Rêve oublié
Les images, les pensées, le réel. Les sensations et les émotions s'enchevêtrent pour former l'esquisse d'une étrange réalité. Comme emporté par un mélange impudent d'alcool et de drogues, les rêves peinent à se former et les scénarios se décomposent, s'entrecoupent pour former une épopée digne de Guy Ritchie. La cuite fut sévère. Je me suis pris une de ces caisses.
Drôles d'expressions non ? Une caisse, une murge, tout est bon pour définir la sensation de ces lendemains de soirée. Vous commencez à vous demander pourquoi vous n'arrivez pas à ouvrir les yeux, les paupières scellées. Vous créez vos souvenirs en vous demandant comment vous êtes arrivé là. C'est la chute. Les limbes d'une mémoire ravagée, un maelstrom de souvenirs, d'images, de fantasmes inavoués. Le voyage est inévitable et nous emporte dans notre boîte crânienne malgré nous. Une fois l'esprit éveillé, le corps n'est jamais très loin et commence à rappeler le voyageur dans son enveloppe.
Un œil s'ouvre, puis un second. Vos prunelles ne captent qu'une lueur aveuglante tandis que vos membres se font un plaisir de vous rappeler leur lourdeur. La douleur les accompagne, elle s'invite avec cette sensation d'être dessoudé, que ces amas de chair ne sont pas à vous. Puis voici le souffle, l’inondation de votre cage thoracique d'un air salvateur qui vous téléporte dans un univers bien étrange : le réel.
Une fois les yeux plissés et la lumière tamisée, je parviens à découvrir les formes qui m'entourent. Un son strident moleste mes tympans et je peine à faire le lien entre les sons et mes nerfs. Je souffre. Le vent souffle.
Cloîtré dans un lit d'hôpital, je m'évertue à poser les bonnes questions et m'évertue encore à ne pas trouver les réponses. Je préfère attendre et voir où ce rêve va m'emporter. Attendre et me rendre compte qu'il ne s'agit que d'un cauchemar. Attendre et affronter l'inévitable relation de cause à effet, sans en comprendre les causes mais en ayant un très bon aperçu des effets. Causes oubliées, rêve oublié, personne ? On pourrait croire au Jugement dernier revisité, bercé par la mélodie des technologies médicales : ces "bips" affligeants. Mes yeux conversent avec mon cerveau. Ils demandent à éteindre les lumières et je ne compte pas les décevoir. Un autre souffle, un autre bond du thorax. L'air abandonne mes poumons et mes yeux profitent de cette diversion pour se clore. Je décide de me laisser faire et d'abandonner ces dernières minutes. Les faire glisser de la falaise, les pousser avec véhémence pour qu'elle finisse en miettes.
Le vent m'emporte de nouveau. Je vole.
Annotations
Versions