Chapitre 77 - Le Néanticide

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Le Polikleftis baignait dans un chatoiement diffus ; le sol sableux semblait fondre sous les pieds des quatre voyageurs, invités à expérimenter l’inimaginable Bout du Monde. Il faisait chaud et lourd ; des veines de magma serpentaient entre les ramures de sapins dorés qui poussaient un peu partout. Pendant l’équivalent de 279 jours, ils traversèrent ces territoires, tantôt dangereux, tantôt merveilleux, en évitant au maximum les quelques groupements de charpentes qui ressemblaient vaguement à des villages, se nourrissant de bêtes sauvages qu’aucun n’avait jamais vu. Le plafond de ce monde, scintillant comme des pierres précieuses, ressemblait au ciel du Prozopen, celui-là même que j’avais peint avec les pouvoirs d’Atekytsana, mais dans l’horizon céleste se déployait une aurore éternelle diffuse provenant des nombreux lacs incandescents.

Apprivoiser les entrailles du Polikleftis suggérait de les traverser avec une boussole neurasthénique à la place de la tête. Plus ils s’enfonçaient, dans ces labyrinthes entortillés comme l’écorce d’une mandarine, plus leurs repères devenaient erratiques. Et même avoir le meilleur des géographes en tête de cortège conduisait à des moments de doutes cartographiques épuisants, lorsque notamment la gravité conjecturale et la force magnétique ondoyante venaient mettre leurs grains de sel dans l’histoire.

Lorenzo reprochait souvent à Nivor d’enguirlander Tanixia qui piaillait comme un renardeau affamé dans les pattes d’Antoine qui se querellait avec le baron Blanc qui chantait pouilles à Lorenzo de ne pas aider le canidé à mieux baptiser les locataires des grottes que le Tenrabéen nettoyait régulièrement, en zigouillant ces rampants de scolopendriagues venimeux, ces puants d’arachnidoreux couturiers ou encore ces séducteurs de mascarabines chasseurs qui y avaient trouvé refuge.

Bref, cet environnement vésanique induisait de glorieuses crises de nerfs (se terminant souvent par des jurons du Tenrabéen qui en avait juste marre des bestioles en tungstène).

Et des escales plus calmes, pour reprendre des forces, retrouver des indices quant au chemin menant à la Fin, et faire confiance à son sixième sens et à cette voix qui appelait Antoine en rêve.

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