19. L'inconnu de chez Gibert

7 minutes de lecture

Mélina m’avait donné rendez-vous dans un cinéma vers Luxembourg. Ce n’était pas pour aller voir un film. Il y a un bar dans la salle d’art et d’essais appelée Les Salons du Panthéon et l’ambiance y est feutrée. Nous sommes affalés dans un canapé profond en train de siroter un jus. La seule présence de Mélina me rend voluptueux. Elle se laisse aller dans mes bras et me parle tout bas. Il y a une serveuse derrière son comptoir et un couple à une table éloignée. Le jour ne pénètre pas ici et les lumières sont tamisées.

Je lui demandais son fantasme hormis de gouter au plaisir bourgeois de l’adultère et d’avoir un amant, moi en l’occurrence.

Elle chuchota : Après avoir découvert ma sexualité tardivement, je l’ai explorée de manière toujours sensuelle et ouverte, mais souvent imaginative. Quand j’habitais avec mon prof, j’ai fantasmé à l'idée de baiser avec un être sans forme donnée, une espèce inconnue sur terre, une forme non déterminée mais qui pourrait pendre toute forme que lui suggérerait mon désir. Cet être pourrait lire dans mon esprit et se nourrir de mon désir sexuel pour générer sa propre énergie. Et développer des tentacules de toutes tailles ou formes selon mes souhaits du moment… Nous aurions ainsi une relation symbiotique très forte puisque tous mes désirs seraient comblés au fur et à mesure… Il se nourrirait de mon énergie sexuelle et me comblerait de plaisir en échange.

  •  Ah mais c’est tout moi ça, regarde comme mes mains se transforment pour caresser ton corps et remplir tous tes orifices. Je caressais son dos et glissais ma main sous son chemisier.
  •  Non arrête, pas ici F.
  •  Je ne t’ai pas emmené ici pour cela.
  •  Ah non, et pourquoi ?
  •  Je veux que ce lieu soit notre lieu de rencontre. Je t’interdis d’y emmener aucune autre femme plus tard, même si nous ne sommes plus ensemble un jour, tu promets !?
  •  Oui je te promets tout Mel, dis-moi pourquoi tu veux cela.
  •  Je veux que ce soit notre lieu, notre havre de paix, pas pour le sexe, mais pour nous retrouver au calme, juste tous les deux. Pour nous ressourcer. Tendrement. En bavardant tout bas. En nous racontant. Comme des confidents.
  •  Je te le promets. Je caressais son visage : raconte-moi une aventure qui t’es arrivée.
  •  Je n’en ai pas, je t’ai déjà dit, à part mon prof, rico et toi…
  •  Tu n’as pas d’autres histoires de toi au pensionnat ?
  •  Non… Je peux te raconter l’histoire d’une de mes copines brésiliennes à Paris…
  •  Oh me voici intrigué, j’aimerai bien oui.
  •  Elle me l’a confiée par mail. Je te la lis :

Je furetais sur les présentoirs de Gibert Joseph avenue St Michel, espérant retrouver dans les romans d’occasion un recueil de nouvelles d’Anais Nin. Samedi après-midi du mois de juin, le simple plaisir de ressortir au soleil après ces mois de confinement. On aurait dit que la foule n’existait plus à Paris, c’était si agréable. Quand on me parla, je fus surprise par la voix de l’inconnu. J’étais souvent abordée par des hommes dans la rue, j’étais souriante et toujours habillée de manière féminine, mais pas aguicheuse… Mais là, sa voix grave, et l’assurance de son ton affirmatif :

- Bonjour Madame, pourriez-vous me donner un conseil sur un livre de danse que je voudrai offrir à une amie.

Je regardais l’inconnu, il avait un certain charme même s’il n’était pas vraiment mon genre, un peu trop vieux à mon gout. Plus grand que moi, bien foutu, des yeux noirs et des cheveux foncés, un peu ébouriffés, mal rasé, le teint un peu mat, sans que je sache dire de quelle origine…

- Comment savez-vous que je m’y connais en danse ?

- Haha, vous êtes danseuse, je le sais, ça se voit tout de suite !...

- Hahaha… vous avez raison, je suis prof de danse, je peux vous conseiller…

- En échange je vous offre un verre, ici en terrasse, ou chez moi…

Je m’étranglais en rigolant. Je rougis un peu mais j’arrivais quand même à répondre :

- Je vous conseille un livre et ensuite je veux bien un verre de rouge. Pour la suite, je n’ai pas le temps, mais on peut discuter.

J’étais habillée de manière simple ce jour-là, un jeans quelconque, un petit top à bretelle qui dégageait mes épaules, mais pas moulant, coiffée à la va-vite, pas très apprêtée en sorte. Mais quand je traversais le passage piéton devant l’inconnu pour aller à la terrasse du café, je sentais son regard s’attarder sans se cacher sur mon cul. J’avais un peu peur de lui, mais en même temps, sa voix me donnait des frissons.

- Comment vous avez su que j’étais danseuse ?

