Quelques mois après, j’étais solitaire, souvent perdu dans mes pensées, mes souvenirs. Mes peu de souvenirs.

 Un beau jour, on est venu me chercher. On m’a mis un costume, un costume de marine, avec le béret, et deux militaires sont venus me chercher. Ils m’ont emmené à une commémoration, disaient-ils.

 Là-bas, sur le quai, ils ont prononcé un discours.

 En mon honneur.

« Le lieutenant Edmond Lovsky fut l’un des plus grands dirigeants de l’armée, il a protégé nos vies et celles de femmes, d’enfants, de soldats. Nous sommes ici aujourd’hui pour lui remettre une médaille, une médaille pour récompenser son courage et sa générosité. Edmond Lovky, est maintenant l’une des légendes de la seconde guerre mondiale, et le restera à jamais. »

 S’approchant de moi, il accrocha sur ma veste une étoile, ce qui me mit les larmes aux yeux. Puis tous ceux de l’assemblée vinrent me parler. Dans, ma tête, c’était le bazar, tout s’embrouillait. Je ne pouvais que demander, émouvant bien des hommes :

«… Je suis un héros ? »

 J’eus droit à toutes les formulations :

« Je suis honoré de faire votre rencontre, je m’appelle ******, vous m’avez sauvé lorsque j’étais encore enfant, sans vous je ne serais pas là aujourd’hui.. Merci pour tout ! »

« Vous êtes mon héros, vous m’avez permis de construire ma vie et d’avoir une famille, mon fils s’appelle Edmond, comme vous ! Merci encore ! »

 J’ai compris à force que tous ceux de l’assemblée étaient ceux que j’avais sauvés, sans que je m’en rappelle. Cela m’a ému. Quand les infirmières m’ont ramené dans ma chambre, j’avais tout oublié.. J’avais seulement le sentiment que quelque chose d’important s’était produit.