Normandie-Autriche d'une seule traitre...

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Vendredi 31 Juillet 1970 – 21H30…

  …C’est parti !... Les premiers kilomètres se font à allure réduite. Trois jours avant le départ, j’avais testé le comportement de la voiture avec la galerie chargée des cantines et avais pu constater que la prise au vent jouait sensiblement sur les performances et sur la consommation… mais, là, à pleine charge, non seulement, il y avait déperdition des performances mais aussi une forte tendance au roulis en virage. Cela exigeait d’adopter une conduite coulée et prudente. Ainsi, pour parvenir à Chartres distant de 120 km de notre point de départ, nous avons mis deux bonnes heures…  Comme prévu, lors de cette première halte, nous sommes allés chanter sur le parvis de la célèbre Cathédrale Beauceronne : sur l’air de « l’hymne à la joie » du grand Ludwig van Beethoven, ces magnifiques paroles :

Peuples, des citées lointaines
Qui rayonnent, chaque soir,
Sentez-vous vos âmes pleines,
D’un ardent et noble espoir …
Luttez-vous pour la justice ?          
Etes-vous déjà vainqueur ?             
Ah ! Qu’un hymne retentisse,          
A vos chœurs, mêlant nos cœurs !  
 
 
Si l’esprit vous illumine,
Parlez-nous à votre tour,
Dites-nous que tout chemine,
Vers la paix et vers l’amour.
Dites-nous, que la Nature,             
Ne sera que joies et fleurs               
Et que la Citée future,                     
Oubliera le temps des pleurs !  
      

 Cet hymne, entonné par les six jeunes que nous étions,  à 11H45 du soir, face au magnifique portail occidental de Notre Dame de Chartres dont les deux clochers élancés se découpent sur la voûte étoilée de cette belle nuit d’Été, ça vous donne la chair de poule et voue embue le regard … Nous avions déjà l’Europe au cœur dans ces temps là… et aussi, cette grande foi dans l’avenir comme on peut l’avoir à 25 ans…   Il est minuit et demi quand nous quittons Chartres. File le ruban gris bleu de la route… au fur et à mesure que nous progressons, je m’habitue à la conduite de l’Anglia si bien lestée et, sans avoir le pied, lourd, on cadence tout de même à 80 – 90… Ça tourne rond sous le capot et la température moteur se maintient dans la norme sur le thermomètre du tableau de bord … Il fait bon, on roule glaces à demi baissées. Faire de la route de nuit quand on est jeune c’est un véritable délice, et plus encore, pour celui qui a le volant en main…je jubile !  Je pense qu’il en est de même pour Daniel qui nous suit au volant de la Simca 1000 dont le regard jaune de ses petits phares ronds se réfléchit dans le rétroviseur. On ne se perd pas de vue …      


Samedi 1er Août : A 5 heures du matin, nous passons à Colombey-les-deux-églises … Une pensée au Général qui, à cette date, vit les derniers mois de son historique existence … 6 H 30 , nous  parvenons à Chaumont … A 40 kilomètres de Vesoul ( « J’ai voulu voir Vesoul … et on a vu Vesoul, j’ai voulu voir la mer et on a vu ta mère » … Vous vous souvenez du Grand Jacques Brel … ), arrêt pipi derrière un remblai … 7 H 40 - Lure : On a parcouru 644 km : arrêt, ravitaillement en essence pour l’Anglia et petit déjeuner réconfortant pour tous … Le soleil joue à cache cache avec la brume. Il est 9H10 quand nous parvenons  à St Louis, à 3kms de la frontière Franco-Suisse. Ravitaillement en essence pour la Simca 1000… Nous passons la frontière, traversons Bâle et poursuivons jusqu’à Zurich où nous arrivons à midi pile !... Nous devions y retrouver Dominica, mon amie Suisse (Non pas mon Ami 6 !...) Mais ce fut un rendez-vous manqué, Dominica n’étant pas là … Le 1er Août est le jour anniversaire de la fondation de la Confédération Helvétique. Guillaume Tell, j’en ai la pomme d’Adam qui tressaute, ton arc a décoché une flèche de déception dans mon cœur !…)   Il est 13 H 30 quand nous quittons la plus grande ville de Suisse… Cap sur l’Autriche. A 14H45 arrêt dans une petite auberge sympathique, déjeuner collation… Les moteurs refroidissent après une course de 945 km … La fatigue, conséquente d’une nuit blanche commence à se faire sentir – On pénètre dans le plus petit état d’Europe, le Liechtenstein… A16H30 nous parvenons à sa frontière avec l’Autriche. Passage de la dite frontière sans problème (Chacun de nous possède un passeport récent) Feldkirch…Là commencent à se manifester les premiers « hoquets » de l’Anglia. Par moments de plus en plus fréquents, le moteur a des ratés. Ça nous vaut un arrêt à une station service…On ne détecte pas la panne, mais l’Anglia repart après quelques minutes d’ immobilisation … Pourvu qu’elle tienne le coup la petite Ford, pensais-je avec quelque inquiétude, pour la suite de notre expédition … En fait elle hoquettera plusieurs fois encore sans qu’on en décèle la raison, le carburateur et la pompe essence n’ont révélé aucune défaillance, s’agirait plus sûrement d’un caprice lié à l’allumage, mais quand on y regarde, le rupteur remplit bien son office de distribution du courant vers les bougies (Non , ce n’est pas le ventilateur qui a éteint les bougies !…)   Cahin-caha nous arrivons jusqu’à un petit village Dalaas (Non pas le Dallas au Texas mais ce Dalaas en Autriche !...) où un terrain de camping borde la route.   Il est 18H30 … Nous sommes ivres de fatigue et nos « montures » ont besoin de faire une bonne pause … A 19H, nous montons notre campement juste avant qu’il se mette à pleuvoir. Il fait frais, un rapide repas composé de sandwichs, suivi d’une douche tonifiante nous requinque un peu… A 22H. tous, nous tombons de sommeil sur les matelas pneumatiques …  


à suivre …

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