Les volutes bleues et tes senteurs voyagent en coeur dans mes souvenirs.

Enfant, Gitane, à la portière de la voiture, mon père, sur la route des vacances.

Adolescente, en voyage, éprise d'un vent de liberté, une Malboro sur le sentier.

Ainsi, naquit une amitié, tronquée, trompeuse entre la cigarette et mes émois.

Au piano, sur les plateaux télé, à la guitare, autour des feux de camp, toujours, une cigarette s'offrait en partage.

Une contenance, une appartenance, une connivence, une dépendance.

L'odeur du cendrier froid, les draps collés, les paquets éventrés, courir au duty free, dans les aéroports. Je sentais bien alors que la parade serait difficile à débusquer pour empêcher le geste de fumer au café du coin, à la pause déj, aux cercles d'amis.

Les affiches "fumer tue", les ragots dans les métros, à celui qui connait mieux, le dernier pendu d'avoir trop brûlé les filtres calcinés au bout des lèvres sèches. A chaque balise qui criait "Arrête", les sourires des temps heureux barraient la route.

Au dernier palais pour demeure, sur la tombe de granit gris, mes larmes sont tombées une pour la rose sur ton cercueil, l'autre pour le parachute que tu m'offrais.

j'ai écrasé la dernière clope.

Broyé mes illusions.

Je garderai le souffle pour honorer notre rencontre.

On dit que seuls meurent ceux qui ne vivent plus dans le coeur des vivants.