- Ça se voit tout de suite ! Votre silhouette, jolies jambes, petite poitrine et votre démarche…

- Vous avez bluffé en fait !

- Hahaha, oui j’avoue, je prêchais le faux pour savoir le vrai.

- Et vous proposez souvent à une inconnue croisée dans la rue de faire l’amour ? J’avais chaud aux joues en disant, je n’en revenais pas de rentrer dans son jeu mais je ne pouvais pas m’en empêcher, j’avais des sensations dans le ventre dès qu’il me parlait…

- Non, seulement, quand je sens qu’elles vont répondre favorablement.

Et ce sourire insolent !... Il me faisait un peu peur, mais il m’excitait à la fois. J’avais envie de le revoir.

- Je note donc que vous n’avez pas refusé. Quand pouvez-vous me rejoindre ?

- Lundi soir. Je répondis dans un souffle, sans réfléchir.

- Très bien, venez chez moi, voici mon téléphone, je ne suis pas loin d’ici.

- Non réservez un hôtel, je ne vais pas chez un inconnu pour la première fois.

Je le remerciais pour le verre de vin, souriais, et me levais. En m’éloignant, je sentis à nouveau son regard sur mes fesses, et je sentais ma culotte humide, je n’avais pas arrêté de mouiller de toute notre conversation…

Je rêvais de mon inconnu à la voix grave cette nuit-là. Mon mari me fit l’amour, et je jouis en criant fortement bien avant lui. Mais toute la nuit, je pensais à la voix grave en m’imaginant qu’il me prenait sauvagement.

Le dimanche je m’occupai de mon petit comme une bonne mère et je me concentrai sur ses risettes pour éviter de penser à cette voix grave.

Le lundi soir, mon mari était en déplacement et j’avais confié mon fils à une baby-sitter. J’étais impatiente. Je me suis habillée en femme fatale, chemisier sans manche noir, légèrement vaporeux, sans soutien-gorge dessous, mais avec une petite veste par-dessus pour marcher dans la rue à l’abri des regards. Jupe courte noir aussi et des bas mi-cuisses. Une culotte en dentelle, je n’aimais pas me promener sans, j’avais toujours peur que ma mouille coule à l’intérieur de mes cuisses et se voit…

J’arrivai en avance à l’hôtel, mais il y était déjà.

- Vous étiez impatient !? réussis-je à dire.

- Oui.

Je ne pus dire autre chose, car il me colla contre la porte de la chambre en m’embrassant. Sa main aussitôt entre mes cuisses, remonta entre. Il écarta le tissu de ma culotte trempée, je sentis son doigt en moi, et je me mis à geindre. Il me dévora en me caressant ainsi de longues minutes avant que je l’implore de me pénétrer ! Sans préservatif car il m’avait envoyé ses tests négatifs par textos… Un homme prévoyant et qui savait ce qu’il voulait…

Je sentais sa bite dure contre moi et descendis rapidement sa braguette, il arracha presque son pantalon et me pénétra d’un seul coup tout au fond. Mon corps se souleva, je ne touchai plus terre. Au sens propre comme au sens figuré. Il me baisa sauvagement contre cette porte. J’entendais mon cul rebondir contre le bois, et son corps battre contre le mien, son sexe au fond de moi, mes mains agrippant ses fesses, et sa bouche sur mon visage, moi hurlant bientôt de plaisir.

Quand je redescendis sur terre, il me porta presque jusqu’au lit.

Nous bûmes un verre de vin et nous discutâmes de danse, de peinture et d’ivresse. Je caressais son torse brun et musclé. Parfois ma main glissait sur ses cuisses et il se laissait faire comme une femme alanguie. Je le trouvais si viril, mais il assumait aussi sa part de féminité. Quand je sentis son sexe à nouveau durcir sous mes caresses, je le pris en bouche. Je le suçais goulument, et je l’entendis geindre à son tour. Je voulais le faire jouir dans ma bouche pour me sentir inondée de son plaisir. Mais il se retenait. Et quand il n’y tint plus, il m’attrapa les cheveux pour m’empêcher de remuer la tête. J’avais tellement envie… Je me relevais et le regardais avec défi : Prends-moi en levrette alors.

Je me mis à 4 pattes devant lui et me frottais contre son sexe. Nous jouâmes ainsi longtemps, jusqu’à ce qu’il se relève et me prenne enfin en levrette. J’aimais ça et lui aussi.

Nous fîmes l’amour trois fois cette nuit-là et je m’endormis en voyant le noir de la nuit devenir bleu sombre, un peu avant l’aube. Je me levais tôt, épuisée mais radieuse. Je me douchais en sentant tout mon corps irradier. J’étais tellement vivante !

Je l’embrassais et partis rapidement sur la promesse de nous revoir chez lui bientôt. Dehors, je prenais conscience de la beauté de Paris au petit matin et je respirais comme si je renaissais.



  •  Elle a l’air sympa ta copine, tu me la présenteras ?...
  •  Haha, surement pas.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Francisco Barni ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0