Alek - 3.2
Le tunnel était sombre, les pas des quelques personnes l'empruntant résonnaient avec force dans l’espace restreint. Contrairement à l'entrée bondée due au contrôle de la garde, Alek aurait presque eu la sensation d’être isolé parmi les rares citoyens qui étaient autorisés à continuer. Mais il n’eut pas le temps de penser à la chose que la sortie fut à sa portée.
Le passage du mur était ainsi bien court et Alek fit son irruption de l’autre côté de la construction. Il fut alors à nouveau plongé sous la dense pluie. La différence entre les niveaux sauta de suite aux yeux du magister. Les rues, les bâtiments et toutes les infrastructures en général étaient de plus grande qualité. Nulle enceinte craquelée, nulle brique apparente. Simplement des édifices à l'aspect lisse et propre. Même le sol était dans un meilleur état. Le déluge venait ruisseler sur les dalles et pavés pour continuer sa route dans les conduits d’évacuation et les quartiers inférieurs.
Contrairement à cesdits niveaux, la seconde section d’Aldius était bien calme. Les quelques commerces avaient fermé leurs portes. Les volets des bâtisses, au grand complet cette fois, étaient clos et les passants encore plus rares que durant le début de la marche d’Alek.
Le magister releva la tête après avoir rejoint le trottoir de la rue, il observa le ciel. Cependant, Alek ne regarda pas uniquement les nuages ou la pluie, mais les formes qui se dessinaient au loin. Les silhouettes non moins sombres des navires de la marine qui voguaient au-dessus de lui à grand bruit se révélaient à mesure qu’ils s’approchaient de la cité nation.
Les bâtiments de la flotte impériale retournaient chez eux. Ils revenaient à leurs encrages tandis que les ombres plus modestes de nombreux dirigeables venaient également se poser. Les prospecteurs après leur campagne sur la terre viable ramenaient ainsi leur chargement de trouvailles de cette terre sauvage, mais au combien vital. Leurs petites embarcations ne reflétaient en rien leur rôle qui était en réalité capital pour la ville et sa population.
Il n’y avait aucune erreur à faire quant à la différence des bâtiments. Les dirigeables de ces explorateurs, modestes et trapus, naviguaient avec aisance autour de long et puissant cuirassé et gros-porteur de la flotte ou les gargantuesque navires des compagnies de commerce. La marine impériale avait une pléthore de bâtiments de guerre reconnaissable à leur carapace d’acier et aux canons qui dépassaient de ces derniers.
Les innombrables ballons beige foncé des navires des prospecteurs étaient ainsi visibles dans le sombre ciel tel de multiple essaim slalomant entre les lourds et pesants vaisseaux. Les bateaux armés gardaient eux leurs précieux sacs d’air en leur centre témoignant de la différence de fonction des navires.
Alek quittant des yeux ce ballet et spectacle aérien pour continuer dans la rue avant de s’arrêter face à un immeuble dont il ne fallait pas essayer de compter les étages. Comme la plupart des constructions du second niveau, il était terne, mais entretenues et en bon état. L’entrée était pourvue d’un porche constitué d’un petit toit ciselé et de deux colonnes porteuses. Se mettant à l'abri de la pluie sous cette protection, le magister tira la poignée de la porte et pénétra dans le vestibule du bâtiment.
Alek possédait l’un des appartements des premiers étage. Comme la plupart des édifices de la ville, si ce n’est pour dire la quasi-totalité des deux premiers niveaux, l'endroit était la maison de multiples familles qui se partageait l’immeuble.
le magister progressa dans le couloir face à lui, il avançait guider par les rares lampes à pétrole accrochées de chaque côté de murs. Les éclairages étaient pendues à de supports des parois qui elles étaient à intervalle plus ou moins régulier. Les cloisons se trouvaient couvertes d’une sorte de tissus pour cacher l’aspect primaire des lieux et augmenter sa beauté de quelques façons.
Arrivé au bout du corridor, Alek se mit à grimper le long et exigu escalier d’acier. Il gravit ainsi les nombreuses marches qui constituaient le passage entre les sept premiers étages de l’édifice.
Il se trouva au bout quelque peu essoufflé malgré son jeune âge, Alek s’engagea dans le couloir de son palier. Le sol craquait sous ses pas et la pluie tambourinait contre les murs de la bâtisse.
Alek d’un pas connaisseur entreprit de couvrir la distance le séparant de la porte où le chiffre trente-trois était inscrit. Il posa la main sur la poignée ronde et se stoppa net. Alek quitta cette dernière juste avant de l'ouvrir, il parcourut les nombreux conduits qui couraient au-dessus de l’entrée.
Il passa ses doigts sur l’espace secret qu’il y avait et ne sentit rien.
Quelqu’un avait dû prendre la clef qu'il laissait là, cela voulait dire que ses frères étaient déjà présents. Il tourna donc la poignée et entra dans l’appartement. Dans son chez-soi.
L’ambiance et l’aspect triste dû notamment à la pluie et à l’éclairage général de l’immeuble changèrent du tout au tout lorsque le regard d’Alek se posa en son logement. La totalité des lampes et autres sources de lumière avait été activée sans soucis de consommations. La table centrale, entourée de chaises, était peuplée par trois hommes qui avaient pris place. Ils parlaient et riaient ensemble.
Alek referma la porte aussi silencieusement que durant son ouverture. Il enleva son lourd manteau de magister pour le pendre aux crochets fixés à l’arrière de cette dernière avant de s’avancer dans la salle principale.
Les trois occupants de la pièce étaient entièrement préoccupés par la partie de cartes. Chacun tenait fermement et à l'abri des yeux indiscrets son jeu tandis qu'à tour de rôle ils posait ce qu’il pensait être le plus opportun.
Soudain, sans crier gare quant à la concentration des compétiteurs, Paul bondit de sa chaise en affichant sa main à la face de ses frères. Il avait sans nul doute gagné leur partie de jeu des rois, Paul remarqua par la même occasion le nouvel arrivant dans l’ombre de l’entrée.
Annotations