22 octobre 1993 - 19h13
Pour que j'accepte de fêter les 1 an de notre premier vrai contact, Shay a dû jouer sur mes sentiments. Mais en même temps, elle savait parfaitement que j'étais incapable de lui refuser quoi que ce soit dès qu'elle me faisait les yeux doux.
Oui, j'étais incapable, parce que, si elle ne m'avait pas fixée, cette fameuse rentrée 1992, je n'aurais jamais découvert le sens du mot "amie", encore moins celui de "meilleure amie". Pour ça, je ne cesserais jamais de la remercier. Alors, oui, j'allais faire un petit effort et sortir avec elle, comme deux filles normales, parce que c'était la moindre des choses. J'avais aussi compris, à son contact, qu'il est bien plus agréable d'ignorer les railleries et les mauvais regards à deux que toute seule. Qu'il est bien plus agréable d'être deux qu'un dans tous les cas, en fait.
Voilà donc pourquoi je me retrouve, en ce moment même, coincée dans... une salle de cinéma, à côté d'une Shaylon qui n'a, en un an, toujours pas perdu son enthousiasme débordant et son énergie incontenable. La seule fois où je l'ai jamais vue perdre le sourire, c'est quand elle a compris que si j'étais tellement réservée, paranoïaque, et que si je craignais tant les contacts, c'est parce que j'avais été violée. Cependant, elle n'a jamais posé de questions. Jamais. C'est la règle tacite entre nous : nous ne parlons jamais de notre passé. Ainsi, je la laisse croire en ce qu'elle a déduit, et de même, je ne peux qu'essayer de comprendre ce qui l'a amenée à devenir, en apparence, l'exact contraire de moi. Je suis presque certaine qu'elle ne soupçonne en aucun cas mon connard de père d'être responsable de mes malheurs. Elle ne sait même pas qu'il est mort, juste que seule ma mère vient me chercher à la fin des cours. Mais comme toujours, pas de question, c'est la règle. Et pour une fois, une règle qui ne me dérange pas.
Mais tous ces secrets, tous ces voiles autour de nos passés respectifs, ne nous empêchent pas de nous aimer et de nous découvrir, plus les jours passent, des points communs insoupçonnés. Par exemple, qui aurait cru que ma petite Shay, si chétive, si petite... adore en fait la marche à pied ? Pas moi en tous cas. Au début, les premiers jours, les choses sont allées très lentement entre nous. Très doucement. Je me suis habituée petit à petit à ce qu'elle me colle tous les jours, et nous sommes vite devenues inséparables, même si nous ne parlions quasiment pas. De même, à force de devoir supporter ses gestes brusques, elle est la seule personne au monde qui ne me fait plus sursauter en s'approchant trop près. Elle réussit même parfois à glisser son bras sous le mien ou autour de mes épaules sans que je ressente une vague de dégoût inconditionnée à son toûcher. Autrement dit : un exploit. Grâce à sa présence, ses encouragements silencieux et son soutien, les mois passants, j'ai peu à peu retrouvé figure humaine. J'ai recommencé à manger aux repas, à parler à ma mère... à vivre! Le 15 décembre 1992, j'ai souri, j'ai souri vraiment pour la première fois de ma vie. Elle m'a fait découvrir tellement de premières fois, et je ne peux que l'en adorer encore plus. Et le 22 décembre 1992, j'ai éclaté de rire. Comme une personne normale.
Jamais je n'aurais survécu sans elle. J'aurais sombré depuis longtemps, m'abandonnant aux brumes attirantes du suicide, cette idée qui hante me hante depuis trop, trop de temps déjà. Mais non. Elle est là, elle qui ne connait presque rien de moi, elle qui doit supporter mes comportements inexplicables, mes sautes d'humeurs, mes soudains éclats de colère, elle qui doit supporter mon égoïsme et mon mauvais caractère tout le temps. Mais non. Elle reste quand même là, envers et contre tout, et elle me soutient, elle m'aide à avancer, elle me donne la force d'aller de l'avant, elle me donne l'envie de lutter qu'il me manquait. Elle redonne un sens à ma vie, avec sa bonne humeur, sa joie de vivre et sa volonté implacable, même si je vois bien que derrière ses sourires, elle n'est rien de plus, comme moi, qu'une âme torturée, flagellée, détruite. Comment peut-elle trouver la force d'afficher un tel entrain ? Elle est peut-être simplement plus entraînée que moi à l'hypocrisie et aux "Ca va" quotidiens, mais je n'y crois pas vraiment. Il doit y avoir autre chose. Toujours est-il qu'avec ma mère, qui se porte d'ailleurs de mieux en mieux, elle est devenue l'une des deux uniques personnes qui comptent réellement pour moi.
