Derniers coups 

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Héra qui sentit la fureur l’envahir, regarda Zéus s’échapper en compagnie de l’Amazonide. Essayant de contrôler son ressentiment, elle se tourna vers Méléagre.

- Notre arrangement arrivant à son terme, vous êtes rétrogradé en tant qu’hoplite de Calydon, dit Héra.

- Comment pouvez-vous supporter ? dit Méléagre. Bien que vous soyez une déesse, les hommes ne s’agenouilleront devant votre obédience. Nous ne sommes seulement des hommes, nous…

En ne lui laissant continuer sa tirade, la déesse plaça sa main contre l’épaule droite du mortel. Elle observa les veines saillantes du corps noircir, son regard devenant vide, ses pupilles disparurent. Méléagre mit alors les genoux au sol sans qu’elle n’utilisa sa force, le laissa dans cette position. Au moment où elle retira sa main, il s’écroula au sol pouvant à peine respirer et sortit de la salle de séjour.

Suivi d’Alfirin, ils entrèrent dans le sanctuaire en voyant Naranwe qui tenta d'empêcher le flux de sang s’échappant des plaies à l’aide d’un bout d'un tissu. La divinité examina du regard sa progéniture allongé au sol qui leva les yeux à demi-clos vers lui le teint pâle, la respiration faible. Assis près d’Argos, il se retourna en direction des arrivants en essayant de s’exprimer.

- Les blessures sont très profondes, dit Naranwe. Nous ne pourrons le déplacer dans cet état, il risque d'en mourir.

- Il n’y a qu’un moyen de le ramener à la demeure de Miryan sans avoir de contrainte, dit Zéus.

Comprenant les paroles de la divinité, l'àlfar ferma les paupières puis les rouvrit, aperçut Artémis derrière l'Amazonide. Terrifiée à la vue du corps ensanglanté de son demi-frère, elle voulut s’en approcher mais Alfirin la maintint par l’épaule. Elle sentit les larmes se déverser peu à peu sur son visage.

- J’aurais besoin d’une source d’énergie importante afin de pouvoir utiliser l’incantation Neoptera, dit Naranwe à Alfirin. Nous avons pratiqué à maintes reprises la maîtrise de notre énergie.

- Je vais essayer de m’appliquer, dit Alfirin.

Naranwe vit l’Amazonide s’assoir à ses côtés, mettre la main sur le khiton humecté par le liquide sombre puis ferma les yeux. Il fit de même, devinrent soudainement une nuée de lucioles qui s’envolèrent à travers le portail lunaire. Avant qu'Artémis ne s'en aille, son paternel lui demanda de revenir au sanctuaire. En ne lui demandant la raison, elle traversa le passage. Elle arriva devant les grandes portes de chaîne de la maison de l’àlfar, observa les créatures ainsi que son demi-frère reprendre leur apparence. Quelque peu stupéfaite par cette incantation, la déesse de la chasse regarda aux alentours. Ils étaient dans une forêt où les arbres étaient espacés et les sentiers aisément praticables. Le ciel étant sombre, elle pouvait apercevoir les feuilles éclairées par les lanternes accrochées au mur qui encerclait le domaine. Elle se retourna en direction des compagnons de voyage d’Argos qui tentait de le soigner puis retourna dans le portail lunaire.

Remarquant que les blessures infligées par le dieu fleuve commencèrent à s’estomper, Alfirin soupira de soulagement, les mains tachées de sang. Elle prit la gourde qui apparut entre les paumes de l’àlfar, fit déverser un filet d’eau du contenu. Elle entendit alors un craquement sonore s’approcher en provenance de la forêt, observa le regard de Naranwe qui fixa des personnes présentes dans la partie éclairée. Alfirin se leva puis se tourna en se trouvant face aux deux créatures qu’elle ne souhaitait rencontré de nouveau.

- Je ne m’attendais à te voir de si tôt, dit Hadès en voyant Naranwe se relever.

- Pour une fois, nous sommes en accord, dit Naranwe qui se mit aux côtés de l'Amazonide.

