Le métis
Il est métis. Ces trois mots lui collent à la peau. Pour le désigner, le nommer, parfois le dénigrer.
Las, lui-même ne sait pas qui il est.
Tout adolescent se construit d'une manière consensuelle ou en ruant dans les brancards contre des limites trop absurdes à ses yeux pour contenir le flux de la vie qui crie de couler.
Mais LUI ne sait pas comment se comporter.
Lorsqu'il est dans le village très reculé, à des mille des premières villes en Asie, dans la demeure de sa grand-mère, le flot de la vie est arc-bouté dans le calme et les heures rituelles qui contiennent toute la patience du temps présent. Il ne parle pas la langue et l'anglais n'est pas pratiqué. Il se sent flotter, dans un isolement pointé du doigt.
Lorsqu'il est dans son lycée parisien, au coeur de la tourmente de sirènes, de pas rapides, de fumées et d'un air peu respirable sous un ciel bleu plomb de la pollution, il s'évade et rêve des champs verdoyants de sa région, loin, là-bas.
Ce capharnaüm crée des embûches et lorsque le cafard griffe trop son coeur, il écoute Rakshak, fort, très fort.
Parfois, il hurle aussi.
En écoutant : https://www.youtube.com/watch?v=UAv6-s_VG9E - Bloodywood- Rakshak
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Réponse à "Un jour, un son #5
lancé par Fred Larsen
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