Et même si elle n'a pu chasser ni Cat, ni mes pulsions suicidaires, ni mes pensées volatiles, elle a déjà tant fait pour moi que je me demande si je pourrai jamais lui rendre la pareille un jour.
Quant à mes insomnies, je crois que d'elles non plus je ne m'en débarasserai jamais. Cependant, elles ne me dérangent plus. Parce que maintenant, j'ai une personne formidable avec qui les passer : Shaylon Warrior, ma petite rêveuse solitaire qui cache son malheur derrière un masque impénétrable.
Le film a d'ailleurs à peine commencé qu'elle trépigne déjà sur son siège. Et même si, plus par manque d'intérêt que par défaut de mémoire, je n'ai pas réussi à retenir le titre, je sais déjà qu'il lui plaît vraiment. Ce que j'aime aussi tellement chez ma meilleure amie, ma seule vraie amie, c'est sa franchise... ce qui paraît totalement insensé. Mais non. Parce que, si on ne regarde pas ce masque de bonheur horrible qu'elle arbore et que je voudrais lui arracher, Shaylon est une fille particulièrement sensible, mais surtout, qui dit tout ce qui lui passe par la tête sans aucune retenue. Toujours prête à réagir au quart de tour, à sauter - littéralement - sur tous ceux qui osent me dévisager ou m'insulter. Et elle ne profère jamais aucun mensonge, du moins du moment que le mensonge en question ne risque pas de trahir sa couverture. Je le sais parce que rien n'est plus facile que de déceler un mensonge dans les yeux de quelqu'un. Et quand je plonge dans la magnifique teinte bleue-grise des siens, j'y vois invariablement tout ce que je veux savoir.
J'aimerais tellement la comprendre! Ressent-elle exactement la même chose, ma belle Nolyahs ? Je ne veux plus de ces secrets, de ces mensonges entre nous. Mais j'ai peur, tellement peur, de mon côté, de lui dire la vérité sur moi, alors comment exiger d'elle une telle chose si je ne suis pas capable d'honorer ma part ? J'ai peur, peur de la perdre, parce qu'elle va partir en courant lorsqu'elle comprendra que je ne suis pas celle qu'elle croit. J'ai peur, peur de la perdre parce que ma trahison va à coup sûr lui faire aussi mal que ça me fend le coeur de lui cacher de telles choses en ce moment. Tous les matins, j'arrive devant le portail du collège un peu avant elle, et quand elle débarque enfin, elle me fait ce grand sourire qui me réchauffe le coeur, qui m'aide, un instant, à tout oublier. Mais tous les matins, ce moment magique est gâché par l'énorme poids qui pèse sur mon coeur pour me rappeler mes actes, à présent irréparables. Pourquoi ai-je fait ça ? Pourquoi, bon sang, pourquoi je continue comme ça alors que si je lui dis tout tout de suite, elle comprendrait peut-être ? Plus j'attends, plus je réduis mes chances de sauver notre amitié. J'aimerais tellement tout lui avouer, mais ce n'est pas possible. La blessure est encore trop vive, et puis, si Maman n'a pas dénoncé ce connard à sa mort, c'est pour une bonne raison. Je ne dois pas ruiner ses efforts en révélant tout mon passé à Shaylon, qui irait à coup sûr le dire à quelqu'un d'autre, parce qu'elle jugerait de son devoir ne pas nous laisser, ma mère et moi, dans une telle situation. Elle ne comprendrait pas que c'est le mieux que nous puissions souhaiter.
