Malden - 2.3

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Lorsque Malden arriva à la gare, ce fût rompu de fatigue et les pieds bien douloureux. Sensation et état général que partageaient les autres soldats de la brigade et du défilé à mesure qu'ils s’arrêtaient dans l’important terminal de train.

Les troupes en partance étaient nombreuses entre les hussards et fantassins. L’Empire avait alloué en conséquence l’un des plus grands transports disponibles et le mastodonte d’acier en question attendait immobile au milieu de sa voie. Le chemin de fer était bordé de constructions grises, de longs et hauts abris vitrés ou les combattants se massaient tandis que les différentes machines des corps d’armée étaient quant à elles conduites vers l’arrière de la gare par les travailleurs et autres cheminots.

Là, sur la partie lointaine de la station, d’innombrables grues s’adonnaient à leur ballet aérien pour embarquer les engins sur les wagons. Les destriers des hussards étaient ainsi soulevés et entassés sur les remorques du train au même titre que les chenillards. À ceci près que plusieurs appareils de levage étaient cette fois nécessaires pour déplacer ne serait-ce qu'une de ces machines de guerre.

Seul le train semblait silencieux dans ce paysage, car une foule d'hommes étaient là à crier leurs ordres et les grues finissaient d'assourdir les soldats par leurs bruits. Les voix des officiers et contremaîtres résonnaient à l’unisson dans ce lieu d’acier. Instruction destinée à ceux qui chargeaient les machines ou à ceux qui pressaient les combattants pour garder un tant soit peu de cohérence malgré l'anarchie. Des groupes compacts commençaient à discuter sous les abris. Il n’avait fallu qu’une halte pour que les hommes libèrent la tension en échangeant sur des sujets aussi divers que variés et bien souvent futiles.

Mais cette situation, cette presque anarchie, fut bousculée et réveillée par le train. Le mastodonte d’acier relâcha soudainement la vapeur et la pression qu’il conservait dans un sifflement strident. Les officiers à ce simple bruit commandèrent leurs hommes pour prendre place dans l’interminable file de voitures pour voyageurs qui composaient le train. Gênant les soldats dans leur repos et relevant les plus fainéants qui s’étaient assis, voire couché sur le sol.

Malden ordonna à ses combattants de faire de même, il leur intima de ranger leurs affaires ou collations sorties à la hâte pour embarquer. Bientôt précédé de ses soldats, le lieutenant Devràn longeait les voitures, mais les processions de fantassins qui s'y pressaient étaient denses et les places déjà toutes prises d’assaut.

Tout en suivant le train et sa succession infinie de wagons, Malden observait à sa droite les populeux groupes de coloniaux se dirigeant vers les derniers transports.

Leurs officiers, d’un ton bien martial et détaché, guidaient leur « troupeau » avec énergie et sans compassions. Utilisant leur sabre et leur fourreau pour les plus retors à titre de canne pour frapper les hommes à leur portée. Mais la chose qui choqua Malden fut le moustachu à médaille qui poussait ses obligés en leur lançant un « Allez rebuts des colonies, on repart alors dépêchez-vous ! »

Après avoir longé les wagons occupés par les hussards et les membres de la brigade Kempfer, Malden vit enfin une voiture ayant encore de la place libre. Mais tandis qu’il allait se retourner pour dire à ses hommes de monter, il fut arrêté par une main.

Cette main gantée appartenait à un sous-officier comme lui et regardant la personne en question, il reconnut Adrian Ryther.

— Je te déconseillerais de rentrer dans cette voiture, fit le lieutenant Ryther souriant.

— Tiens, tu ne trouves pas ce transport à ton goût mon ami ?

— Ho, si, fit Adrian en admirant l’intérieur de l’engin à l’aspect associant boiserie, acier et vitre. Mais tu risques de ne pas apprécier la compagnie !

Malden tourna son attention à nouveau vers le wagon et en l'observant avec curiosité, Malden vit de suite Liam Burrows et la presque grimace de ce dernier lorsque leurs regards se croisèrent.

— On dirait que cette voiture a attiré le pire de notre brigade…

— Alors, suis-moi, tâchons de trouver un wagon libre avec de meilleurs voisins de route.

Il emboîta le pas à son ami, le lieutenant Devràn longea le train cette fois imité de ses hommes mélangé à ceux d’Adrian. Les voitures bondées se succédèrent les unes aux autres et au fur et à mesure l’aspect des transports changeait.

Malden avait pu voir les premiers wagons assez fastueux occupés par les états-majors et les hussards. Ceux habités par les combattants de la brigade Kempfer étaient assez simples, mais bien entretenus. La marche des deux amis ne devait pas se poursuivre trop, car ils allaient bientôt rejoindre les nombreuses voitures des coloniaux au caractère cette fois sommaire et sûrement moins confortable qui composaient les derniers wagons charriant les véhicules de guerre.

Adrian qui menait le groupe s’arrêta et, se retournant, fit signe à Malden d’entrer dans la voiture le jouxtant. Malden grimpa les marches d’acier du wagon et le lieutenant Devràn tira la porte pour rentrer dans l’engin. La pièce dans lequel il fit irruption était aussi grande que vide. De part et d’autre se succédaient de longs sièges de cuir entrecoupés de tables.

Il prit ses quartiers dans le premier îlot que formaient deux banquettes. Enlevant son sabre de sa ceinture, il posa ce dernier avec sa lourde veste sur les racks à bagages au-dessus des places. Le lieutenant Devràn s’assit ensuite et une fois installée contre l’épaisse vitre et ne bougea plus. Les hommes des deux unités se dispersèrent dans l’engin en occupant bien vite la quasi-totalité des sièges et Adrian, le dernier à fermer la porte, rejoignit Malden.

L’engin était propre et en plutôt bon état, l’extérieur d’acier avait été frappé de l’insigne de l’aigle impériale tandis que l’intérieur était tapissé de bois et de banquettes en cuirs. Adrian prenant place face à Malden. Il s'appuya sur la vitre et fit glisser la casquette d’officier qu’il avait gardé pour dissimuler son visage et ses yeux. Sa veste, elle, lui servit de couverture de fortune.

Au moment où Malden tourna la tête vers la paroi de verre, le train siffla pour annoncer son départ. Adrian prit alors une dernière fois la parole.

—Réveille-moi quand on aura quitté la ville et la désolation l’entourant…

Le train se mit en marche dans un grand bruit entraînant les nombreux wagons qui le composaient . Le paysage de la gare se dévoila au lieutenant Devràn. Ce panorama laissa vite place aux quartiers les plus pauvres et bas d'Aldius en se dirigeant vers les hautes murailles d’acier du premier niveau.

Adrian ainsi couché s’était endormi malgré sa position qui devait être peu confortable. Il s’était assoupi avec toute l’inconscience du soldat n’ayant jamais vu le front tandis que Malden lui observait la cité nation défilée devant lui à travers les épaisses vitres du wagon. Il admira une dernière fois la cité nation et son chez lui avant son périple qu’il l’emmènerait loin d’Aldius, et ce, peut-être pour toujours.

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