- Ce que nous voulons est derrière vous, dit alors Héra. Si vous résistez, je crains que votre mort ne soit nécessaire.

- Nécessaire ? dit Naranwe d’un ton indigné. Le trépas est-il primordial à vos agissements ?

- Héraklès est en vie, j’ai dû prendre quelques dispositions, dit Zéus qui surgit du portail lunaire.

Submergée par la frustration et la fureur, Héra pris son épée de son fourreau et s’élança vers son frère. Lorsqu'elle fut à quelques centimètres de l'atteindre, Artémis apparut en croisant le fer de son adversaire.

- Amenez Argos à l’intérieur de la demeure ! dit la déesse de la chasse en leur ouvrant un passage.

Les compagnons prirent les bras et les jambes du blessé, entrèrent dans le passage en ressentant la vibration de l’affrontement des duellistes s’amplifier. En apercevant l’objectif de ses recherches s’éloigner, Hadès fit un pas mais il fut écarter par une barrière invisible. Il regarda devant lui, ne pouvant éviter la décharge électrique que lui envoya Zéus, le projetant contre un arbre puis un autre. Malgré la puissance de l’attaque, il créa un bouclier de feu ce qui arrêta momentanément la propulsion.

Il abaissa ses bras et se redressa en faisant disparaître la protection. Le visage couvert de suie, il toisa Zéus d’un regard sombre, prit dans son étui son épée dont la lame était en or, la manche de lanière de couleur d’ébène incrustée de rubis scintillèrent. Les pierres embrasèrent la garde de l’arme indestructible puis sans sourciller, son ennemi frappa le bout de son sceptre. Aussitôt, la foudre descendit du ciel devenu nuageux d’une lumière éblouissante. Lorsque la clarté s’estompa, la divinité de l’Olympe tenait dans sa paume une épée à double tranchant dont l’électricité traversa le fer. Courant à grande vitesse, Hadès le vit se mettre en garde tandis qu’il fit un saut qui rattrapa sa distance. Il abattit son arme avec force contre la lame de son adversaire, l’écho provoqué par le coup détruisit le mur de la demeure, déracinant les arbres aux alentours.

Lorsque l’explosion lui parvint à son ouïe, Argos ouvrit les yeux. À travers la brume poussiéreuse, il aperçut Alfirin, Naranwe ainsi qu'une silhouette à plusieurs centimètres de sa position. Quand elle se dissipa, il vit Artémis se relever. Il eut soudainement une douleur qui le traversa le crâne, mit brusquement la paume de sa main contre son front en ressantant une profonde colère qui n’était pas la sienne l’envahir. Il ne perçut subitement le moindre son de ce qu'il l' entourait et sans qu’il puisse la contrôler, la métamorphose fit son œuvre en changeant son ossature. Chaque membre lui faisant atrocement souffrir, il posa ses bras verticalement au sol, ses griffes apparurent ainsi que sa fourrure et ses crocs. D'un battement de paupière, ses iris devinrent jaunâtres.

Le monstre se mit debout, scruta celle qui fut à sa portée puis grogna de fureur. Il approcha à grande vitesse, remarqua tout à coup qu’à chaque clignement de paupières, celle qu’il voyait n’était qu’une illusion. D’un rugissement féroce, il sauta en transperçant de ses griffes la chair de sa cible, rencontra alors les yeux si semblables aux siennes puis le corps tomba au sol. Sa peau redevenant à son état d’origine, sa gorge se noua par la terreur et le chagrin en pensant que le sang qui s’écoulait des blessures ne pouvait être réel. Il ne pouvait soutenir le regard de son paternel sans retenir les larmes qui coulait sur son visage, baissa la tête en ce disant que ce n’était juste une illusion.

- Argos, remémore toi ceci, dit Zéus d'une voix rauque. Tu as le courage de ta maternel, bien que tu ne l’aie connue.

Il posa la paume de sa main contre la poitrine de son fils, vit ses yeux larmoyants avant qu’elle ne retomba.

- Père….

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