– Cynder… Cynder… Debout...

 Elle sentit un contact sur son épaule alors elle ouvrit les yeux, fatiguée. Puis elle vit en face d’elle une figure amicale : celle de Gaul. Il était en train de la secouer doucement pour la réveiller. Et ce fut apparemment un succès. Elle leva la tête et, avec sa petite voix, demanda :

 – Papa ?

 – Ah, enfin. Allez, debout, Cyndy, on doit y aller.

 – Pourquoi ?

 – C’est une surprise...

 – Hmmmm… Cinq minutes...

 Il soupira. Et, une minute après, Cynder était toujours en train de dormir mais elle était confortablement portée par son père comme un bébé. Sa fourrure était chaleureuse donc ça ne l’a pas aidé pour bien se réveiller.

 Puis, elle sentit quelque chose de froid. Elle gémit et entendit des bruits de cliquetis. Elle ouvra entièrement les yeux, finalement, pour voir Gaul en face d’elle, un visage sérieux et ses main… plaçant quelque chose autour de sa nuque. Et, après cela, il fit quelques pas en arrière et prit une sorte de cristal.

 Elle se leva et tenta de se rapprocher de son père lorsque… les chaînes la paralysèrent. Et quand elle avait un collier de métal, qui avait le symbole de l’Æther gravé dessus, elle demanda :

 – Papa ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Je ne peux pas bouger...

 – Ne t’en fais pas, Cynder, ne t’en fais pas.

 Ses mains allèrent sur un levier. Il prit une grande inspiration et, finalement, le tira.

 Le sol où était la dragonne disparut soudainement et une étrange lumière vint d’en dessous. Elle se sentit tomber… mais elle flottait dans l’air avec cette lumière.

 – Papa ! J’ai peur !

 Il vient proche de sa fille, en face d’elle.

 – N’ai pas peur. C’est bientôt fini.

 Il plaça le cristal à ses pieds et ferma les yeux. Une lumière vint alors de l’objet et pénétra le corps de Gaul. Il se sentit plus puissant, capable de faire bouger des montagnes avec sa seule magie. Il leva ses bras, tremblant. Et il ouvrit les yeux pour voir Cynder, terrifié. Et pas seulement elle : derrière la dragonne étaient deux terrifiants yeux jaunes.

 Son esprit était plein de doutes, son souffle saccadé et des larmes apparurent dans ses yeux.

 – Fait-le, fit la grave voix de Malefor.

 – Cynder… Je t’aime.

 – Papa ?

 Dés qu’elle dit cela, Gaul invoqua des rayons sombres et violet avec ses mains. Et la petite dragonne fut frappée par ceux-là.

 Elle commença à sangloter et pleurer avant de hurler de terrible douleur. Flottant dans les airs, elle bougea tous ses membres dans tous les sens, essayant de sortir d’ici, mais elle était coincée. Coincée à ressentir la destruction de son intériorité. Elle fit même certains mouvements lorsque l’on pouvait la croire toute disloquée. Et toute la pièce résonna avec ses cris.

 Gaul sentit son cœur se presser comme si c’était une simple grappe de raison : voir sa fille adoptive souffrir comme cela le remplit de haine. Mais il devait le faire. Il devait continuer. Alors il augmenta la puissance des rayons, ce qui fit crier Cynder encore plus. Et il hurla aussi car la magie le faisait aussi souffrir comme des milliers de feux ardents.

 Et Malefor… Le Maître Noir regardait et appréciait même la vue, silencieux. Le plan était parfaitement exécuté, pour le moment. Et s’il avait pu le montrer au monde, un sourire serait apparu dans cet immatériel trou.

 Alors il regarda les deux souffrir, sérieux. Alors il regarda Gaul devenir plus puissant que jamais et il regarda Cynder grande, la marque des ténèbres apparaissant sur son front, sous ses yeux, ses ses épaules et, enfin, sur l’arrière de son corps, juste avant la queue. Ses écailles devinrent aussi noir que toutes les ténèbres combinées en ce monde. Et il sentit son énergie pénétrer doucement à l’intérieur de ses deux sous-fifres, à l’intérieur de Cynder et du Roi Singe Gaul.

 Finalement, quand tout fut terminé, il disparut, laissant ses deux victimes inconscientes.

 Gaul se réveilla avant Cynder. Il se sentit… étrange. Mais, bizarrement, c’était un bon étrange. Et il sentit qu’il pouvait gagner la guerre par lui-même, juste en se jetant dans la bataille, juste en créant des rivières et des rivières de sang coulant et nourrissant le doux humus. Il prit une grande inspiration et, prit d’une soudaine folie, commença à rire comme un dément.

 Et Cynder se réveilla, différente, tous ses mouvements contrôlés. Quand elle vit Gaul rire en face d’elle, elle fit la même chose. Et sa voix était si différente… Elle était plus grave et, surtout, enraillée et effrayamment folle.

 Alors, finalement, les deux allèrent dans la salle du trône. Tous les singes, en face d’eux, s’enfuirent, peur pour leur vie, ne reconnaissant pas leur propre Roi et sa fille adoptive.

 Une fois arrivés, il s’assit sur son trône et Cynder, comme une Reine sombre, alla juste à côté de lui, une aura impressionnante flotant autour d’eux. Gaul regarda droit devant et un sourire apparut sur son visage, déterminé à terminer cette guerre millénaire, tandis qu’il dit avec une puissante voix :

 – Il… y... aura… du sang.