous savez s’il y a des bateaux à vendre par ici ? »
Il grommela sans répondre. Elle insista :
« On m’a dit que celui d’Alexane Petrakos était disponible. »
Le pêcheur s’immobilisa et la considéra attentivement, un mégot coincé au coin des lèvres.
« La gérante de l’hôtel ? lâcha-t-il enfin. Ça m’étonnerait.
— Vous la connaissiez ?
— Pas vraiment. Elle ne se mêlait pas à la population.
— Elle était mariée ?
— Non. Elle vivait seule.
— Elle avait un… petit ami ? »
Elle avait failli dire un amant. Le visage de l’homme se referma. Elle n’en tirerait plus rien d’intéressant.
« Vous savez, on est sur une petite île ici. On n’aime pas trop les curieux. Vous ne devriez pas poser tant de questions.
— Vous savez où elle est amarrée ? » cria-t-elle sans relever la mise en garde alors qu’il repartait avec son chargement.
Sans se retourner le pêcheur indiqua une vague direction à l’autre bout du port.
Localiser le bateau d’Alexane ne fut plus qu’une formalité. Un seul correspondait à un bâtiment récent. Les films plastiques destinés à protéger certaines parties métalliques de la corrosion étaient encore en place. Elle s’approcha. Décidément, madame Petrakos ne s’était rien refusé, à croire que l’hôtellerie sur Taxos était une activité florissante. La vedette qu’elle s’était offerte devait atteindre les seize mètres et comptait au moins trois cabines. Elle pouvait convenir aussi bien à la pêche en mer qu’au nautisme de plaisance avec son vaste espace bain de soleil à l’avant.
Elle jeta un rapide regard circulaire. Par chance, il y avait peu de monde. La plupart des pêcheurs devaient être en mer. À cinquante mètres, un marin était occupé à transvaser un bidon de carburant dans le réservoir de son embarcation. En face, près des premières maisons, deux gosses jouaient entre des piles de casiers. Dans le ciel marin, quelques mouettes et goélands piaillaient en rond à la recherche de restes sur la plage. Posément malgré ses talons, elle releva légèrement sa jupe et franchit le demi-mètre qui séparait la vedette du quai, enjamba le bastingage et le plus naturellement possible, entreprit d’en faire le tour.
Le cockpit était fermé à clé. Des bandes de scotch aux couleurs de la police judiciaire grecque et plusieurs scellés en interdisaient symboliquement l’entrée. Elle se pencha et scruta l’intérieur, les mains en visière pour se protéger des reflets. Personne, pas un mouvement. Ses yeux se posèrent soudain sur quelque chose qui pouvait l’intéresser. Abandonné sur le tableau de bord dans sa pochette transparente d’origine, se trouvait le carnet d’entretien. Dessous, elle apercevait un autre livret, probablement le manuel de première mise en route. Quelques feuillets en dépassaient, pourquoi pas les documents officiels – une facture ? – qui lui donneraient le nom de la société par laquelle avait transité le bateau ?
Elle testa la résistance des vitres en forçant de tout son poids et grimaça. C’était un genre de plexiglass. Elle se redressa. À l’autre bout du quai, le pêcheur avait terminé le plein de son réservoir et rassemblait ses bidons. Il fallait faire vite. Elle chercha un objet, n’importe lequel, qui puisse lui servir à fracturer une des baies du cockpit. Mais rien ne traînait. Ah si ! Un extincteur ! Elle ôta son gilet et entoura l’objet pour ne laisser aucune empreinte. Elle le décrocha, se campa solidement sur ses jambes, fit plusieurs mouvements de balancier et, d’un coup sec, frappa le pare-brise. Plusieurs tentatives lui furent nécessaires avant de parvenir à creuser un espace suffisant pour passer la main et s’emparer de la pochette. Elle reposa l’extincteur, renfila son gilet puis tria rapidement le contenu de sa prise, surveillant toujours le pêcheur du coin de l’œil. Celui-ci avait interrompu sa tâche et levé la tête dans sa direction. Elle poussa un soupir de soulagement en mettant enfin la main sur ce qui l’intéressait : une chemise cartonnée contenant titre de navigation, dossier d’assurance et surtout le contrat de vente avec bon de commande et facture. Rapidement, elle remit le reste en place puis se redressa. Le pêcheur avait abandonné ses jerricans et se dirigeait nonchalamment vers elle. Inutile de fuir, surtout en jupe serrée et talons hauts. Le cœur battant, elle enjamba la main-courante dans l’autre sens et se retrouva sur le quai.
