Chapitre 5
Rossi et Mahieux arrivèrent dans la même voiture au point de rendez-vous, le parking d’un hypermarché avec un quart d’heure d’avance. Le ciel était dégagé, la pleine lune était visible, mais la pollution lumineuse ne permettait pas de voir les étoiles. Le mistral faisait danser les arbres du parking. A cette heure-ci, seul un groupe de jeune traînait une centaine de mètres plus loin, à écouter de la musique à fond et à crier. Rossi vit dans le rétroviseur de la voiture le fourgon arriver. Jacques se gara à côté de la voiture, puis fit signe aux occupants de la Toyota de vite monter à bord de son véhicule. Caroline et Damien montèrent à l’avant, puis enfilèrent chacun leur paire de gants. Ils avaient des cagoules mises comme des bonnets. Lemarchal stationna le véhicule sur le bas-côté, coupa le moteur et récupéra à l’arrière des outils.
Les lampadaires de la route de Géménos étaient éteints. Deux voitures passèrent, mais ils n’étaient pas visibles en raison de la combinaison noire qu’ils avaient, ainsi que le visage masqué par la cagoule. Jacques vérifia que la poignet du portillon pouvait s’ouvrir, mais il passa papar-dessusa petite grille. Ils montèrent l’escalier menant à la porte d’entrée, puis ce fut Rossi qui parvint à crocheter la porte d’entrée. Un escalier pour descendre dans la cuisine se trouvait sur la gauche, où la lumière de la télé vavalsaitur les murs. Ils s’arrêtèrent quand la télé s’arrêta, et que des bruits de pas marchaient sur le carrelage pour se diriger dans la cuisine. Cinq minutes plus tard, le trio se lança dans les escaliers. Pulaski se mit à paniquer et activa l’interrupteur du store électrique. Ce fut Caroline qui se jeta sur les jambes du Russe qui tenta de ramper sous le volet pour s’enfuir par la terrasse. Pulaski donnait des coups de pieds dans tous les sens ! Caroline lâcha quand elle se prit le pied gauche dans le nez. Igor parvint à se faufiler dans le jardin, où sa course fut rapidement stoppée au moment où Damien plaqua Igor. Tous les deux tombèrent dans la piscine. Jacques et Caroline arrivèrent quelques instants plus tard, médusés par la vision de ces deux hommes se battant dans une piscine.
Caroline décida d’agripper le Russe, pour l’extirper de la piscine. Igor se laissa faire, il n’avait plus d’air dans les poumons, tout comme Damien qui eut du mal à reprendre sa respiration. Quand il revint à lui, il chercha à s’échapper, mais Jacques lui fit un croche-patte. C’est alors qui lui enfonça le canon de son pistolet dans la bouche, et le sac sur la tête. Caroline et Damien le ligotèrent. A trois, ils parvinrent à le transporter en le portant jusqu’à l’arrière du camion. Jacques démarra le fourgon brutalement pour faire demi-tour pour prendre la direction de Toulon. Le vieux conducteur commença à rigoler et fit « Bravo, vous avez été vraiment tous les deux courageux ! ».
Après quarante minutes de route, ils arrivèrent à Sanary-sur-Mer. A cette heure-ci de la nuit, la petite ville était endormie. Le seul bruit ambiant était le moteur du Peugeot Boxer accompagné du doux clapotis des vagues frappant légèrement le quai. Les bateaux sur le port de plaisance tanguaient légèrement. Jacques ouvrit la porte arrière, puis indiqua à Damien et Caroline le bateau qu’ils allaient prendre. Dix minutes plus tard, un ami de Jacques arriva avec un Zodiac qu’il lui prêta avant de s’éloigner avec le Peugeot. Damien était à la barre du navire, Caroline avait fait asseoir Igor sur une banquette à l’intérieur du bateau et tout en se tenant, elle continua d’observer le Russe qui avait encore le visage couvert. Damien se pencha légèrement à l’intérieur, puis lui fit « Tu peux lui retirer son sac et sa boule. Qu’il en profite pour bien parler ».
Pulaski plissa les yeux en voyant la lumière à l’intérieur. De ses mains encore gantées, Caroline jeta sa cagoule puis observa sévèrement l’homme qui avait du mal à reprendre ses esprits. Quelques instants plus tard, il fit « J’aurais aimé vous voir dans cette tenue avant ».
- Après ce que vous avez fait, je ne suis pas sûre que vos compliments puissent me donner envie d’être clémente avec vous, cher Pulaski, dit Caroline d’un ton sec.
- Vous êtes belle, vous savez. Je ne comprends pas comment se fait-il que vous soyez ici à me ligoter alors que vous auriez pu avoir une carrière plus brillante dans…. Je sais pas…. Peut Peut-être le mannequinat ou hôtesse de l’air.
- Je ne joue pas de mon physique dans mon métier. Je peux vous dire que vous êtes foutu. Foutu de chez foutu.
- Vous êtes en train de défendre les pires ordures qui existent sur cette planète. Vous êtes manipulée par eux. Le jour où ce putain de gouvernement comprendra qu’ils sont pris pour des cons par les vampires, vous vous ferez dégager de votre poste. Votre Bureau d’Enquête, il sera « finito », comme diraient les jeunes aujourd’hui. La France fera appel à des gens comme moi, des types qui n’ont pas peur de tuer et qui sont prêts à faire justice eux-mêmes contre ces salauds.
- Je n’ai pas le don divinatoire comme vous.
