Fin du printemps
Je n'enterre pas ce projet, je le cloture momentanément. Il se peut que j'y revienne, à l'occasion, et puisque les impressions et les doutes de Virginia me sont désormais chevillées au corps. Dans les moments de creux, je sais que je pourrai compter sur son expérience, et approfondir ses manières d'écrire.
Je n'attends plus qu'une chose, après ce second enfant qui termine sa lente gestation : renouer avec les mots, avec le merveilleux, avec mes tripes. Aujourd'hui, je me sens ponctionnée par un quotidien solitaire, presque résignée.
Qu'y a-t-il d'autre à entreprendre, sinon se borner à accomplir ce quotidien, l'accompagner, le suivre?
Y survivre jusqu'à la délivrance.
Certes, ma deuxième enfant aura fait l'objet de moins d'attention que la première. Mais je l'attends. Je la veux voir. Le la veux porter à mon sein, l'entendre et sentir sa peau contre la mienne.
Mes enfants ressemblent en cela aux univers fantastiques qui naissent en moi. Elles se nourrissent de mes entrailles, mais sont clairement d'origines plurielles.
Comme je ne peux enfanter seule, je ne peux écrire seule.
Il me faut être reliée à d'autres mondes. Il me faut échanger avec l'extérieur. Il me faut des partenaires pour voir mes créations -- de chair ou de papier -- grandir, se transformer, m'échapper et naître.
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