Agenda flambant neuf, propriété d’Anabelle De Louvigny

Dimanche 5 septembre, veille de la rentrée

Quelle idée stupide d’avoir exigé de suivre des cours. Blouse m’énervait tant avec ses sourires niais et ses incitations à pratiquer des loisirs. J’aurais pas dû rétorquer que je voulais être étudiante. Je m’étais ravisée, il a insinué que j’étais incapable de vivre hors de ces murs. Comme si j’étais dépendante de lui !

AAAAAAAAAAAAAAAH IL M’A EU COMME UNE BLEUE !!!!!

Au moins, je vais pouvoir sortir ailleurs que dans le jardin de la clinique. Hélas, il m’a refilé Gardien, son cerbère, son molosse qui surveillait la seule porte de sortie du bâtiment. J’ai tout essayé pour passer outre sa vigilance, rien à faire. Il est tellement coincé du cul, même en lui montrant mes seins, il n’a pas bronché. Sûrement un gay.

On m’a inscrite à une faculté de je-sais-pas-quoi. J’ai pas lu l’intitulé. Blouse a tenu à me faire un compte-rendu détaillé de ce que j’allais vivre. Les cours, les consignes à respecter, l'école et le plus plaisant : les autres étudiants. Il avait l'intégralité de leurs dossiers sous la main. Comme si j’allais pouvoir m’amuser avec l’un d’eux -_- Je me serais bien esquivée à cet assomant exposé, mais Gardien veillait à ce que j’écoute, impossible de me dérober.

Je n’aurai pas le droit d’utiliser mon vrai nom, trop voyant. Pas de liaison non plus, amicale ou intime, ils ne savent pas ce qu'ils ratent. Finalement, j'aurais le droit de quoi ? Que dalle. Je suis comme une chienne qu'on sort de temps en temps. On s'assure que je sois en laisse, que je ne renifle pas le cul des autres clébards, que je ne morde pas.

J’ai entendu parler d’une semaine d’intégration musclée. Ça aurait pu être chouette, la seule chose qui m’aurait plu dans cette farce, en plus j’aurais été d’un excellent conseil je suis sûre. Évidemment, Blouse m’a certifié que je ne serai pas de la fête.

Il est unique, Blouse. C’est un pur emmerdeur.