Hommes-oiseaux

Une minute de lecture

Les hommes-oiseaux sont sur la plage touchant à peine la vitre d’eau de leurs pattes palmées. Ils sont sur de hautes échasses, immobiles, saisis par la densité du temps. Ils ne mangent pas, ils ne marchent pas, ils demeurent dans le bleu comme dans le refuge dernier d’une vérité. La mer est derrière eux, immense muraille d’eau faisant ses plis d’ombre et ses reflets tellement fondus qu’on ne les perçoit guère qu’à la façon d’un conte pour enfants, d’une fable venue des lointains du cosmos, peut-être une mémoire prenant corps afin que toute la beauté du monde soit dite d’une seule voix. Devant la toile du ciel tendue à la manière d’un décor, un poudroiement de nuage si discret qu’on le croirait irréel, le triangle blanc d’une voile, cette incision de la couleur qui est un amer pour notre vue, un phare pour la conscience, un repère énonçant la fragilité de l’être perdu dans l’immensité. Bientôt le blanc aura disparu. Le bleu s’ourlera de nuit, deviendra bitume lourd dans lequel disparaître l’espace d’un rêve. Alors, sur le sable pris de ténèbres, plus rien ne sera visible que l’espoir du jour prochain, de sa lumière plantée au zénith, de sa décroissance, de son entrée à nouveau dans le cycle des jours. Peut-être n’y a-t-il pas de plus belle espérance que de s’enfuir dans le bleu et d’y faire son infini voyage. Comment savoir alors que le bleu sonne aux oreilles et que le corps s’ouvre afin que l’illimité soit accueilli. Comment ?

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