« Quelque chose ne va pas ? »
La prenant pour une touriste, le pêcheur s’était adressé à elle dans un mauvais anglais. Elle ouvrit le dossier fit mine de le consulter avant de répondre dans un grec impeccable :
« C’est bien le bateau de Madame Petrakos ? Manifestement il a été victime d’une effraction. »
Le pêcheur roula des yeux comme des billes. Elle l’entraîna vers l’avant en faisant claquer ses talons, lui désigna les impacts, le pare-brise endommagé, l’extincteur qui gisait sur le pont.
« Vous avez entendu quelque chose ? Vous êtes là depuis ce matin ?
— Je n’ai vu personne. Ça a dû se passer la nuit dernière. La police est venue inspecter le bateau hier matin et tout était en parfait état.
— Vous êtes sûr ? C’est ennuyeux. Je représente la compagnie qui assure ce bateau, indiqua-t-elle en lui tendant la carte de visite de la société d’assurance qu’elle venait de dérober dans le dossier. Je venais vérifier si le contrat souscrit par madame Petrakos était en règle. Elle ne nous a signalé aucun sinistre, c’est regrettable. »
Elle referma son dossier d’un coup sec. Le pêcheur, décontenancé, affichait malgré lui un air coupable. Elle le considéra avec attention. Tout à l’heure, de loin, elle lui aurait donné une bonne cinquantaine. Son attitude, sa casquette rabattue sur les yeux, sa barbe de trois jours et son teint hâlé le vieillissaient prématurément. À bien y regarder, il n’avait pas plus de trente ans.
« Vous savez à quelle heure est la prochaine navette pour le continent ? » demanda-t-elle.
Le pêcheur se gratta la tête. Des épaules larges, un torse puissant. Mhh ! Seule l’odeur de gazole était de trop. Il se troubla sous son regard :
« Je… heu… ce soir dix-sept heures.
— Pas avant ? » minauda-t-elle.
Elle réfléchissait, un pêcheur de plus ou de moins sur une île qui en regorgeait, était-ce si important ? De plus, il l’avait surprise sur la vedette d’Alexane Petrakos. Si la police revenait, elle poserait des questions.
« C’est votre bateau là-bas ? Vous pourriez me ramener à Igoumenista ? Je vous paierai. En espèces, bien sûr. On pourrait se retrouver ici dans, disons une demi-heure. Ça vous laisserait le temps de vous changer et d’aller prendre une douche, ce qui ne serait pas du luxe, entre nous. »
Dimanche 9 juin - Corfou
17h12.
Elle se remémora une dernière fois les événements de la veille. Elle avait attendu quarante minutes sur le quai, de plus en plus agacée. Le pêcheur était enfin apparu vêtu d’une chemise neuve aspergée d’eau de toilette bon marché. Il s’était même rasé, découvrant un visage tendre mais solide de jeune grec dans la force de l’âge. Leur chevauchée fantastique en mer Ionienne, loin des côtes, avait été une bonne surprise, bien plus puissante et savoureuse que prévu. Fermant à demi les yeux, elle avait imaginé que c’était Neal qui haletait sous elle jusqu’au don final. Basculer le corps par-dessus bord n’avait été qu’une formalité. Elle l’avait regardé dériver lentement, jusqu’à n’être plus qu’un point minuscule, avant de redémarrer le moteur et de mettre le cap sur le continent. La petite crique qu’elle avait abordée était déserte. Sur la plage, elle avait retiré ses vêtements, les avait soigneusement pliés puis déposés sur le sable avec les documents. Elle était remontée à bord, avait nettoyé ses traces, retourné le bateau vers le large, bloqué la barre et mis les gaz à fond. D’un plongeon parfait, elle avait abandonné le navire et regagné la plage à la nage. Elle s’était allongée quelques minutes sous le soleil de fin de journée pour se sécher.
C’est seulement à ce moment-là qu’elle avait pris le temps d’examiner ce qu’elle avait dérobé sur Taxos. Le contrat de vente spécifiait non seulement le nom de la société vendeuse, mais aussi celui de l’intermédiaire, un certain Richard Cristopoulos. Il précisait même son numéro de téléphone. Elle avait appelé, le cœur battant. C’est la voix de Neal qui avait répondu. Elle s’était présentée en grec sous le nom d’Hélène Theotókis et avait expliqué être en train de profiter des bonnes opportunités qui se présentaient avec la crise grecque pour investir dans l’immobilier sur Corfou. L’homme s’était montré courtois, mais méfiant. Pourquoi s’adresser à lui ? Par qui avait-elle eu sa ligne directe ?
« C’est un ami qui vous a recommandé. Je suis à la recherche d’un bateau de huit à neuf mètres environ. »
Il ne semblait pas avoir reconnu sa voix. Rendez-vous avait été pris le lendemain en fin de soirée.
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