Réflexions

4 minutes de lecture

Ils suivirent leurs hôtes à travers les rues pavées et les maisons des résidants. Ils observèrent les mortels, entendirent les rumeurs des conversations des hommes occupés à leur travail laborieux. Ils virent des marches qui semblaient mener vers la place forte de la cité, bifurquèrent à gauche dans un chemin les guidant à un bois de quelques arbres. Ils aperçurent l’immense demeure en pierre calcaire, la façade illuminée par les reflets du soleil. Ils montèrent les marches de marbres, entrèrent dans le hall à l’allure chaleureuse par la couleur brune des murs d’un matériau identique aux escaliers. Les grandes fenêtres sans draperies laissaient le passage à la lumière de l’astre solaire. Des lustres étaient accrochés d’un plafond de bois sculpté et moulu, le sol vernis était décoré, parsemé de motifs. Ils traversèrent le hall puis tournèrent dans un couloir spacieux, montèrent les escaliers qui les amenèrent à l’étage supérieur. Ils arrivèrent dans un corridor éclairé par les grandes fenêtres puis la jeune femme s’arrêta devant l’une des portes.

- Voici votre chambre à coucher, dit Déianara à l’adresse d’Iskhuros. Lorsque vous vous serez reposé, vous prendrez le repas en notre compagnie.

Sur ses derniers mots qu’elle prononça à ses interlocuteurs, Argos la vit montrer la chambrée de son paternel puis soupira en ressentant une certaine appréhension à leur égard, il tourna la poignée et ouvrit la porte. Lorsqu’il fut entré, il la referma, regarda autour de lui. Il était dans une pièce moyenne meublée d’une alcôve placée à sa gauche contre le mur tapissé, d’une chaise et d’une table sur laquelle il y avait un encrier et une plume. Il tourna la tête en direction de l’armoire, fit quelques pas,ouvrit les deux battants. Il baissa le regard sur des sandales aux semelles propres, se pencha pour les prendre puis se redressa, referma l’armoire. Il enleva la cape de son khiton, se déchaussa, enfila les sandales. Il ramassa la cape, se retourna vers l’alcôve sur laquelle il s’assit.

Il pensait à l’accueil peu avenant d’Héraklès et avait l’impression que le demi-dieu percevait leur véritable intention. Les époux semblaient liés par un lien qu’il ne put définir, c’était comme si Déianara ne leur faisait guère confiance, elle qui s’était pourtant portée volontaire pour qu’ils soient leurs hôtes. Il espérait qu’ils ne lui poseraient de controverses au sujet du voyage ou de son attribut principal car son paternel contrôlait facilement la situation, lui qui était préparé aux agissements d’Hadès. Il se souvint alors du manuscrit à l’écriture identique du roi de Calydon et de l’expression du visage de son demi-frère.

Tandis qu’il était perdu dans de sombres pensées, il entendit soudainement frapper à la porte. Il leva les yeux vers l’accès à la chambrée, une voix féminine qu’il ne reconnaissait lui informait que le repas était prêt dans la salle de séjour. Il attendit que les pas de la domestique s’éloignèrent peu à peu pour se lever du lit et s’approcher de la porte. Il tira sur la poignée, sortit de la pièce en apercevant Zéus dans le corridor. Il attendit qu’il soit à ses côtés avant de suivre la mortelle puis ils parcoururent le couloir.

Ils descendirent les escaliers, se trouvèrent sur le seuil de la salle de séjour ayant un décor semblable au hall d’entrée, à la différence de la teinte verte des murs et des motifs du sol. Ils virent les hôtes assis dans un siège confortable en velours à chaque extremité de la table aménagée pouvant attabler six convives. Le jeune dieu s’avança en croisant le regard de son demi-frère qui observa ses iris devenu bleu électrique. Il détourna la tête, sentit son rythme cardiaque s’accélérer par l'anxiété qu'il ressentait.

- Venez donc vous asseoir auprès de moi, dit Héraklès qui lui adressa un sourire versatile. Je doute que nous n’ayons une conversation enrichissante.

- J’accepte votre proposition, dit Iskhuros d’une voix légèrement rauque.

Il s’assit à la droite de l’hôte, fixa son assiette de galettes de fruits rouges couverte de miel et de pains beurrés. Il vit son paternel s’attabler à la gauche de Déianara.

- Avez-vous rencontré plusieurs fois le roi antérieurement ? demande alors Héraklès à Kyril.

- Je me suis entretenu avec le roi à maintes reprises, en effet, dit Kyril. Nous avons eu des conversations au sujet de la politique et des finances. Nous ne manquons de drachmes mais l’appui du roi est le bienvenu dans la région.

Héraklès le considéra un instant avant de porter son attention vers le second convive qui se nourrissait silencieusement. En voyant l’expression de son époux, Déianara demanda au guérisseur d’Étolie quel était le patronyme de l'homme qui l’avais enseigné la médecine.

- Il se nomme Hippocrate, dit Iskhuros sans contrôler ses mots. Pour finaliser ma discipline, j’ai dû voyager à Larissa afin de le rencontrer. J’ai reçu un apprentissage de quatre solstices.

- Je suis comblée de constater que nous avons recueilli des convives de nobles lignées, dit Déianara à l’adresse du demi-dieu.

Argos lui fit l’ombre d’un sourire, reprenant discrètement son souffle, quelque peu déconcerté. Il s’abreuva de sa coupe le liquide frais et transparent puis la reposa sur la table. Il ne put s’empêcher de tourner le regard vers son paternel qui prit un morceau de pain beurré. Il se disait alors que s’ils devaient rester dans la cité, il était en obligation d’affirmer leur position.

- Si je ne suis guère importun, dit Iskhuros. Pourrions-nous connaître la raison de votre combat avec cette étrange créature lors de notre arrivée ?

- Cette étrange créature comme vous le dites est un dieu fleuve, dit Héraklès. Il courtisait mon épouse de manière inconvenante. Seulement d’après les rumeurs de certains résidents, il serait le remède au mal qui sévit dans quelques endroits de la Grèce. J’ai donc réfléchis à la situation et je l’ai proposé un duel. S’il le remportait, je lui laisserais la main de Déianara mais à l’inverse, si j’en ressortais vainqueur, il devra s’exiler avant que le roi ne revienne.

Voyant l’air stupéfait de son fils, Zéus décida soudainement d’informer les hôtes que des conseillers doivent les rejoindre au cours du banquet. Ils acceptèrent de leur offrir l’hébergement sans contrepartie.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Ayshah Hassan ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0