Le Grenier (2)
Je parcourais les allées en flânant, m'arrêtant tantôt sur un meuble en bois, tantôt sur une pièce d'usine qui m'interpellait. Je touchai de la paume de la main le dessus d'une chaise datant de Louis je ne sais quel siècle, essuyai une poussière sur le Vélin d'un livre ancien.
Mes amis me faisaient de grands gestes au fond de la salle mais je voulais retarder le moment, appréciant toutes les odeurs et les couleurs de ce passé dont je portais la nostalgie en moi.
Je laissais traîner le regard, fouillant chaque objet insolite, m'interrogeant sur l'utilité de certains ustensiles de cuisine, souriais devant les peluches dont les poils usés et mâchouillés témoignaient de la tendresse prodiguée.
Puis je m'arrêtai devant ce qui ressemblait fort à un coffre, d'aspect assez banal, en bois brut mais dont la forme et la taille correspondaient en tout point à celui que m'avait donné mon grand-père.
Une similitude pareille aiguisa mon intérêt. Grand-père m'avait précisé sa préciosité et le caractère unique puisqu'il avait été commandé expressément pour une occasion spéciale. Il ne m'avait jamais parlé d'un quelconque double.
Ce coffre était-il un original ou une très bonne copie ?
Le seul moyen de le savoir était de l'acquérir.
- Mais pourquoi tardes-tu tant à venir, Émile ?!
C'était Jacques qui m'avait rejoint, l'impatient de service, qui n'arrivait jamais à tenir en place. Je le poussai d'ailleurs un peu plus loin des tables, craignant pour le service en cristal de Marie-Antoinette.
Refrénant à grand peine mon excitation, je le suivis néanmoins, en imprimant dans mon esprit l'intention de revenir très vite.
Jetant un dernier regard au coffre mystérieux, je fermai la marche derrière Jacques. Mon cœur sursauta lorsque je crus distinguer un rayon de lumière se dirigeant vers moi.
Impossible ! Clignant des paupières, je regardai à nouveau mais rien de semblable ne se reproduisit.
Trop de fatigue, pensais-je.
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