Un son étouffé me parvient, me ramène à la réalité. Je tourne la tête vers mon amie, et reste quelques secondes à la contempler. Si j'étais elle, connaissant son caractère, je ne tiendrais même pas sur mon siège. Elle aggripe les accoudoirs avec une telle force qu'ils semblent près de se briser à tout moment. Je me force alors à regarder l'écran, ce même écran qui diffuse la cause de son bonheur, mais :
1) comme je ne suis pas depuis le début, je ne comprends rien
2) je ne peux m'empêcher de trouver ça horriblement ennuyant et banal, malgré tous mes efforts.
Même si je ne la connais pas, je sais déjà de quelle manière l'histoire va se terminer : le héros du film obtiendra enfin sa fin heureuse, et le générique nous emplira les oreilles de sa musique trop joyeuse tandis que la lumière se rallumera dans la salle.
Mais pas question de gâcher le plaisir de Shay, alors je scrute ma montre, regardant patiemment les secondes défiler, et pour passer le temps, j'essaye de faire le bilan de l'année qui vient de s'écouler.
Est-ce que j'ai progressé, comme dit le psychologue de Maman ? J'ai refusé d'en consulter un, malgré toutes ses insistances. Pas question. Personne ne peut comprendre, encore moins quelqu'un qui n'a pas vécu quelque chose s'approchant un minimum de mon histoire. Et ce n'est pas en me répétant, à l'infini, que ça va bien aller, que ce n'est qu'une mauvaise période de ma vie, que tout obstacle est surmontable et que je vais vite oublier, soit le tas de conneries le plus énorme du monde, que quiconque va réussir à m'aider. Non, moi, ce que je veux, c'est qu'on me dise des choses sombres, qu'on me fasse plonger dans un monde noir de secrets et de souffrance autre que le mien. Comme ça, mon attention sera détournée, et mon calvaire stoppé pour un instant. Mais malheureusement, le job des psys, c'est d'être optimistes. Donc, malheureusement, leur job ne me convient pas.
Une main me secoue l'épaule.
Je sais que c'est Shay, alors je repousse mon dégoût tout au fond de mon esprit, et je reviens dans le monde réel.
- Saa, c'est fini. Je sais que tu n'étais pas concentrée, mais tu n'as pas remarqué que les lumières s'étaient rallumées ?
C'est ça aussi qui me fait l'adorer. Jamais une once de reproche dans sa voix. Toujours gentille, attentionnée, compréhensive. Comme Maman, mais en différent, parce qu'elle ne le connaît, parce qu'elle ne l'a jamais approché, parce que son âme n'a jamais été marquée au fer rouge de l'empreinte abominable de mon père, ce salaud.
- Désolée, je crois bien que j'étais ailleurs.
Elle balaye mes excuses d'un revers de main. Pour elle, je m'excuse trop souvent, et ce n'est pas bien. Ca signifie que je me sens inférieure, que je n'ai pas confiance en moi, et c'est un défaut à corriger. Moi, je trouve ça criminel de ne pas s'excuser quand on fait quelque chose de mal. Et je fais tout le temps des choses mauvaises.
Nous descendons les marches sans parler. Nous n'avons pas besoin de parler pour nous comprendre.
Quand enfin l'air frais de cette fin d'après-midi me chatouille le visage, je soupire de soulagement. C'est ma mère qui nous a conduites ici, parce que la minuscule ville où nous allons au collège n'est pas assez grosse pour se payer le luxe d'un cinéma. Quand je lui ai demandé, elle m'a répondu que c'était tant mieux, parce qu'elle devait de toute manière s'y rendre pour des "affaires" importantes. Je n'ai pas posé de questions. Ce n'est pas dans ma nature de m'intéresser à ce qui ne me regarde pas de trop près... sauf avec Shay. C'est comme si à son contact, ma curiosité jusque là en sommeil s'éveillait soudainement.
Mon cerveau m'averti d'ailleurs qu'elle me parle. Je me concentre, mais... pffft, ses paroles m'échappent. J'entends les mots qu'elle prononce, mais ils n'ont aucun sens à l'intérieur, ils ne s'emboitent pas pour former une phrase. Peut-être parce que je ne les comprends plus, peut-être parce que, comme je les oublie sitôt qu'ils sont prononcés, je n'ai pas assez de temps pour tout reconstituer. J'ai juste assez de force pour annoner un faible :"Répète, s'il te plaît" avant que mes pensées volatiles ne me reprennent. Quelle horreur, une dizaine de fois en une seule journée, dont plus de la moitié en pleins cours. C'est de plus en plus fréquent, et ça m'inquiète. Est-ce que j'ai une maladie ? Quelque chose qui m'empêche de me concentrer, de me focaliser sur l'extérieur ? Une tumeur ?