- C’est normal que vous ne l’ayez pas, parce que vous êtes dans le déni. Vous êtes une femme intelligente, reprit Igor après quelques secondes de silence. Vous êtes intelligente, vous êtes une femme instruite et c’est très bien comme ça. S’il vous plaît, ne me décevez pas. Ces gens que vous protégez ne veulent pas votre bien, ils ont besoin de larbins pour continuer à commettre leurs méfaits. Vous croyez tous que vous êtes en train de défendre une juste cause, mais vous êtes leur complice.
- Vous vous rendez compte que vous êtes en train d’insulter des milliers de personnes pour qui faire régner cette cohabitation entre vampire et humain dans les meilleures conditions ? On s’en prend à tout le monde ! Aussi bien des vampires qui s’en prennent à des humains et vice versa. Mais ça, vous refusez de le comprendre !
- S’il vous plaît, ne le prenez pas personnellement.
- Ah oui, et comment je dois le prendre !? Commença à crier Caroline.
- J’ne fais que constater. Prenez le comm’ça vous chante, je m’en fous.
Damien stoppa net le bateau en plein milieu de la mer. L’horloge approchait des six heures du matin. Jacques arriva une demi-heure plus tard, puis attacha le Zodiac au bateau. En montant à bord, il regarda froidement son ancien partenaire. Igor commença à s’inquiéter en voyant Lemarchal avec sa mallette dans la main. Jacques l’ouvrit rapidement, puis prit une seringue qu’il planta dans un flacon rouge. Il répéta à plusieurs reprise l’opération les plantant violemment dans les bras, ainsi que dans la carotide. Pulaski hurla de douleur à chaque reprise, puis commença à ne pas sentir très bien. Soudain, il commença à avoir les yeux qui commencèrent à devenir vitreux, le teint devint plus pâle et Pulaski regarda la scène avec un sourire sadique.
- Jacques, t’as fait quoi ? Demanda Igor, après avoir retrouvé ses esprits.
- T’es devenu un vampire, mon salaud, fit le vieil homme. Avec Caroline et Damien, on a concocté tous les trois un plan pour te tuer. Désormais, t’es un homme mort parce que nous sommes suffisamment éloignés du rivage pour que le retour soit long. Tu n’as d’ailleurs pas de conteneur pour te faire transporter de jour. T’es condamné à crever, mon ami !
- T’es qu’une pourriture ! S’écria Igor, en pleurant de rage. Je ne pensais pas qu’avec eux t’serais suffisamment con pour m’piéger !
- Toi, t’as été suffisamment con pour te laisser piéger, répliqua tranquillement Lemarchal. Tu savais très bien que tu pourrais t’en tirer aussi facilement que ça. La seule chose que nous puissions faire pour toi, mon salaud, c’est de prier pour que Dieu ne soit pas trop dur envers toi quand tu le verras !
- Je pense que tu auras du mal à te rendre compte de ce que ça fait de mourir brûlé vif ! Répliqua Igor, violemment. J’espère pour toi que tu ne te feras pas traquer par un chasseur encore plus vicieux que toi qui viendra transformer sa victime en vampire.
Le ciel commençait tout doucement à être lumineux. Caroline et Damien étaient toujours en haut des escaliers, à attendre que Jacques finisse sa conversation avec son prisonnier. Quand Igor fut tout en haut, il fit un mauvais regard aux deux enquêteurs et cracha à la figure de Caroline, qui lui envoya son poing dans le nez. Le Russe s’écroula au sol, puis se mit à rire. Tant bien que mal, il tenta de se relever en s’essuyant le nez. Pulaski parvint à se redresser pour s’approcher du bord du navire.
Les premières lueurs du jour se firent très pâles, très fraîches. Igor ferma les yeux, profita quelques instants de la légère brise matinale. Caroline, Damien et Jacques s’éloignèrent de Igor, qui se tourna paisiblement vers eux en disant « Ainsi s’achève ma vie. La seule chose que je regrette en ce moment, c’est de mourir aussi brutalement ». A ce moment là, de la fumée commença à sortir de ses vêtements, puis des flammes commencèrent à être visibles. Le Russe hurlait de douleur. Désormais, c’était une véritable torche humaine, où rapidement, il n'avait plus rien d’un humain. Sa peau noircissait à vue d’oeil. Ses dents finirent par être visible. Quand le corps finit d’être consumé, ce n’était qu’une forme vaguement humaine, noircie par la chaleur et les flammes. Jacques s’approcha du corps encore fumant pour le pousser dans la mer.
Quand ils se séparèrent sur le parking du centre commercial où Jacques avait laissé sa Mercedes, le chasseur de vampires les remercia chaleureusement avec une forte poignée de main. Avant de regagner Lyon, l’homme déclara « J’ai été heureux de pouvoir aider des jeunes comme vous. C’était vraiment plaisant ! J’espère qu’on aura des occasions de se revoir ».
Damien et Caroline regardèrent la berline partir à toute vitesse. Tous les deux furent épuisés par cette nuit sans sommeil. Pulaski mourut non pas à cause du meurtre de Capaldi, mais pour régler un ancien différend assez ancien avec Jacques Lemarchal. Ils étaient tous les deux complices de la mort du Russe, mais cela les soulageait que cette affaire se résolve de cette façon. En effet, ça ferait toujours de la paperasse en moins à présenter aux chefs, si ce n’était devoir mentir pour expliquer dans quelle condition Pulaski était mort.
FIN
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