Chapitre 88 : Un moment tant attendu

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- Nous allons nous occuper de Luna, Alex, dit Sonya. Vous pouvez aller présenter votre fils à toute la maisonnée...

- Nous allons attendre, répondit le jeune homme. Au moins pour Don Felipe et Myriam : je crois que Luna aimerait beaucoup voir leur réaction...

Luna confirma d'un signe de tête. Sonya sourit et dit :

- Bien, alors éloignez-vous un peu que nous finissions... Il faut rendre cette chambre plus propre qu'elle ne l'est !

Le regard d'Alex fit rapidement le tour de la pièce : les linges souillés étaient en effet empilés dans un baquet, Luna devait encore être lavée et rhabillée, ses draps changés... Il reprit son fils dans ses bras et s'éloigna un peu, s'approchant de la fenêtre pour jeter un regard au dehors.

C'était une belle matinée ensoleillée. La vue qui s'offrait à lui était somptueuse. Au-delà du jardin s'ouvrait une grande plaine, très fleurie, de ces multitudes de couleurs et de fleurs variées qu'offrait la montagne en cette saison. Au loin, on pouvait deviner les sommets enneigés et ce n'était pas sans lui rappeler certains paysages du Pendjab. De nombreuses années avaient passé, mais Alex restait marqué par ses premières expériences militaires aux Indes, sous les ordres de Sir Henry. C'étaient de beaux souvenirs.

Le bébé bougea un peu dans ses bras et il reporta son attention sur lui. Il écarta doucement le linge dans lequel Ameera l'avait emmailloté, après l'avoir lavé. Il avait encore le visage marqué par la naissance, mais Alex savait que cela s'effacerait vite. Après avoir eu une fille qui lui ressemblait beaucoup, il était heureux que leur fils porte déjà des traits de Luna, à commencer par la couleur de sa peau qui pourrait devenir aussi dorée que celle de sa maman.

Henry ouvrit la bouche, bâilla, tourna la tête. Emu, Alex lui caressa tendrement la joue.

"Mon fils... Maintenant, nous avons un fils... Petit Henry, puisses-tu suivre la belle route tracée par celui dont nous t'avons donné le prénom. Qu'il soit à tes côtés, comme tes grands-pères, pour veiller sur toi et te montrer le bon chemin. Quand des choix difficiles se présenteront devant toi, pense à eux. A ce qu'ils auraient fait. A ce qu'ils auraient dit. Ce ne sera pas toujours la voie la plus facile... Mais ce sera celle qui fera de toi un homme. Digne. Respectueux. Curieux. Tolérant."

**

- On entre doucement, Myriam.

La petite fille leva la tête vers son aïeul et sourit :

- Oui, d'accord.

Elle lui tenait la main et se sentait à la fois impatiente et un peu inquiète. Elle n'avait pas revu ses parents depuis la veille au soir et tout le monde avait été bien agité, au point qu'elle s'était même demandé si quelqu'un penserait à la coucher. C'était finalement Ameera qui était venue et s'était occupée d'elle, la rassurant aussi en lui disant qu'après la nuit, elle pourrait voir son petit frère ou sa petite sœur.

Au petit matin, pourtant, il était encore trop tôt, lui avait-on fait comprendre. Alors, comme son arrière-grand-père, comme Brenda, elle avait attendu. Elle ne voulait pas jouer, tout juste, la jeune fille était-elle parvenue à l'occuper un peu en lui racontant une histoire qu'elle avait mimée avec sa poupée. Même Roy qui, pourtant, ne tenait pas en place, avait été relativement sage ce matin-là. Myriam avait vu passer tout le monde, Ameera, puis Satya, puis sa grand-mère aussi, quelques instants. Elle l'avait prise sur ses genoux et lui avait dit que tout se passait bien, qu'elle pourrait voir bientôt sa maman et son papa. Qu'elle devait rester sage avec sa marraine, Brenda et Don Felipe. Ce que Myriam était toute prêt à faire, si, en échange, elle pouvait vite voir sa maman.

Et son papa.

Enfin.

Le moment tant attendu était enfin arrivé.