Non, non! Je ne dois pas penser aux tumeurs, je dois penser à Shay. C'est justement ça, mon problème. Au début j'essaye de lutter, mais rapidement, je suis tellement submergée que je préfère dévier sur un autre sujet. J'oublie tout simplement que je suis en plein dans une conversation ou en train de faire un devoir. Après ce qui me paraît une éternité, le flux commence enfin un peu à s'apaiser. A vrai dire, je ne sais jamais vraiment comment ça se termine. C'est juste qu'à chaque fois vient le moment où je recouvre enfin assez ma volonté pour dire stop et vaincre les égarements de mon cerveau.
- Ca y est, tu es revenue, soupire Shay.
Je lui adresse un pauvre sourire. Sur ça non plus, nous n'avons jamais eu de conversation sérieuse, mais je la soupçonne de savoir parfaitement ce qui se passe à l'intérieur de ma tête, lors de mes moments "ailleurs".
- Ca fait quand même pas mal de fois depuis ce matin.
Elle a ajouté la dernière phrase d'une voix basse, encore plus basse que d'habitude. Mais grâce à elle, mon ouïe est beaucoup plus développée, et je perçois ses mots tandis que nous marchons sur le trottoir. Maman doit passer nous prendre à l'arrière du cinéma, et comme aujourd'hui, c'est vendredi, nous n'allons plus nous voir pendant deux jours.
Mon cerveau me hurle "Alerte rouge, alerte rouge!!" quand j'entends Shay, et je réfléchis le plus vite possible pour déjouer cette attaque, cette violation de mon intimité, sans la vexer.
Totalement à court d'idées, je me contente de hausser les épaules, priant, priant pour ça marche... mais c'est sans conter sur l'indécrottable curiosité de mon amie.
- Sahara... me menace-t-elle.
Aïe! Quand elle utilise mon prénom entier et pas seulement mon surnom, c'est qu'elle n'est pas prête de lâcher l'affaire. Autant capituler tout de suite.
- Ouais, une dizaine. Mais c'est rien. C'est juste aujourd'hui... ça fait un an et...
Je bafouille mon excuse hâtivement, ce qui me fait penser à ce fameux jour où je suis venue lui parler pour la première fois. Jusqu'au 22 octobre 1992, elle était une inconnue, "la fille", celle qui me fixait de ses beaux yeux, celle qui paraissait tout aussi isolée que moi. Depuis, j'ai appris qu'elle venait de déménager à cette époque là, et surtout, je suis beaucoup plus à l'aise avec elle.
C'est normal, c'est son but! me susurre une petite voix sournoise dans ma tête, mon amie bien aimée la Paranoïa. Elle te manipule pour que tu lui fasses confiance, jusqu'à ce que tu lui livres tous tes secrets. Et ensuite, c'est elle qui te trahira.
Non! Je me prends la tête à deux mains. Je dois briser ce cycle infernal. Je ne peux plus continuer comme ça. Et le mieux pour Shaylon, c'est aussi qu'elle s'éloigne de moi. Le mieux, c'est que je brise notre relation, toxique pour elle. Mais c'est trop dur. Elle est mon dernier point d'ancrage dans la réalité, mon dernier secours. Je réalise soudain que, même si ça s'est passé différemment que dans mes rêves, même si c'est dur, long et compliqué, ma mère a bien tenu sa promesse : elle m'a offert un nouveau départ, mais ce nouveau départ, ce n'est pas le collège, c'est juste Shaylon, Shaylon et toutes ces choses que nous partageons, comme toutes celles qui nous différencient.
C'est pour son bien que je fais ça.
La voix dans ma tête jubile.
C'est pour son bien.
Je dois arrêter de penser à moi et uniquement à moi.
- Tu sais...
