Chap XIV
Agenda d'Anabelle
En tailleur sur le lit de sa chambre, un samedi soir
Pourquoi ai-je accepté d’aller dans cette foutue école ? Goûter un semblant de liberté n’a fait que rehausser un peu plus ces quatre immenses murs blancs. Moi qui me foutais du jour présent, j’en viens à compter les heures, à prier pour que lundi arrive plus vite, comme une délivrance, une bouffée d’air pur après avoir retenu ma respiration tout le week-end.
Blouse s’est rendu compte de mon humeur plus massacrante que d’habitude. Je refuse de partager les semblants d’échanges avec mes "colocataires" et ne l’insulte presque plus pendant nos séances. Je suis devenue passive et me contente de rester sur mon lit, emmitouflée dans mes beaux draps blancs, à lire et relire mes cours.
Après le petit-déjeuner (pain-beurre et verre de lait), il a osé pénétrer mon domaine. Gardien était présent, bien sûr. Pas de risque inutile. Je m’amusais à lancer les dernières miettes sur cette saleté d’armoire à glace quand Blouse me fit une proposition qui nous estomaqua tous les deux.
« Anabelle, ma belle, ça te dirait de sortir au restaurant pour midi ? »
PUTAIN OUAIS !
Enfin, je devais sauver les apparences. Alors, j’ai juste grogné. Gardien aussi a grogné, mais pas de la même façon. Quel bonheur.
Puis, ils sont partis.
Ce n’était plus les heures, mais les minutes que je comptais dorénavant. Connard de Blouse, plus il veut être gentil, plus il me donne envie de lui arracher les doigts.
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