Trop occupée à préparer sa vengeance, Georgette mit bien vite de côté ses grands rêves de conquête. Rendez-vous compte qu’elle devait trouver de quoi assouvir les pulsions meurtrières de milliers de Georgettes. Quant à savoir si c’était réellement une vengeance ou un besoin physiologique (oui, oui, tout en bas de la pyramide de Maslow), je vous laisse débattre.

 C’est donc quelques heures plus tard qu’elle mit au point une D’ouch ! (oui, le point d’exclamation est compris dans le nom de l’invention, et oui, le nom est aussi claqué que Maurice après une nuit blanche). Elle fit tout d’abord tester son système de canalisations par ses grandes amies, et si Alba eut d’abord droit à de l’eau croupie avant que n’arrive de la bière, José et Kaka eurent immédiatement droit à de la vodka et du rhum. Satisfaite, la rouquine alla chercher ses clones et leur demanda de se ranger par deux devant l’une des trois portes de la D’ouch !. Georgette amena Maurice à la D’ouch ! par un couloir grillagé et barbelé et le fit rentrer dans l’arène la D’ouch ! par la deuxième porte. Elle sortit par la troisième porte. La fête put enfin commencer !

 Le premier deux-roux entra dans la D’ouch !, rouxla sur Maurice (logique pour un deux-roux), le rouxa de coup. Dans un réflexe purement instinctif, ce dernier se rouxla en boule par terre pour protéger son visage, ses couilles et son ventre. Mais croyez-moi, il ne fit pas long feu devant deux rousses en furie, armées de divers intruments de torture. Quand son vaillant petit cœur cessa de battre, le deux-roux sortit par la troisième porte et la D’ouch arrosa Maurice du sang de G204 (G pour Georgette, vous l’aurez compris), restée sur l’une des tables d’opérations de Maurice, et dont l’unité de prélèvement était directement reliée aux canalisation. Quand il se remit debout, le deux-roux suivant entra, s’amusa un peu jusqu’à ce que mort s’ensuive, etc.

 Vous l’aurez donc compris, Maurice mourut de nombreuses fois ce jour-là.

 Lorsque les GARC se retrouvèrent à table, le soir de cette merveilleuse journée, Georgette, d’humeur on ne peut plus excellente, servit pour une fois des pâtes exquises à ses amis. Sans cannelle. Impensable, et pourtant…

 NDLR : les clones ne vivent pas au QG, faut pas déconner non plus, y a que Georgette qui y a à peu près sa place. Les autres, elles sont… ailleurs ?

 — Bon Maurice, j’espère que t’as kiffé ta journée parce que c’est ta faute…

 — Connasse.

 — T’avais qu’à réfléchir un peu aussi…N’empêche, quand un grand savant fait une connerie, ça a des répercussions sur le monde entier. Heureusement que t’es qu’un petit abruti dans son garage…

 — Les plus grandes inventions se sont faites dans un garage d’abord !

 — Ouais fin là…

 — C’est vrai ça, fit Alba. On peut pas dire que là…

 — Oh attendez ! lança Kaka. J’ai un appel de Michaël.

 — Maïkeuuuul ! jugea bon de hurler José.

 — Attends… QUOI ?! fit Kaka à son téléphone.

 — Il t’a larguée ?

 — Allumez la télé, ordonna Kaka.

 — Il te demande en mariage en direct ?

 Bienvenue dans le bulletin spécial. Depuis maintenant quelques minutes, nous avons reçu plusieurs alertes signalant que des individus armés de katanas sont à l’assaut de plusieurs villes de France. Nous avons essayé de retrouver le point d’origine de cette armée sans précédent qui, on me dit à l’oreillette, sembleraient tous être roux. Les premiers appels provenaient de Montauban, d’Agen et Cahors. Puis une seconde vague d’alertes est venue de Rocamadour, Gourdon, Sarlat, Marmande comme les tomates, oui pardon, ce n’est pas le moment, excusez-moi, c’est le stress, hum je disais donc Marmande et Toulouse.

…

 Mon Dieu, Rodez, Bergerac et maintenant Bordeaux sont touchées par ce nouveau fléau. Pau et Perpignan. Je ne sais plus si je dois espérer que la menace reste en France ou aille rendre visite à nos voisins espagnols. Remarquez, ils nous ont bien refilé la grippe espagnole… Ah non ? Oui, pardon madame, je hum, je suis navré. Ah oui, je parlais de l’épicentre de cette nouvelle crise. Au vu des ninjas auxquels nous avons affaire, j’aurais tendance à dire la Chi… Aïe ! Oui, désolé ! Ah c’est le Japon ?

 VOUS ÊTES VIRÉ BERTIER !!!

 Bien, veuillez excuser notre ancien employé. En étudiant l’heure des appels reçus et leur origine, il semblerait que l’épicentre de cette attaque soit…Montcuq.

 Madame, c’est vulgaire !

 Au vu du niveau intellectuel des gens qui m’entourent, peut-être devrais-je préciser qu’il s’agit de Montcuq-en-Quercy-Blanc, 46800, situé dans le Lot. Nous venons d’apprendre qu’une patrouille a été dépêchée sur les lieux pour tenter d’élucider ce mystère. Restez à l’antenne, restez chez vous et fermez vos portes à clé et vos volets.

…

 C’est au tour de Montpellier, Clermont-Ferrand et Nice, m’annonce-t-on à l’instant. Lyon également. Sapristi cette armée se répand comme une traînée de poudre ! Si elle continue à cette allure, Paris sera touchée dans dix minutes, Lille dans douze et Dunkerque dans treize.

 Paulette éteignit la télé.

 — Vous pensez que c’est les clones de Georgette ?

 — Ben… qui d’autre veux-tu que ce soit ?

 — C’est de ta faute, Maurice. Tu aurais dû y réfléchir à deux fois ! le gronda Alba.

 — Désolé cheffe…

 — Salut, je suis Elie Pse.

 — Enchanté, t’es grand comment ?

 — Deux heures.

 Bienvenue à ceux qui nous rejoignent sur ce bulletin spécial, il est 22h37. Nous vous rappelons qu’une armée de roux (qui sembleraient être des rousses) armés de katana ont envahi la France entière il y a quelques heures. L’Élysée est tombé à 20h51 et l’armée a pris le pouvoir par un coup d'État. Elle a installé sa nouvelle capitale aux Rousses, dans le Jura. Cependant, les frontières n’ont pas arrêté ces envahisseurs puisque l’Europe entière a été envahie et que l’armée semble se déplacer vers l’Asie et l’Afrique. En somme, il est probable qu’ils se dispersent tout autour de leur épicentre à Montcuq dans le Lot, en direction du monde entier. Restons chez nous, nous sommes unis face à cette menace.

 — Georgette, à l’heure actuelle, mon invention impacte le monde entier. DONC JE SUIS UN GRAND SAVANT !!!

 — Non, désolée.

 — Quoi non ? C’est toi qui as dit.

 — C’était une implication, pas une équivalence.

 — Gné ?

 — C’est des maths trop avancées pour que ton cerveau reculé puisse saisir quelque chose.

 — Connasse.

 — Rageux.