Ma voix s'étrangle. Je sens les larmes poindrent. Des larmes! Ca faisait tellement longtemps qu'elles n'étaient pas venues me piquoter les yeux, faire déborder mes paupières. Je me mords les joues jusqu'au sang pour m'empêcher de m'écrouler par terre. Qui aurait cru que je m'attacherais autant à elle ? Pas possible, je dois rester forte. Forte pour elle, elle qui m'a fait rire et sourire pour la première fois de ma vie, elle qui, en ce moment même, me donne envie de pleurer pour la première fois depuis de longues années.
Reste forte.
Reste forte.
Reste forte.
- Shaylon, je crois qu'il faut qu'on arrête ça tout de suite. Tu ne sais pas qui je suis, comme je ne sais rien de toi. Et cette amitié ne m'apporte rien. Je pense qu'à toi non plus.
Ces mots sont sûrement les plus durs que j'ai jamais eu à prononcer de ma vie. Des coups, j'en ai reçus, des choses immondes, j'en ai subies, et même plus que de raison. Mais ça, ça, jamais je ne l'ai vécu, et c'est pour ça que la souffrance qui grandit en moi m'est, pour une fois, totalement... inconnue. Je ne prends pas de grande inspiration, comme dans les livres. Je m'arrête simplement, me tourne vers elle, lui bloquant le passage. A présent, nous sommes toutes les deux plantées devant le passage piéton, immobile, face à face.
Je la regarde dans les yeux, et c'est l'acte le plus difficile qu'il m'ait été donné de faire, parce que je dois prendre soin de ne pas trahir mes sentiments sur mon visage.
- Shaylon, il faut que tu comprennes que si je suis venue aujourd'hui avec toi, c'est dans l'unique but de t'annoncer que je ne veux plus te fréquenter. Tu fais pire que ne rien m'apporter : tu me fais du mal. Je ne peux pas te l'expliquer. C'est juste que... ça ne marchera jamais entre nous. Au début, je croyais pouvoir nous sauver, mais ça, c'était au début. Les premiers jours. De mon côté, ça s'est vite dégradé. J'ai essayé, vraiment, de nous donner notre chance, mais je n'ai pas réussi, et maintenant, c'est terminé.
Comment est-ce que je fais pour ne pas pleurer ? Ce que je suis en train de dire est horrible. Tout mon être se révolte. Ma précieuse Shay! En une seconde, ma décision était prise, et voilà que je vois, dans ses yeux, la dernière chose que j'aurais jamais aimé voir un jour : des larmes. Exactement comme dans les miens. Et pire encore : des larmes à cause de moi.
Mon coeur se déchire en deux, il se brise sur le sol. Ce coeur dont je croyais qu'il n'existait plus, mais voilà, tout le problème, c'est que cette fille extraordinaire l'a fait battre à nouveau. Avec elle, je me suis senti revivre, renaître... Et, pour reprendre mes propres mots, maintenant, c'est terminé. C'est trop tard, même si je voulais revenir en arrière. Trop tard. Commme il est trop tard pour oublier. Je sais que cet instant restera à jamais gravé dans ma mémoire. Celui où sa confiance en moi s'est écroulée. Celui où elle a cru que je pensais vraiment mes mots quand je lui ai dit toutes ces horreurs sur elle, moi, nous!
- Ce n'est...
Elle ne trouve pas ses mots.
- Si, c'est la vérité. Ce n'est pas une mauvaise blague. Ma mère va te ramener chez toi. Et ensuite, nous arrêterons toute cette mascarade, tous ces mensonges, toute cette fausse amitié.
Et je pivote sur mes talons, parce que si je reste une seconde de plus en face d'elle, je sens que je ne vais plus pouvoir me retenir. Comme j'aimerais revenir sur mes paroles! Mais c'est terminé, j'ai fait ce qui était le mieux, ce qu'il fallait faire. L'une de nous deux se devait de prendre cette décision. Elle était la seule à croire en moi, tout simplement parce qu'elle était la seule à me connaître assez bien pour le pouvoir.
Elle était. Elle ne l'est plus.
J'ai tout cassé.
Tout ça, c'était juste un rêve, un beau rêve, qui vient de prendre fin.
Just a dream (Chanson) - Artiste Inconnu
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