IX
Le silence.
Ma fille semblait sonder mon âme pour y découvrir le moindre de mes tourments, mais pas un seul mot de sortait de sa bouche pourtant. La pierre verte qu’elle serrait dans sa paume blanche n’avait pas d’intérêt pour le moment, je lui poserai toutes les questions que je veux plus tard. Car pour l’heure, le sang était sec sur nos corps et désagréable au possible.
Le trajet en voiture se termina, une fois dans notre foyer je la suspendis pour la soirée, libre à elle d’utiliser la salle de bain de l’étage et ensuite se coucher, pour ma part j’avais besoin d’un bain et d’un verre.
« Ne vous perdez pas Père. »
Cette parole qu’elle me lâcha en se détourant de moi me fit frissonner. Ma fille n’était pas elle-même durant la soirée, encore maintenant je la trouvais étrange, ce sentiment était très inconfortable. Etait-ce de la peur ? Non, elle ne m’avait en aucun cas forcé à l’aider et à tuer pour elle, elle était innocente, c’était moi, la peur venait de moi, de cette sensation qui essayait de ressurgir. Je l’avais étouffé pendant si longtemps, je la croyais morte, je me fais peur.
JE VEUX ENCORE TUER.
Depuis que père est parti lui aussi, cette chose meurtrière me poursuit avec acharnement, comment lui résister, encore plus pour sauver ma bien-aimée Ailia, ce n’était pas de ma faute, son frère était le seul coupable, oui, il avait voulu que je l’assassine. Papa pouvais-tu aussi ressentir cette fougue dramatique dans tes veines quand tu essayais de sauver maman ? Tuer c’est l’amour, n’est-ce pas ? Ailia, ton père va te protéger, par le sang s’il le faut. Permet moi d’assouvir cette pulsion sanguinaire encore !
Le sang coulait depuis mon bras, dont la plaie, que j’avais ouverte avec mes ongles bien limés me lançait une douleur enivrante. Mon visage en était imbibé de plaisir alors que je souriais de retrouver l’essence même de ce que j’étais : un amoureux.
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L’eau du bain prenait une teinte légère
Causée par le sang du frère que j’ai perdu
Peu importe, Père est apparu
Mais il y a laissé son âme de père
Comment apaiser sa douleur inassumée
Peut-être pourrais-je user du collier
Il est ma chose unique
Porteur de mes sentiments magiques
Ils ont implantés mon cœur
Dans ce fragment de pierre sœur
Maintenant que je l’ai retrouvée
Je vais pouvoir m’en abreuver
Pour acquérir qui je suis
Et me parer d’un sourire
Ailia va renaître pour la nuit
Et ne plus se laisser asservir
Père ne pourra pas le découvrir
Que les pouvoirs que je recèle
Pourrons nous faire mourir
Jouons finement ma belle.
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