Angle ... il y a !...
Mardi 18 Août 1970
C’est grande peine pour se lever ce matin… Il est déjà 9H45 quand les premiers d’entre nous émergent … Le plus courageux, Emmanuel, nous a préparé le petit déjeuner. Les derniers levés à plus de dix heures, sont Daniel et moi-même, à cause d’un hélicoptère qui faisait du rase-mottes au-dessus du camp … Il y a tellement de monde au bloc sanitaire côté femmes, que Maguy et Anne-Marie n’hésitent pas à venir prendre leur douche dans la partie réservée aux hommes …
Comme on a pas mal traîné, il est presque 11h30 quand nous quittons le camp pour faire la tournée des garages d’Athènes … Tournée est un euphémisme …
Au premier garage visité, on nous dit que les pièces nécessaires à la réparation ne seront disponibles au plus tôt que le 26 août … C’est trop tard on devra avoir repris la route à cette date … On nous expédie alors à une seconde adresse…
Dans ce deuxième garage, les gens sont fort aimables et parlent l’italien. Roselyne sensée comprendre cette langue n’arrive même pas à formuler une phrase tant elle est émue … je me demande bien pourquoi (Le petit meccano brun aux grands yeux de jais sans doute …) Il semble qu’en cette station, il n’est pas envisageable d’effectuer la réparation si bien qu’un client qui semble comprendre notre langue et constatant notre désarroi se propose de nous conduire vers un troisième garage où, d’après lui, on devrait pouvoir nous dépanner …
On reprend espoir … Le soleil chauffe dur à travers le ciel brumeux…
Au troisième garage, il en va de même qu’aux précédents … pas de réparation possible avant un délai de plusieurs jours … Je ronge mon frein … (Façon de parler car vous pensez bien que je ne vais pas m’en prendre à celui de l’Anglia cette pauvre auto étant déjà bien mal en point…) on nous indique une quatrième adresse …
Cette fois nous avons du mal à y parvenir si bien que nous voici paumé. Nous faisons demi-tour à un feu tricolore … Au volant de sa Simca 1000, Daniel s’injurie copieusement de s’être trompé et moi, dans l’Anglia, je fulmine à en être cramoisi … la voiture chauffe ainsi que ses occupants …
Avant de se laisser aiguiller sur un nouvel atelier de réparation auto, nous demandons que l’on téléphone a cet endroit pour prévenir le responsable de notre venue...Si fait … nous repartons vers un 5ième garage …
Le soleil tape dur, et l’atmosphère est étouffante. Anne-Marie a très faim et, il faut bien le dire, tout le monde en a ras le bol de circuler dans Athènes sous la canicule en effectuant la visite de garages qui n’ont rien d’esthétique étant véritablement aux antipodes des œuvres d’art de la Grèce Antique …
Ce 5ième garage est plus un entrepôt pour voitures d’occasions … Nous avons droit à une nième inspection de l’Anglia. Cette fois l’ouvrier qui a constaté les dégâts, nous dit qu’il ne connaît pas ce modèle et donc ne veux pas y toucher … Il vaut mieux aller chez FORD …
" Chez Ford bah tient ct’une idée ça ! Mais bon sang de bon soir, il y en a où des agents Ford dans cette ville hein ! M’écrie-je, super excité par cette promenade qui n’a rien pour vous refaire une santé …"
Le gars semble étonné par ma réaction (Eh bien moi, j’ai du mal à comprendre qu’il soit étonné ce gus, non mais !… Partout où nous nous sommes adressés c’est le même refrain qu’on nous chante ; c’est : « niet niet niet » quand on demande de nous dépanner …) Voyant notre dépit, le pauvre gars (c’est vrai ça, c’est un pauv’ gars qui ne sait même pas ce que c’est qu’une Anglia … C’tune FORD, bon sang !... ), le pauv’ gars donc, nous indique un agent Ford qu’il connaît …
On reprend les voitures ... Cette fois tout le monde se tait, nul ne se charge de faire un quelconque commentaire… notre petite troupe est comme tétanisée…
Nous parvenons dans un Team Ford (En fait, il s’agit d’une écurie de voitures de compétition rallye et grand tourisme Ford). Nous pensons nous être trompé car ce n’est sûrement pas dans un atelier pour « bêtes de course » qu’on va s’occuper de ma vieille petite « Fordasse » … Un gars s’approche… Nous lui expliquons nos déboires, lui parlant aussi de notre lassitude d’être rejeté partout où nous nous adressons… L’ouvrier, fort aimablement répond à notre requête et inspecte le parallélisme de l’Anglia … Il est horrifié par l’état des biellettes… De ce fait, il comprend bien notre désarroi ... Il va réparer, c’est sûr, et même que demain à 17H, nous pourrons récupérer la voiture … On en revient pas … Les pièces à changer ?... Pas de problème, ils ont tout ce qu’il faut en stock … On est médusé … ( L’ouvrier parvient à nous expliquer que, justement, parmi leurs clients ils ont des possesseurs d’Anglia qui les font « gonfler » façon « racing » pour participer à des courses locales…) Quelle veine, avons-nous eu d’être tombé sur ce team ! … C’est bien par là, qu’il aurait fallu commencer nos recherches de dépanneurs… seulement il fallait le savoir …
C’est fortement soulagé que nous remontons à « 6 », dans la Simca 1000 !.. On se tient chaud, j’vous dis pas …
Après un déjeuner en terrasse, nous allons digérer repas et émotions, en visitant l’Agora au pied de l’Acropole. Nous y admirons l’Héphaïstéion le théâtre Odéon Atticus et un musée d’amphores, comportant des pièces inestimables dont certaines parvenues jusqu’à nous dans leur état d’origine …
En cette fin de journée, notre épuisement est tel, qu’après le dîner, nous ne traînons pas trop avant d’aller nous vautrer sur les matelas pneumatiques …
à suivre ...
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