Don Felipe poussa lentement la porte de la chambre. Un parfum de fleur parvint aux narines de Myriam. Ils franchirent ensemble le seuil, puis Don Felipe lâcha la main de l'enfant car il avait bien senti qu'elle avait envie de se précipiter vers sa mère.

Luna était couchée, la tête un peu relevée par les oreillers. Malgré la fatigue qui marquait ses traits - mais que sa fille ne remarqua pas -, elle souriait, heureuse.

- Maman !

- Ma chérie ! Viens doucement...

- Je peux monter sur le lit ?

- Oui. Assieds-toi à côté, là, fit Luna en posant la main près d'elle.

Myriam prit place, puis embrassa sa mère sur la joue, comme Brenda lui avait dit de faire.

- Maman... Je t'aime !

- Moi aussi, ma chérie...

Elles se sourirent, puis Myriam se blottit contre l'épaule de Luna, passa son bras autour de son cou.

- Myriam ?

La voix de son père résonna. Elle releva alors la tête, le chercha des yeux. Il était debout de l'autre côté du lit et fit quelques pas pour se rapprocher d'elle. Il tenait quelque chose dans les bras et Myriam comprit, alors qu'il s'asseyait à côté d'elle, que c'était le bébé.

- Papa... fit-elle d'une toute petite voix.

- Regarde, dit-il en se penchant vers elle. Voilà ton petit frère. Il s'appelle Henry.

Myriam se pencha alors et découvrit le tout petit visage endormi.

- Il est comme Elisabeth ! Quand elle était toute petite...

- Oui, voilà.

- Je peux lui faire un baiser ?

- Oui, bien sûr. Sur le front.

Et Myriam appuya doucement les lèvres sur le front d'Henry.

Resté debout près de la porte, Don Felipe regardait la scène avec beaucoup d'émotion. Il avait noté les traits tirés de Luna, mais aussi son visage heureux et toute la sérénité qui émanait autant de Sonya que d'Alex, sans oublier Ameera qui était venue les prévenir de la naissance et s'était faite rassurante.

S'il avait été soulagé que le premier enfant de Luna et d'Alex soit une fille, il était heureux que le deuxième soit un garçon. Ce serait plus facile pour un homme de s'occuper, plus tard, de son domaine, de ce qu'il avait construit et qu'il s'efforçait à présent de préserver. Ce serait une source de revenus non négligeable pour sa famille et une façon pour lui de protéger les siens, Luna d'abord, puis ses enfants. Même si Alex y veillait de son côté, Don Felipe estimait aussi que c'était son propre devoir.

Son regard croisa celui de Luna, et il sourit, tout attendri, à voir Myriam déposer un premier baiser sur le front de son petit frère.

- Grand-Père... murmura la jeune femme.

Il fit quelques pas dans la chambre, demeurant un peu à distance car ne voulant pas briser le cercle formé par la petite famille. Mais Myriam releva vite la tête et s'adressa à lui :

- Grand-Père... Viens voir ! Henry est tout petit !

Il franchit la distance qui les séparait, alors qu'Alex se redressait pour lui présenter l'enfant.

- Voulez-vous le prendre, Don Felipe ?

- Je n'ai plus les mains aussi sûres...

Sonya approcha alors un fauteuil, dans lequel le vieil homme s'assit. Puis Alex lui déposa le bébé dans les bras.

- Un fils ! Bravo, ma Luna... Quel beau petit, déjà ! N'est-ce pas, Myriam ?

- Il est un peu tout rouge...

- Tu l'étais aussi quand tu es née, tu sais. Et quel joli prénom... fit-il en regardant Alex.

Celui-lui répondit par un simple signe de tête : ils s'étaient compris sans avoir besoin d'en dire plus.

- Il portera aussi le prénom du père d'Alex et celui du mien, dit Luna.

- C'est un très beau choix, fit Don Felipe. Je n'en suis pas surpris, ajouta-t-il avec un sourire. Tenez, Alex, reprenez-le. Je préfère...

Et Alex reprit son fils dans ses bras, pour le ramener à Luna qui le garda contre elle.

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