L'amertume du passé

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Il y a tant de choses à énoncer, pourtant ta bouche reste close.Tu attends patiemment que l'heure tourne et que bougent les choses. Mais le temps s'égraine et les larmes perlent au bord tes paupières. La vie est un éternel sentiment de solitude, les épreuves sont rudes pour continuer d'avancer. Ton visage pâle n'affiche plus aucun sourire. Depuis que tu es au collège tu ne cesses de souffrir. L'école est une véritable potence, les élèves sont détestables tu n'as qu'un seul échappatoire qui est d'écrire. Écrire comment la vie te blesse, écrire tes cris de douleurs, tu hurles sans bruit. Pourtant tu essayes de partager ton secret, les mots hachurés par les sanglots, et je te vois, souffrante face à moi. Tu mords ta lèvre pour retenir tes larmes, et je comprends bien. Je l'ai vécu aussi ma fille. Mais c'est un secret que je ne te partage pas car il est lourd à porter. Tu as été plus courageuse que moi de m'en parler. Ces soucis à l'école on va les régler. Mais tu n'as pas attendu. Tu étais déjà décidée à partir et je n'ai pas pu te sauver.
Quatre longues années se sont écoulées depuis ta perte. Nous avons eu une fille, tu as une petite sœur d'un an. Ta chambre n'a pas bougé je fais la poussière régulièrement, je m'y installe pour t'écrire. C'est comme si tu étais toujours auprès de moi lorsque je suis dans cette pièce. J'aime cet air apaisant, l'odeur du tilleul en face de ta fenêtre, le chant des oiseaux qui brise le bruit du silence pesant. Cet univers qui t'appartenait semblait être mis en pause. Jusqu'au jour où j'ai trouvé ton journal, celui que je t'avais offert. Je ne savais pas que tu l'avais encore. Ton père ne voulait pas que je l'ouvre, il disait qu'il contenait tes secrets et que nous ne devrions jamais y jeter un œil. Mais ma curiosité était trop grande, j'ai péché et j'espère que tu me pardonnes, j'avais besoin de savoir ce que tu ressentais pour en être arrivée là. Lorsque j'ai touché au cadenas du journal j'ai ressenti comme une pression visuelle, alors je suis allée dans ma chambre pour découvrir ce que te faisaient subir tes camarades de classe. Je fus interrompu par ton père et ce soir là on eut une violente dispute. Il disait qu'il était temps que je fasse mon deuil, que je passe à autre chose puis il en est venu aux mains pour m'arracher le journal. Il était très sensible à la promesse que nous t'avions faite, et je l'ai tout de même ouvert car le besoin de savoir ce qu'il y avait à l'intérieur me rongeait. Les premières pages du carnet étaient raturées avec écrits des banalités, tes amours de collégienne. Et puis après quelques pages mon cœur s'est brisé.

« cher journal, aujourd'hui fût une journée difficile. Le sang et les larmes coulent tous les soirs depuis quelques jours. A l'école ça ne se passe pas très bien. Mes amis passent leur temps a m'humilier, ils me frappent, me touchent la poitrine et les fesses, me déshabillent dans la cour. Il s'amuse à me faire tomber, ils me frappent même en classe et je n'ose rien dire. Je ne supporte plus cette vie là, ce sont mes amis alors je ne dis rien par peur de me retrouver seule ou bien que ce soit pire après. Ma vie est une succession d'échecs je me sens si seule, comme si j'étais dans un cauchemars éternel dont je ne pourrai jamais me réveiller. Je ne peux pas en parler à papa et maman ils seraient trop inquiets, mais j'aimerai ne plus avoir à subir mon existence. J'ai cette sensation de n'être qu'un corps dénué de vie qui tend la main vers l'espoir d'un monde meilleur, qui voit un lointain soleil aux flammes ardentes se noyant à petit feu, un monde dans lequel la lune renaît après chaque jour. Mais l'espoir meurt. »

Ma fille, sache que tes écrits sont de précieux témoignages contre le harcèlement que tu subissais et que je peux porter plainte, mais il aurait fallu que tu sois encore parmi nous. Je te voyais riante mais tu cachais ta noirceur d'âme. Je te voyais heureuse mais tu cachais tes larmes. Si j'avais su que derrière ce sourire se cachait l'agonie, si j'avais su que ton corps dormant rêvait d'une nuit éternel, je ne t'aurais pas laisser ce soir là, seule dans ton lit. Lorsque j'ai vu ton corps pâle, t'es cheveux sur ton visage et tes lèvres bleues, tes bras mou et ta chaleur glacée, j'ai vu un passé douloureux et un futur que tu n'auras pas la chance d'avoir.

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